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kinfo 57
- ETE 2005
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Editorial
-
Éditorial : 2005 année du martin pêcheur
Lors du Festival Valvert les spectateurs ont dû
élire l’oiseau de l’année 2005. Cette élection a été
organisée à l'initiative de la Protection des Oiseaux (LRBPO) et de
Vogelbescherming Vlaanderen.
A Bruxelles, la présence du martin pêcheur comme
nicheur est signalée surtout dans la vallée de la Woluwe, depuis la
forêt de Soignes aux étangs du domaine du Silex, jusqu’aux limites
de la Région, en passant par le Rouge-Cloître à Auderghem et au
nord, dans le domaine royal de Laeken et au Poelbos (AVES – Atlas
des oiseaux nicheurs de Bruxelles).
Le Geleytsbeek, en bordure du Kauwberg pourrait
revoir le martin pêcheur à la condition d’être dépollué. A
certains endroits, le ruisseau est particulièrement encaissé et
présente des berges qui pourraient accueillir le logis de l’oiseau.
Il faut en effet savoir que notre bel oiseau à la livrée bleue niche
dans des cavités qu’il creuse dans les berges des ruisseaux.
Le martin pêcheur a aussi besoin de ruisseaux poissonneux pour
élever sa nombreuse progéniture de petits poissons.
A SOS Kauwberg, nous espérons que la
réhabilitation du Geleytsbeek, alias Molenbeek sud, soit mise en
œuvre au plus tôt comme le prévoient les recommandations du Plan
Régional de Développement (PRD). Le martin pêcheur pourrait y
nicher et pêcher dans les étangs et ruisseaux de la vallée. Le
ruisseau du Kinsenbeek à la sortie de la propriété Herdies
présente aussi des pentes pouvant intéresser le martin pêcheur.
A quand le grand retour de ce bel oiseau à Uccle ?
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Bois
de Verrewinkel (suite)
Suite à notre
rencontre avec Olivier strebelle, et aux articles publiés tant dans le
Kauwberg Info que dans la « Lettre aux habitants » de l’ACQU,
Bernard Jouret et Marc De Brouwer ont rencontré les « Amis du
Bois de Verrewinkel » qui ont demandé à SOS Kauwberg de pouvoir
faire valoir leur point de vue . Nous publions leurs réponses en trois
points ci-dessous.
1. Concerne
l'article paru dans "Kauwberg Info" n°56 pages 8 et
Le signataire
de cet article, Olivier STREBELLE, fait allusion aux "AMIS DU BOIS
DE VERREWINKEL", un groupe bien connu à UCCLE, avec notamment les
noms qui figurent au bas de la présente.
Le dit article
contient des erreurs qu'il y a lieu de relever. Nous citerons notamment:<
"on organise la rumeur"
"une campagne de dénigrement"
"qui sont ces apôtres surgis de nulle part ... ?"
"s'agit-il donc d'une manipulation au service d'un règlement de
compte personnel?"
Nous
n'organisons aucune espèce de rumeur, et pas d'avantage une campagne de
dénigrement. Depuis de nombreuses années, certains des membres de
notre comité s'intéressent de manière effective à la préservation
du site naturel du BOIS DE VERREWINKEL, site classé par arrêté du 19
juillet 1990 et de plus, placé maintenant sous la protection de la
législation européenne NATURA 2000 en tant que "zone spéciale de
conservation".
En effet, l'avis des experts est que ce site est une "zone à très
haute valeur biologique" et "qu'il conviendrait de s'opposer
à toute forme d'aménagement ou de gestion visant à transformer la
zone forestière en parc forestier où des loisirs seraient
présents".
Pas plus que
nous ne sommes des "apôtres surgis de nulle part", nous ne
sommes absolument pas animés d'appétits égoïstes. Nous partageons
l'opinion de M. STREBELLE au sujet de la gestion de ce bois jusqu'à
présent: "il faut d'abord le sauver d'un état d'abandon
résultant d'une gestion désastreuse" "le délabrement du
terrain de football et de son club incendié à proximité de l'ancienne
ferme DEMUNTER, croulante, située avenue de Percke, contribue à
l'aspect déprimant de ce lieu" et on peut se poser la question:
pour combien de temps encore?
En ce qui
concerne le BOIS, vestige forestier remarquable, qui faisait
anciennement partie de la Forêt de Soignes, situé près de la zone
boisée de la vallée du Linkebeek, nous estimons et ceci avec de
nombreux sympathisants, qu'il faut garder son caractère naturel.
Citons le professeur Martin TANGHE qui nous écrivait le 28 octobre
2004: "sachez que je souscris entièrement à la position des
"AMIS DU BOIS DE VERREWINKEL" face aux projets de la
commune".
Le 11 décembre, nous avons organisé une visite du BOIS, suite à
laquelle Madame SCHAAR d'Uccle, nous écrivait: "j'ai beaucoup
apprécié la beauté du site et suis reconnaissante à tous ceux qui
travaillent à la sauvegarde de l'état naturel de ce jolis bois".
Notre choix
pour le BOIS est clair et fondé.
Par contre, les projets de la commune et d'Olivier STREBELLE ont -
peut-être grâce à nous - beaucoup évolué: le projet de piste de
santé a été abandonné.
En mai 2001, Olivier STREBELLE déclarait à BRAVO UCCLE: "j'ai un
projet pour UCCLE auquel je tiens beaucoup. Je voudrais que ma maison,
construite par mon ami André JACQMAIN, devienne une fondation ou un
musée et qu'on la conserve telle quelle est aujourd'hui, et qu'à
côté, "on transforme le Bois de Verrewinkel en parc de
sculptures" (c'est nous qui soulignons).
Plus tard un projet fut présenté comportant six sculptures,
dispersées dans le bois. La phase la plus récente, à notre
connaissance, se réduit à quatre oeuvres, trois aux accès du bois, la
quatrième attenant à la propriété du sculpteur.
S'il est incontestable que Monsieur STREBELLE est un sculpteur ucclois
connu, (de renommée internationale) il n'est pas le seul.
Citons: Anne CANNEEL, Philippe DECELLE, Nat NEUJEAN, André WILLEQUET -
et le fait que sa propriété soit contiguë au Bois de Verrewinkel ne
justifie pas son appropriation - pas plus que le fait invoqué par lui
"qu'il le fréquente depuis plus de 50 ans".
Le BOIS DE
VERREWINKEL appartient maintenant à la commune d'Uccle et à tous ces
habitants.
Notre
pétition, a recueilli à ce jour plus de 800 signatures.
Lucien-Jacques
BAUCHER , André DE SCHUTTER, Georges LEWY, Nicolas MORTIER, Eric
OFFERMANN, Liliane STANER
2. Rencontre
avec les amis du Bois de Verrewinkel.
Cet article
fait suite au "Récit d'une rencontre avec Olivier Strebelle"
par M. Marc De Brouwer dans "Kauwberg Info" n°56 pages 10 et
11.
Il se fait que
l’acte d’achat du bois de Verrewinkel a été signé le 6 avril
dernier.
Cette
acquisition est liée à la passation d’une convention de gestion avec
l’Institut bruxellois pour la gestion de l’environnement
(IBGE) ; cette convention a été signée le 13 avril. Il est
prévu que l’ensemble des actes de gestion sera couvert par un
plan de gestion réalisé par l’Institut en collaboration avec la
Commune et la Commission Royale des Monuments et sites et cela dans un
délai d'un an.
Le Verrewinkel
est en réalité une « petite forêt de Soignes » et dès
lors, il s’agit d’une « zone forestière à très haute valeur
biologique ». La zone a été classée comme « zone
spéciale de conservation » dans le cadre du programme Natura
2000, ce qui s’ajoute à la protection découlant du classement comme
site naturel en vertu d’un arrêté de la Région Bruxelles-capitale
daté du 19 juillet 1990.
La commune d’Uccle
s’engage pour sa part à respecter
- l’ordonnance
du 4 mars 1993 relative à la Conservation du patrimoine immobilier
applicable en région bruxelloise
- la réglementation Natura 2000
- les arrêtés du Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale
relatifs à la conservation des habitats naturels ainsi que de la
faune et de la flore sauvages
- bien entendu toute la législation applicable en Région
Bruxelles-Capitale
- le Code forestier.
Il est prévu
qu’avant tout éventuel aménagement du Bois et avant introduction des
dossiers aux autorités compétentes, la commune demandera l’avis de l’Institut.
De son côté, l’Institut s’engage à demander l’avis de la
Commune avant tout éventuel aménagement et/ou placement de mobilier.
Nous prenons
acte de l’idée de M. Strebelle de localiser trois de ses statues
« aux trois entrées du Bois », une quatrième statue se
situant à proximité de la « Fondation Strebelle ». Ces
quatre statues encadreraient ainsi le bois de Verrewinkel – 13
hectares de forêt, notamment en hêtres centenaires – de manière à
« baliser l’accès à la Fondation ». On ne pourrait être
plus clair : il s’agit pour un sculpteur ucclois de s’approprier
le bois, qui a été acquis grâce à la générosité de nos
concitoyens, dans le cadre du budget communal. En réalité, les
sculptures de M. Strebelle pourraient trouver leur place ailleurs à
Uccle, à bien d’autres endroits.
Nous notons que
pour M. Strebelle « Les projets « parcours d’artiste/exposition
permanente » - qu’il réfute et vis-à-vis desquels il se
démarque – ont malheureusement été développés par le monde
politique ucclois (il est difficile d’attribuer la paternité de l’idée
d’exposition permanente à un mandataire particulier). » M.
Strebelle fait également allusion à « la mauvaise
communication (???) des édiles uccloises »… En réalité
les « édiles » n’ont pas pris position et nous sommes
convaincus que, plus tard, les autorités communales se rendront encore
mieux compte des qualités exceptionnelles du site du Bois de
Verrewinkel et voudront en assurer la sauvegarde intégrale.
A cet égard,
les « amis du Bois de Verrewinkel » ont toujours adopté une
position très claire : tout empiètement, tout aménagement, ne
peut que nuire à la qualité du site, d’autant plus que tout
aménagement peut être le prélude à d’autres aménagements ou
empiètements. On peut par exemple se demander si d’autres sculpteurs
ou d’autres artistes ne pourraient pas prétendre à une place dans le
Bois de Verrewinkel, ce qui serait incontestablement le début de la fin
pour le Verrewinkel en tant que site préservé.
Nous avons
toujours défendu ce point de vue : le Bois de Verrewinkel ne doit
pas devenir un parc forestier, mais rester un site naturel, accessible
bien entendu à tous, et en premier lieu à nos concitoyens. Nous nous
sommes expliqués à ce sujet dans un article repris par le journal
« Le Soir » (26 avril 2005, page 20) et nous fournirons tous
les commentaires appropriés dans notre site web, qui est actuellement
en voie de construction.
Rejoignez-nous.
L.J. Baucher A.
De Schutter G. Lewy E. Offermann L. Staner
3. Clôture du
bois de Verrewinkel.
Nous partageons
sans réserves les remarques formulées page 7 de "Kauwberg
Info" n° 56.
En réalité,
alors que nous étions dans le bois (tiens, M. Strebelle n’était pas
présent), où toute une équipe de l’IBGE procédait à un
recensement des arbres, nous avons montré cette clôture et la
conclusion a été que malheureusement, dans l’état actuel des
choses, aucune illégalité n’avait été commise.
C’est bien pourquoi il n’y avait pas lieu à une demande de permis d’urbanisme.
Bien entendu on souhaiterait, et nous agirons dans ce sens, qu’à l’avenir
les clôtures respectent certains critères. Nous avons également
signalé que le bois est violemment éclairé, à partir de telle
parcelle, ce qui est bien entendu contraire à l’esprit mais pas
encore à la lettre, de Natura 2000, qui requiert la protection de la
faune comme de la flore. Nous suivons de manière active la mise en
œuvre de Natura 2000 à Uccle dans les zones protégées, comme
notamment le Verrewinkel.
Les amis du
Bois de Verrewinkel
La clôture en
voie de solution suite à l’interpellation de SOS Kauwberg
Contactée par
courriel, Chantal de Laveleye, Échevine de l'Urbanisme, de
l'Environnement et de la Régie foncière, a répondu le 17 mars 2005 :
« Le
problème de la clôture en bordure du Bois de Verrewinkel est en bonne
voie de solution :
La Commune
devra effectuer un bornage du Bois dès que l'acte d'achat aura été
conclu. Ces travaux de bornage commenceront par la propriété
de celui qui a mis en place la clôture incriminée. Cela nous
permettra de vérifier la légalité du tracé de son implantation.
Le type de
clôture aménagée à l'arrière du côté Bois (et que tu qualifies
de "lourde" à juste titre !) n'est pas conforme aux
prescriptions du PPAS. Nous allons donc verbaliser.
Après
verbalisation, le propriétaire devra introduire une demande
de permis pour une clôture (qui ne pourra évidemment pas rester
similaire à la clôture existante). Dans l'instruction de cette
demande de permis, nous introduirons une condition permettant le
passage de la petite faune.
Il faut
maintenant patienter compte-tenu du temps nécessaire pour la poursuite
de ces procédures.
D'autre part, je
vais prévenir le propriétaire voisin qui vient d'aménager dans sa
maison (au bout du cul-de-sac n°8) qu'il doit attendre pour implanter
sa clôture et se conformer aux exigences du PPAS. »
Reste un autre problème que SOS
Kauwberg suit de près :
les eaux usées qui se déversent dans le bois.
A suivre... |
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Natura 2000 sera-t-il suffisant pour changer les
mentalités?
Cet article de Marc Fichers, paru dans
les cahiers du PAC en novembre 2004, avant la désignation officielle
des sites retenus pour former le réseau Natura 2000 fait référence à
la situation wallonne de l’époque. Ce texte est intéressant car il
émane du Secrétaire Général de Nature & Progrès Belgique, une
association regroupant producteurs et consommateurs d’aliments
biologiques. Son approche est intéressante car elle renforce et va bien
au-delà de celle des naturaliste. Elle nous invite à la réflexion sur
une problématique plus vaste, sociétale. N’hésitez pas à nous
faire part de vos réactions.
Entre 1980 et 2003, la Belgique a perdu vingt-trois
mille exploitations agricoles. Le mode de vie du citoyen moyen est
aujourd'hui totalement calqué sur le modèle urbain, même si beaucoup
d'entre nous aiment encore entretenir l'illusion de «vivre à la
campagne ».
La plupart des ménages ont deux voitures au moins,
télévisions, ordinateurs, GSM et une kyrielle d'appareils
électroménagers; on aspire à de belles vacances à l'autre bout du
monde et à apprendre les langues étrangères aux petits enfants pour
qu'ils puissent faire une belle carrière, plus tard, dans des
multinationales qui paient bien, on pulvérise de l'herbicide sous les
rosiers du jardin ou sur l'allée du garage, on trouve la nourriture
trop chère ... Ainsi va la vie. Mais la nature dans tout cela?
Un si charmant décor
La nature, on l'aime bien au printemps quand le
soleil luit dans les sous-bois, que les oiseaux chantent et que les
ruisseaux glougloutent. On l'aime aussi en été quand les paysans font
la moisson, puis que les vignerons fêtent la fin des vendanges. Le
citoyen moyen urbanisé est un brave, il a volontiers l'âme bucolique
...
Puis, quand s'annoncent les frimas, il monte dans sa
petite voiture et regagne la grande ville où les radiateurs sont
électriques et les supermarchés débordants de produits moins chers
que chez le concurrent, et d'eau en bouteille aussi, cela va de soi.
Ainsi va la vie.
L'urbanisation, l'agriculture chimique, la
surexploitation des forêts, la gestion irresponsable de l'eau et des
énergies, la prolifération des pesticides et des herbicides ont
provoqué la raréfaction des lieux dits «naturels», c'est-à-dire des
lieux où les espèces vivantes peuvent subsister sans trop de
contraintes, garantissant ainsi le maintien d'une grande biodiversité.
Bref. la conservation de ces sites naturels permet la sauvegarde d'une
flore et d'une faune variées. C'est l'évidence. Et si aujourd'hui.
l'Homme - du bout des lèvres! - consent à quelques sacrifices en vue
de ce maintien, c'est qu'il prend enfin la mesure des incommensurables
dégâts dont il est responsable. Comme un beau vêtement qu'il aurait
taché, froissé, rongé, lacéré, déchiré, maculé et dont, dans un
ultime soubresaut de sa conscience, il aurait décidé de conserver
quelques lambeaux dans de la naphtaline. Tel est au fond le projet de
Natura 2000.
Il n'y a pas si longtemps, les zones naturelles
étaient la norme. Personne ne s'en souciait: on traversait l'Europe en
pleine nature, redoutant plutôt de ne pas y trouver âme qui vive. S'il
est aujourd'hui plus que temps de réagir, c'est que la situation est
réellement catastrophique. De nombreuses espèces de plantes, d'animaux
terrestres et d'oiseaux se raréfient de manière inquiétante. Selon
certaines études, 30 à 50 % des espèces sont menacées de
disparition! Cette raréfaction est principalement due à la disparition
des zones d'habitat, des zones de nidification ... Mais à quoi est due
la disparition de ces zones? Personne n'aime, à vrai dire, s'interroger
sur la véritable cause du saccage; que le mode de vie qu'il a élu soit
directement la cause de ce tragique détricotage des zones naturelles,
notre citoyen urbanisé n'en a cure. Il se bornera à incriminer les
pouvoirs publics et il applaudira, bon prince, à l'énoncé de mesures
favorables aux populations de crapauds et de petits oiseaux. Car le
citoyen moyen urbanisé a toujours eu bon cœur.
L'Europe prend les choses en mains
Enfin consciente de la gravité du problème,
l'Europe a pris une directive qui va dans le sens de la conservation des
sites d'intérêt biologique. Elle oblige aujourd'hui les Etats membres
à définir un programme de sauvegarde des zones menacées. Chaque pays
a ainsi trié, évalué et soigneusement sélectionné une kyrielle de
sites présentant un attrait particulier. Ce travail est en voie
d'achèvement en Wallonie. Plus de trois cents sites Natura 2000 ont
été répertoriés; ils couvrent la totalité du territoire et
concernent tous les habitats sauvages envisageables, des zones humides,
marécages et cours d'eaux, aux bois et aux prairies. Les surfaces de
ces zones vont de quelques milliers de mètres carrés à quelques
dizaines d'hectares.
La sélection a été réalisée sur la base de
critères scientifiques précis: la présence d'un habitat intéressant
ou d'un site de nidification, du râle du genêt par exemple, ou encore
la présence de plantes menacées d'extinction. Ces zones ont été
découpées au scalpel; elles seront protégées et maintenues au
minimum dans leur état actuel. Activités agricoles et forestières
pourront continuer mais ne pourront pas mettre en péril la richesse
biologique du site.
L'esprit de la chose est simple: geler la situation
existante serait une grande réussite! Mais pour combien de temps?
«Tentons», nous dit-on, «de préserver ce qui reste de diversité
biologique dans l'Union européenne et essayons de restaurer ce qui peut
encore l'être». Donc, s'il existe, par exemple, une prairie de fauche
sur un site Natura 2000, l'agriculteur pourra continuer à l'exploiter
mais ne pourra en aucun cas la retourner pour y cultiver des céréales
ou la planter d'arbres. La flore et la faune présentes sur cette
prairie seront maintenues.
Pari principal: les sites Natura 2000 ne seront pas
isolés de toute activité humaine! Il ne s'agira, en aucun cas, de
réserves ou de musées en plein air, loin de là. L'Homme, cet
iconoclaste, y aura sa place! Il pourra y travailler, il pourra les
parcourir. Mais il ne pourra plus y faire n'importe quoi ... Transformer
ces sites en sanctuaires inviolables aura certainement été une grave
erreur et il est sans doute préférable que le citoyen moyen urbanisé
puisse les visiter, qu'ils continuent ainsi à faire partie de son
milieu de vie. La pédagogie est à ce prix et la sauvegarde de la
biodiversité reste l'affaire de tous.
Les limites d'une loi
Le décret Natura 2000 traduit certainement une prise
de conscience importante, mais dans une frange de la population
seulement. Qu'il ne soit plus possible de faire tout et n'importe quoi
au détriment de la nature, que détruire la nature c'est aussi
détruire l'Homme sont des constats qui s'imposent de plus en plus
gravement. Mais comment faire partager ces préoccupations, et la grande
diversité des conséquences qu'elles induisent, à notre citoyen moyen
urbanisé? Le législateur, lui, ne peut utiliser que ses moyens
habituels: promulguer une loi, un décret, qui soit acceptable par une
large frange des populations concernées. On ne peut agir que sur des
aspects particuliers du réel là où un mode de vie, de consommation
devrait être transformé de fond en comble.
L'existence même d'un tel décret suppose toutefois
qu'un large changement de mentalité est aujourd'hui indispensable de la
part des personnes actives directement ou indirectement dans le milieu
naturel. Car la vie naturelle est faite d'équilibres extrêmement
complexes et le temps semble révolu où seul l'intérêt, le plus
souvent économique, de l'intervenant devait être pris en compte. Le
décret Natura 2000 impose qu'à certains endroits, les nécessités du
milieu naturel soient désormais prépondérante par rapport aux
préoccupations économiques, sociales ou culturelles.
Mais la grande nouveauté, le grand défi - nous
l'avons dit - est que ces préoccupations ne sont pas exclues pour
autant. Natura 2000 démontrera peut-être qu'il est possible de
concilier une certaine forme de rentabilité avec le maintien des
richesses naturelles; l'activité humaine y est donc la bienvenue si
elle est conforme à l'esprit du développement durable. Cet objectif
n'a rien d'une utopie: sur les terres dévolues à l'agriculture, la bio
prouve depuis assez longtemps qu'une alternative crédible est possible!
Certes les zones Natura 2000 sont souvent des milieux fragilisés, peu
propices à la production. Elles sont en général de peu d'intérêt
agricole; la bio y aurait néanmoins toute sa place.
Les trois quart des sites Natura 2000 wallons sont
forestiers. L'idée fait son chemin, dans ces milieux, qu'il est plus
intéressant de travailler avec la nature (régénération naturelle,
espèces en station ... ) que contre elle (drainage, amendements,
plantations mono-spécifiques plus sensibles ... ). L'opposition à
Natura 2000 y est pourtant vivace: les propriétaires décrient ce
décret tombé du ciel dans lequel ils voient une véritable ingérence
et dont ils comprennent mal les motivations. Car le premier travail est
bien d'expliquer en quoi consiste la richesse des lieux: le forestier
est alors surpris de découvrir des orchidées sous ses arbres, le
fermier s'étonne que la mare pourrie qu'il comptait remblayer abrite le
triton crêté ou que la prairie qu'il croyait insignifiante soit
couverte de bruyères ... Autre facteur d'incompréhension: les
désignations qui se font sur des critères européens. Ainsi. une chose
qui semble fréquente en Wallonie (les rivières à chabots, par
exemple) peut être très rare au niveau de l'Europe. Enfin, le
classement a parfois lieu en fonction d'un habitat théorique qu'il
serait possible de restaurer. Un propriétaire comprendra donc mal que
son carré d'épicéas ait été classé comme hêtraie à luzules!
Quoi qu'il en soit. tout cela a le grand mérite de
mettre toutes les personnes concernées autour de la table. Le temps
passant et les précisions arrivant. Les craintes les plus folles
s'atténuent et certains se retrouvent même tout fiers d'héberger une
plante ou un animal rare. D'autres souhaiteraient même voir leurs
terrains repris dans le décret pour éviter, par exemple, qu'une
autoroute passe près de chez eux ...
Impliquer le grand public
Un fois résolus les problèmes d'information sur le
terrain, une fois forcée la prise de conscience par les acteurs locaux
du rôle essentiel de la nature, il restera à convaincre le grand
public de l'immense intérêt de Natura 2000. Sous bien des aspects,
l'impérieuse nécessité de «protéger la nature» paraît toujours
étrange aux yeux du simple citoyen. La nature, à ses yeux, est
toujours un principe supérieur, désincarné, qui a toujours «agi» en
dehors de toute volonté humaine; c'est contre cette-nature-là, cruelle
et souveraine, que l'Homme a toujours lutté afin de pouvoir simplement
survivre. Il l'a amadouée, lentement, à force d'ingéniosité et de
rigueur intellectuelle, découvrant tour à tour le feu, l'agriculture,
la roue ... Cette lente prise de pouvoir de l'Homme a imposé son nom:
le progrès! Et l'Homme croit aujourd'hui encore, que son relatif
bien-être, que sa richesse plus ou moins mal partagée, n'est possible
qu'avec la mise sous tutelle de cette nature implacable qui a tant
tracassé les anciens. L'Homme doit pouvoir contenir les éléments,
manger des produits de la terre toujours plus nombreux, et vaquer enfin
à diverses activités culturelles et économiques au sein desquelles
les lois de la nature ne peuvent être que des intruses.
Or la nature se rappellerait aujourd'hui à son bon
souvenir; l'Homme découvrirait tout-à-coup que son bien-être
dépendrait d'elle également. Nature et progrès seraient appelés à
cohabiter en définissant des équilibres nouveaux auquel l'Homme
devrait se soumettre, coûte que coûte, s'il veut continuer à vivre.
C'est le sens même de l'émergence d'une pensée écologique souvent
décrite comme le constat d'un abus de pouvoir de l'Homme sur la nature,
voire d'un abus de progrès ...
Certes les forces vives qui ont forgé Natura 2000
n'ont pas tenu explicitement pareil raisonnement; elles sont parties du
constat objectif de la raréfaction des formes de vie sur Terre, un peu
comme s'il s'agissait d'un patrimoine de l'Homme. Aujourd'hui, l'Homme
est partout; il n'y a plus le moindre endroit sur la planète bleue qui
soit indemne de sa trace. La nature virginale n'est plus qu'une vue
l'esprit; le mythe du pionnier et du colon intrépide a vécu. On ne
peut plus guère le vendre qu'au conducteur de 4x4 ...
Toutefois, la protection de la nature, fruit de ses
angoisses et de sa mauvaise conscience, ré-institue l' Homme comme
acteur souverain, comme demi-Dieu, comme démiurge, comme sauveur
providentiel des coins de nature qu'il n'a pas encore pu saccager. Quel
curieux paradoxe!
La relation entre l' Homme et la nature peut-elle vraiment se penser en
ces termes?
Selon la formule consacrée, tôt au tard la nature
ne reprendra-t-elle pas ses droits?
Bref n'est-il pas temps de réexaminer fondamentalement quelle place
l'Homme doit occuper au milieu d'une nature dont il n'est jamais qu'un
simple élément?
L'humanité est-elle réellement capable d'une telle humilité? Natura
2000 nous emmène-t-il sur cette voie? L'avenir nous l'apprendra.
Eviter l'alibi écologique
On ne sait que trop, par exemple, combien les
industriels aiment s'acheter une conduite en mettant ce qu'il faut de
vert dans leur communication: toutes les voitures se veulent aujourd'hui
non polluantes, même les produits chimiques ont parfois l'outrecuidance
de se dire bio ... Politiquement, l'environnement est de bon ton. Dame!
On est tous dedans quoi qu'on fasse! Manier l'hypocrisie écologique
profite certainement au gros capital; cela sauvera peut-être même
quelques emplois dans le court terme.
Mais ne nous leurrons pas. La dégradation des sols, le déclin de la
biodiversité et la question climatique appellent de véritables
politiques écologiques et ces politiques risquent fort d'être
impopulaires, qu'elles soient l'œuvre des Verts, des Rouges ou des
Bleus. Mais les mesures cosmétiques et les stratégies de
communications alambiquées qui visent seulement à sauver la face ne
peuvent déjà plus rien pour notre environnement.
Ainsi aurait-on tort de présenter Natura 2000 comme
des Journées du Patrimoine Naturel où l'on sablerait le champagne, non
pas en présence de vénérables vieilles pierres prémunies contre les
outrages du temps, mais près d'un ruisseau alangui au fond d'un riant
vallon plein de martin-pêcheurs reconnaissants et de gélinottes en
émoi. Si nul ne conteste l'importance de valoriser le patrimoine, de
bâtir notre avenir en interrogeant notre passé, le travail pour la
sauvegarde du vivant est d'un tout autre ordre encore. Et si Natura 2000
est certainement un pas en avant qu'il faut saluer, il serait absolument
déplorable de donner au citoyen l'illusion que ce pas sera suffisant.
Le modèle doit impérativement faire tache d'huile, faute de quoi les
zones concernées se mueront immanquablement en zones alibis destinées
à flatter plus encore l'inconscience des consommateurs urbains moyens.
Bref, Natura 2000 fait aujourd'hui la part du travail
la plus facile en protégeant la nature dans ce qui lui reste de plus
charmant, de plus consensuel: les rivières, les bois, les petits
animaux, les jolis oiseaux ... En soi. c'est évidemment très bien.
Mais la terre elle-même, le citoyen citadin du XXle siècle ne
continue-t-il pas à y voir un minéral un peu dégoûtant qui lui colle
aux godasses. Prendra-t-il un jour conscience que le destin de
l'humanité se joue dans ce milieu grouillant de vie; 80 % de la
biomasse de la planète sont concentrés dans les trente premiers
centimètres du sol, et l'agriculture intensive s'obstine plus que
jamais à le ravager!
Bref. Natura 2000 ne doit pas cacher au citoyen l'urgence d'autres
questions beaucoup plus épineuses sur les plans économique et
politique qui mettront, tôt ou tard, en cause de très larges pans de
ce que nous appelons encore communément le progrès. Préserver la
glèbe hesbignonne et ardennaise, assainir l'air de nos maisons ou
préparer sereinement la fin du pétrole sont sans doute des défis
incommensurablement plus épineux.
Malgré tout, les sites Natura 2000 sont près de chez vous! Une simple
visite sur Internet vous convaincra sans peine que l'ensemble des
régions de Wallonie sont concernées par Natura 2000
(http://mrw.wallonie.be/dgrne/sibw/sites/natura2000/J . Il faut s'ôter
de la tête que les zones naturelles sont cantonnées dans les Ardennes
ou dans des zones réputées sauvages. Le site des sources de la
vallées du Geer, par exemple, est en plein cœur de la Hesbaye: c'est
une zone humide, plantée d'aulnes et de peupliers, faite de marécages
et de prairies humides. Elle se trouve à quelques centaines de mètres
d'une zone d'habitat dense et une route la traverse de part en part.
Chaque jour, des centaines de personnes la traversent sans se rendre
compte qu'elles côtoient ainsi des Gorges-bleues à miroir, des
Phragmites des joncs, des Martins-pêcheurs ou des Bondrées apivores
... Les alentours du site sont très peuplés et les voisins, s'ils
savaient, pourraient aisément réserver une zone de leur propriété
pour accueillir, eux aussi. insectes précieux et oiseaux menacés.
Répétons-le une fois encore: le grand pari de Natura 2000 sera de
faire prendre conscience aux particuliers, aux citoyens urbains moyens
que nous sommes tous devenus, que la protection de l'environnement est
vraiment l'affaire de tous! Et que l'heure est grave ...
Pourtant, les solutions sont connues depuis belle
lurette: cultiver son jardin en bio, par exemple, est déjà un moyen
très simple de participer à la protection de la biodiversité. C'est
le simple citoyen qui sera le principal acteur d'un grand remaillage
écologique au travers de l'Europe, de zones diversifiées et
protégées. Quant aux pouvoirs publics, ils doivent être les
catalyseurs du mouvement; ils doivent plus que jamais être en
cohérence avec cet effort capital pour sa survie que va devoir produire
le citoyen: il est donc urgent de sortir un maximum de lambeaux de
terrain, plus ou moins préservé, des griffes des investisseurs, il est
grand temps de réduire drastiquement l'usage des pesticides et des
insecticides, il est impératif de limiter l'intensification de
l'agriculture, il est essentiel de produire moins de déchets ...
La nature est un tout. Prélever des îlots en
sacrifiant le reste ne serait qu'un pis-aller. Le citoyen urbain moyen
doit aujourd'hui prendre conscience que sa survie en dépend; c'est
délibérément qu'il doit respecter la nature, par choix personnel.
Mais la nature pourra-t-elle encore attendre le temps nécessaire à un
tel changement de mentalités? |
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Echos de la promenade ornithologique du 24 avril
Une troupe d’une dizaine de promeneurs était au
rendez-vous devant le cimetière
Ludovic Petre, notre guide du jour, nous a fait faire un tour du
Kauwberg tout en ouie.
Nous avons été accueilli dès l’entrée sur le chemin d’usage par
un rouge-gorge et son joli chant , un troglodyte (dites trrrroglodyte
pour mémoriser son chant puissant, inversement proportionnel à sa
petite taille, marqué d’une trille finale), d’un pouillot véloce
(tchif-tchaff), de mésanges charbonnières (au chant en 2 temps faisant
penser à une alarme). C’était déjà beaucoup à la fois pour les
débutants n’ayant pas l’oreille musicale, mais ce sont quatre
chants de types bien distincts, deux mélodieux, sifflés et deux
simples se limitant à quelques notes répétées en alternance.
Un peu plus loin c’est la petite chaînette de l’accenteur
mouchet qui se fit entendre. Cet oiseau est un habitué des jardins où
on le confond souvent avec un moineau. Il mange au sol tout en agitant
souvent la queue de gauche à droite. Ce qui lui a valu le nom de
balayeur en italien.
Les petites mésanges bleues se sont alors manifestées de leur chant
assez court.
Dans la clairière bordant la prairie de nombreux
oiseaux fréquentent les arbres et les ronciers. Nous y avons installé
nos lunettes pour observer en gros plan fauvette à tête noire et
pouillot pendant que deux grives musiciennes faisaient des aller-retour
d’un coin de la clairière à l’autre.
Nous avons bien sûr vu et entendu les perruches à collier, pies et
corneilles ainsi que les pigeons ramiers. Ceux-ci sont plus nombreux en
hiver car à nos ramiers indigènes s’ajoutent quelques hivernants
venant de pays nordiques passer l’hiver chez nous. Lorsque vint le
chant du merle il fallut réviser : ce chant sifflé est-il du
rouge-gorge, du merle ou de la fauvette ?
Après la sortie de la prairie, nous avons fait un
petit détour pour cobserver l’activité des abeilles autour des
ruches. Depuis les potagers nous avons écouté le chant discret de la
mésange nonnette, entendu le chant des verdiers et, bonne surprise, une
hirondelle de cheminée de passage suivait la vallée de Saint-Job en
direction de Calevoet. Puisse-t-elle revenir à Uccle…
Vers 10 h remontant vers la carrière, la chaleur
printanière se faisait sentir et les courants ascendants générés par
ce beau soleil nous ont permis d’assister à l’ascension d’une
buse variable juste au dessus du Kauwberg avant qu’elle ne parte en
chasse.
En fin de promenade, à proximité de l’avenue de la
Chênaie, trois papillons d’espèces différentes, aurore et piéride
de la rave se faisaient chasser par des tircis territoriaux voulant garder les orties rien que pour leur ponte. Les belles
urticantes devaient être bien appétissantes car il y avait presque une
coccinelle par plant venue pondre là où les pucerons annonçaient les
repas de leurs larves.
Nous reparlerons des coccinelles dans un prochain
Kauwberg info car depuis deux ans on assiste à un développement de
coccinelles asiatiques au détriment des coccinelles indigènes, comme
la coccinelle à sept points sur la photo ci-contre.
Rendez-vous fut donné pour une nouvelle sortie
ornithologique le 22 mai au chemin des Pêcheurs, à l’entrée du
Broek, dans le cadre de la Nature en Fête organisée par Natagora. |
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Nouvelles du Broek
Le travail de gestion de la fin d’hiver
avait pour but de rendre les mares les plus accueillantes possibles pour
les batraciens. La grande mare traversée d’un ruisseau avait besoin d’un
sérieux nettoyage. Elle était envahie de plantes, principalement de
renoncules des marais, et d’une sorte de chiendent aquatique . En 2004
l’abondance de végétation a détourné les batraciens de ce lieu de
ponte potentiel. Notre action a été d’arracher une grande partie de
ces végétaux envahissants afin de rendre la mare à nouveau
hospitalière pour les batraciens.
La mare proche du chemin a accueilli de nombreuses
pontes de grenouilles rousses.Le mâle reste juché sur le dos de la
femelle pour assurer la fécondation des œufs au fur et à mesure de
leur ponte
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Courrier
des lecteurs
Un lecteur nous a transmis le texte suivant qui pourra
être débattu lors de la conférence du 15 juin. (voir agenda) Ce texte
n’émane pas de la rédaction, nous vous le présentons avec les
réserves d’usage.
Le Roundup ne s'en prend pas qu'aux plantes
Le désherbant aurait des effets nocifs sur des cellules pancréatiques
et la synthèse des hormones sexuelles. La firme Monsanto conteste.
La réputation du Roundup surfaite ? L'innocuité
de l'herbicide le plus utilisé dans le monde, tant par les agriculteurs
que les particuliers, serait à revoir. Selon une étude publiée à la
fin du mois de février dans la revue Environ Health Perspect, le
produit commercialisé par la firme Monsanto aurait des effets toxiques,
même à des doses très diluées. Problème : nombre de plantes
génétiquement modifiées ont été conçues pour être traitées avec
le glyphosate, le principe actif du Roundup. Et forcément, il est de
plus en plus utilisé. Sa toxicité, elle, pourrait « peut-être »
expliquer « des avortements et naissances prématurées aux États-Unis
en milieu agricole », avancent les scientifiques.
Pour son étude, l'équipe de Gilles-Éric
Séralini, de l'université de Caen, a utilisé des cellules
pancréatiques humaines. « La toxicité a été constatée à des doses
cent à mille fois plus faibles que celles utilisées par les
agriculteurs », explique le scientifique, par ailleurs membre de
l'association CRII-GEN (Comité de recherche et d'information
indépendantes sur le génie génétique) qui milite pour un contrôle
accru des OGM. Des doses diluées dix mille fois, auxquelles l'herbicide
n'a plus d'effet, sont sans conséquences pour ces cellules... mais
perturbent la synthèse des hormones sexuelles ! « Cela permet de
classer cet herbicide dans les perturbateurs endocriniens potentiels »,
affirment, dans leur étude, les scientifiques de Caen. Enfin, le
Roundup est « deux à six fois » plus actif que le glyphosate seul. «
Or l'homologation du produit se fait à partir du principe actif seul,
regrette Gilles-Éric Séralini. Le mélange contient des détergents
qui permettent au glyphosate de pénétrer et de s'installer dans les
cellules », précise-t-il.
Une précédente étude menée par le CNRS sur des
oeufs d'oursin avait conduit aux mêmes conclusions. Il en faut
toutefois davantage pour désarçonner Monsanto. La firme conteste et
affirme, dans un communiqué, qu'« un effet observé en laboratoire ne
permet pas de conclure à un risque pour l'homme ».
Les responsables de Monsanto arguent que leur produit reçoit
régulièrement « la reconduction de son homologation depuis trente ans
». Ce à quoi Gilles-Éric Séralini répond qu'« une connaissance ou
un seuil de toxicité n'est jamais acquis pour toujours ».
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