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kinfo 51 HIVER

Table des matières
(en minuscule les titres dont le contenu n'est pas repris sur ces pages)

Éditorial : la mémoire du plateau Engeland

Camille : du Kauwberg au plateau Engeland

Historique du plateau Engeland 

Mémoire d'un ancien du quartier

Souvenirs d’Engeland

Ballade au Engeland

Le vrai nom de la ZVHB : Het Tetteken Elst

Agenda du Kauwberg : voir actualités

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Editorial - la mémoire du plateau Engeland 

Voisin du Kauwberg, le plateau Engeland sera l’objet d’une nouvelle enquête publique, début 2004. Celle-ci tiendrait compte des considérants que nous avons publiés dans le Kauwberg Info 50 de cet automne. Le nombre de logements serait réduit à environ 300

Mais est-ce suffisant ?

Le plateau Engeland ne mériterait-il pas d’être mieux protégé ?

A SOS Kauwberg, nous pensons que ce coin méconnu d’Uccle doit être préservé de la voracité de la promotion immobilière. Le PRD II a défini la haute valeur biologique du plateau mais d’obscurs équilibrages ont abouti à ce qu’une partie seulement de ces zones à haute valeur biologique du plateau a été mise en zone verte par le PRAS. D’aucuns n’hésitent pas à penser que le PRAS a été élaboré sur mesure pour permettre le lotissement du plateau Engeland.

D’autant que le plateau Engeland était méconnu de la population alors que, tout comme le Kauwberg, il fait partie de notre patrimoine ucclois.
Il a longtemps été oublié des promoteurs, coincé entre le cimetière,
l’institut Pasteur (ancien Haras Brugmann) et le chemin de fer.

Pour pallier cette méconnaissance, nous vous proposons dans cet épais
numéro du Kauwberg Info de débroussailler la mémoire de cet espace semi-naturel, la mémoire de la vie dans ce coin d’Uccle, il n’y a pas si longtemps, avant la bruxellisation... Nous faisons ainsi une large place aux habitants du quartier et aussi à des anciens dont les souvenirs ont été ravivés par la promenade guidée organisée par le Cercle d’Histoire d’Uccle à laquelle nous avons collaboré pour les aspects nature.

Le plateau Engeland doit être protégé,              parce qu’il le vaut bien …

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Camille : du Kauwberg au plateau Engeland

camille au marcheb.jpg (82555 octets)Camille Van Vlierberghe est connu de nombreux ucclois et amoureux de la nature.

D’abord parce qu’il vous propose d’acheter fleurs, plantes et légumes à repiquer dans votre potager tous les lundi au marché de Saint-Job (sur la photo ci-conte fin décembre 2003). Après avoir passé la matinée au marché, Camille repart à pied, comme il a l’habitude de circuler dans Uccle pour se rendre vers le cimetière où il va rendre une visite à ceux qu’il a aimé.

Il n’y a pas loin du cimetière aux prairies du Kauwberg, c’est ainsi qu’on retrouve Camille au Kauwberg pour abreuver les vaches qu’un fermier de halle vient y faire paître à la bonne saison. Chaque jour, de mai à octobre ou novembre, selon la précocité de l’hiver, Camille se rend au Kauwberg pour remplir les baignoires et autres grands bacs qui servaient d’abreuvoir aux vaches. L’eau provient du robinet extérieur de Lucien Rétif, voisin de la prairie des vaches

Enfin parce que Camille a, gamin, habité une petite ferme au plateau Engeland jusqu’en 1942. Cette ferme était occupé par ses parents qui avaient eux-même repris l’exploitation et les bâtiments de leurs parents. Ils louaient alors la ferme au propriétaire terrien du plateau, le Baron Brugmann dont le Haras se trouvaient plus haut (il existe toujours et est devenu la ferme qui se trouve derrière les deux immeubles de l’Institut Pasteur).

fermette de camille vanvlierberghe.gif (93958 octets)La ferme est visible sur la photo ci-contre qui date de 1913. En 1942, lorsque la famille Van Vlierberghe dut quitter les lieux ceux-ci n’avaient guère changés. Le dessus du plateau était couvert de champs de blés cultivés par le paysan du coin les « passant » (coin supérieur droit de la photo), le cimetière d’Uccle n’avait pas encore été construit et le relief n’avait pas encore été modifié par les terrassements effectués à cette occasion (son futur emplacement occupe la gauche de la photo où la petite pointe dans la ligne des frondaisons pourrait correspondre au séquoia du parc de la Sauvagère.

Dans les années 30 des granges ont été construites de l’autre côté pratiquement en face de la fermette et n’apparaissent pas sur cette photo de 1913.

Les fermettes construites sur le plateau n’avaient pas d’étage, les chambres étaient directement sous le toit, sans fenêtre.

Peu de temps après leur départ la ferme a été abandonnée, puis aurait été occupée quelque temps par « Jeanne » qui est partie de là pour aller ouvrir une ferme dans le bas de l’avenue Dolez, juste avant la rue de Percke. Cette ferme aussi en ruine aujourd’hui jouxte le bois de Verrewinkel et le terrain de football.

plat engeland 27 oct 0007b.jpg (36329 octets)promcerclhistplatengeland12b.jpg (39614 octets)La maison s’est alors dégradée peu à peu. Certains matériaux (dont des briques, tuiles, poutres et planchers) ont sans doute été récupérés par des voisins, ce qui explique que le trou de la cave soit pratiquement intact.

Les ruines de cette ferme sont toujours visibles et nous les avons montrées lors de la visite du Cercle d’Histoire d’Uccle et les avons photographiées lors de promenades.

 

Historique du plateau Engeland.

Le plateau Engeland a fait couler pas mal d’encre dans les actualités récentes. Remontons quelque peu le temps pour connaître le passé de ceux qui habitaient jadis sur ces terres convoitées aujourd’hui par les promoteurs immobiliers.

Uccle est née du sein même de la forêt, de l’antique forêt charbonnière qui couvrait la Gaule. Au XVe siècle, celle-ci approchait encore les rives de la Senne.

Le territoire d’Uccle, sous l’ancien régime, est constitué du village ducal d’Uccle, des seigneuries de Carloo et de Stalle et d’une partie de la forêt ducale de Soignes. Sur la carte d’Everaert de 1750(1), nous situons ces différentes zones et remarquons que le plateau Engeland fait partie de la Seigneurie de Carloo. Le site est encore tout à fait boisé et la forêt ducale de Soignes forme une excroissance sur la carte qui vient s’intercaler dans le territoire ucclois. Cette limite épouse plus ou moins le vallon du Kinsenbeek qui longe le cimetière de Verrewinkel au nord du plateau Engeland. La carte de Ferraris de 1770 (2) reproduit également cette limite de la forêt de Soignes. Les bornes de la forêt de Soignes ont une importance particulière pour Uccle puisqu’elles constituent une limite juridictionnelle et fiscale entre le domaine de Carloo et le domaine ducal.

En 1794, le régime français va transformer radicalement nos institutions. L’organisation administrative et judiciaire va s’appuyer sur les principes révolutionnaires de la souveraineté du peuple, la liberté et l’égalité des citoyens. En dépit de leurs droits féodaux les deux seigneuries de Carloo et de Stalle cessent d’exister pour former une entité communale avec le village d’Uccle. La nouvelle administration repose sur le système électoral et est confiée à un corps municipal et à un maire. C’est le système qui est encore en place actuellement.

La forêt de Soignes est devenue domaine de l’Etat et le plan de Demortier de 1812 (3) n’englobe encore aucune partie de la forêt de Soignes dans le territoire communal. La situation va changer en 1822, lorsqu’en vue de son défrichement, la forêt devint la propriété de la Sté Générale des Pays-Bas. Cette société se voit dotée par Guillaume 1er de biens domaniaux pour constituer son capital. Moyennant le paiement au roi de 500.000 florins par an, la Sté Générale acquiert la libre disposition de la forêt. Celle-ci qui contenait 10.000 ha en 1822 , n’en comptait plus que 4386 ha vingt ans plus tard. Les terres avaient été vendues et converties en terre agricole.

engelandpuits plan poppe.gif (132301 octets)Sur le plan de Vandermalen (1830-1837)(4), la forêt est incorporée à la commune d’Uccle qui s’agrandit de tout le territoire situé à l’ouest de la chée de Waterloo et sis entre le Vert Chasseur et la petite Espinette.

Au début du XIXe siècle, le défrichement s’intensifie, les habitations qui au début se groupaient dans les vallées autour du manoir vont s’étendre le long des voies de communication et donner naissance à des hameaux.

Sur le plateau, entre le vallon du Geleytsbeek et du Linkebeek se trouve le hameau du Engeland. Ce mot viendrait de engel (moyen néerlandais) signifiant prairie. Presque tous les bois qui bordaient le chemin vers Verrewinkel (rue Engeland) ont été dérodés entre 1810 et 1837, une vingtaine de fermettes furent construites.

Quant au hameau de Verrewinkel ( verre= loin, winkel= coin), il est encore entouré des bois de la forêt de Soignes dont on retrouve la trace au bois de Verrewinkel.

La construction de la chaussée de Saint Job est entreprise entre 1850 et 1867; en 1867 on commence à paver la rue Engeland. Entre 1870 et 1914, la population d’Uccle s’accroît fortement, les habitants des faubourgs de Bruxelles ville viennent se fixer à Uccle.

En 1872 fut construite l’avenue Dolez, pour désenclaver le hameau de Verrewinkel fort mal relié au centre de la commune.

De 1925 à 1929 fut construite la ligne de chemin de fer Halle-Schaerbeek qui coupe le territoire de la commune d’est en ouest et isolera la partie sud d’Uccle par cette frontière. La rue Engeland est alors coupée et depuis son tracé a subi une déviation pour passer sous le pont du chemin de fer, la rue décrit ainsi une boucle pour remonter par une pente assez raide et rejoindre son alignement. Il en va de même pour le chemin du Puits qui est aussi coupé par le chemin de fer et forme une boucle pour passer sous le pont.

Au XIXe siècle, Uccle était un village de petites exploitations agricoles. La plupart des fermes importantes continuent à être exploitées (Ferme St-Éloi, Hof te Homborch..) Le sud de la vallée du Geleytsbeek constitue une zone agricole jusqu’au XXe siècle. Les très petites exploitations sont nombreuses et on en trouve encore la trace rue Engeland où il restait encore deux petites exploitations de quelques vaches dans la première moitié de ce siècle. Sur le plateau les cultures de céréales et de pommes de terre côtoient les pâturages. Des vergers sont implantés sur les coteaux exposés ainsi que des potagers. Les vergers sont plantés notamment du cerisier de Schaerbeek qui servait à la confection de la Kriek, une bière bien bruxelloise. Les habitants récoltaient les cerises et les vendaient aux brasseurs locaux. C’est pourquoi dans les environs on retrouve la cerise dans le patronyme de Kriekenput, rue des bigarreaux, square des Merises, qui font référence à ce temps où les pentes des coteaux au printemps s’illuminaient de la blancheur des cerisiers en fleur.

Les terres du plateau appartenaient à la famille Brugmann, et étaient louées à de très petits exploitants. Sur l’emplacement de l’Institut Pasteur se trouvait le haras Brugmann avec tous ses prés alentours où paissaient les chevaux. Quelques vieilles chaumières étaient encore habitées au début de ce siècle et on peut encore observer les traces de ces trois ou quatre bâtisses sur le plateau Engeland. On peut encore y distinguer quelques murs et caves effondrés et une végétation particulière qui poussent sur ces emplacements, les restes des vergers qui entouraient la maison, cerisier de Schaerbeek, pommiers ou poiriers redevenus sauvages ou pruniers. Une haie de charmes très ancienne et remarquable qui devait délimiter la propriété et était taillée en cépée d’où le « charme » particulier de ces charmes aux troncs tordus qui hébergent aujourd’hui les cabanes des enfants.

Comme l’urbanisation a été plus tardive aux confins sud de la commune, le paysage a conservé cet air rural et bucolique sur de grandes étendues comme le Kauwberg ou le plateau Engeland. Ces terrains jadis cultivés ou pâturés sont restés en friche pendant une trentaine d’années et sont devenus aujourd’hui ces superbes espaces semi-naturels où la nature a repris ses droits, paradis pour la faune et la flore locales. De tels espaces se font rares, en effet partout la terre est exploitée, rentabilisée, les champs, les prés, les bois, tout porte la main de l’homme, rares sont les sites où les espèces peuvent proliférer à leur guise.

C’est pourquoi ces paisibles espaces privilégiés, qui plus est en milieu urbain, nous avons le devoir de les protéger, d’en maintenir la biodiversité pour les transmettre aux générations futures.

Pour le comité Engeland/Puits
Thérèse Verteneuil

Sources :

fermette plateau engeland 1977b.gif (173897 octets)photo 3 plateau engeland 1913bDD.gif (153567 octets)-Une commune de l’agglomération bruxelloise. Uccle
Tome I Géographie, Histoire du moyen âge et des temps modernes.
ULB Institut Solvay 1958

-Tome II Géographie Humaine , Histoire contemporaine, enquête sociographique, étude socio-biométrique. ULB 1962

-Evolution territoriale d’Uccle. Esquisse historique, folklorique et archéologique. Par Henri Crokaert. Ed. Commune d’Uccle avril 1958.

photo 1 plateau engeland 1913bDD.gif (186517 octets)photo 2 plateau engeland 1913bDD.gif (191796 octets)Carte d’Everaert de 1750

carte de Ferraris 1770

plan de Demotier 1812 1816

plan de Vandermalen 1830 1837

Photo de la dernière chaumière du plateau Engeland (vers 1975)

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Mémoires d’un ancien du quartier Engeland

homme au engeland 1929b.jpg (157776 octets)L’autre jour j’ai découvert dans le tiroir aux souvenirs une photo jaunie de mon père tenant par la bride ses deux chevaux de trait. La scène se passait en 1929 sur le plateau du Engeland, au temps où le plateau était couvert de champs et de prairies.

Mes parents ont tenu une épicerie boucherie au numéro 436 de la rue Engeland et j’ai repris ce commerce jusqu’en 1972. Je suis devenu l’ancien de ce quartier que j’ai arpenté en culottes courtes.

Jadis le coin était champêtre, c’était la campagne ! Deux petites fermes dont la ferme Berghmans nous procurait le lait , le beurre et les œufs et quelques vaches paissaient sur les prés du plateau.

Toutefois on y buvait plus de bière que de lait car la rue ne comportait pas moins de six cafés.
Comme dans tous les coins de Bruxelles, avant l’aire de la télévision, les cafés étaient un rendez-vous convivial pour les habitants qui s’y rencontraient devant un lambic une gueuze ou une kriek.

Un des habitants avait un cochon apprivoisé qui accompagnait son maître au café. Il buvait dans le seau qui recueillait les fonds de verres. On pouvait voir alors les deux compères rentrer au bercail en zigzaguant le long de la rue Engeland.

Du côté pair de la rue Engeland, juste avant les maisons de Cobralo, il y avait un café et un jeu de boules ou de palets dans le jardin. C’est pourquoi l’arrière de la maison présente encore un bâtiment en longueur dans le jardin. Le dernier café qui a subsisté, chez " Wakergom ", se trouvait juste avant le pont au carrefour.

Les habitants du quartier pouvaient s’approvisionner dans deux épiceries et une cordonnerie occupait le numéro 367.

Entre la rue Engeland et le chemin du Puits, une bande de terrain fut réquisitionnée pendant la guerre en 1939 pour y construire un poste militaire antiaérien. Un baraquement a longtemps occupé les lieux ainsi qu’un bunker qui n’ont jamais été utilisés par la défense antiaérienne. Après la guerre ce terrain faisait le bonheur des clubs sportifs, notamment un club de basket féminin dont mon épouse faisait partie encore en 1950. Ensuite ce terrain fut vendu par l’Etat à des particuliers qui construisirent leur maison au début des années 1950.

Trois chaumières qui n’avaient aucun confort, ni eau, ni électricité, étaient bâties sur le plateau. Les familles Vanderstock, Bergmans et Hemerijckx y cultivaient quelques arpents de terre et vivaient modestement de la culture de leur potager et des fruits de leur verger. On peut encore aujourd’hui trouver les traces des fondations de ces maisons et des quelques arbres fruitiers redevenus sauvages qui entouraient la propriété.

Les maisons de la rue Engeland avaient de longs jardins qui se prolongeaient sur la butte vers le Homborch où furent construits les immeubles de Cobralo. Ces jardins regorgeaient au printemps des fleurs de leurs vergers, surtout des cerisiers. Les habitants vendaient les cerises de Schaerbeek à la brasserie Van Haelen qui fabriquait une kriek réputée.

Souvenirs de J.J.,un ancien du Engeland
transmis par le Comité Engeland/Puits

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Souvenirs d’Engeland 

Ceci n'est évidemment pas l'historique d'un site campagnard qui, lors de notre arrivée en 1969, avait déjà bien entamé son urbanisation: les maisons récentes de la rue Engeland (très ancien chemin pavé au 19e siècle!) et les premières constructions de l'avenue de l'Hélianthe, puis celles, plus récentes, du chemin du Puits, notamment, montrent l'ampleur de ce processus de transformation. Celle qu'on nous promet, nous inquiète et nous mobilise achèvera l'urbanisation de notre "plateau", en nous privant d'un espace qui ne fut pas toujours boisé.

Une carte du 18e siècle montre que le lieu-dit Engeland était déjà habité à l'époque, et en 1969, l'espace aujourd'hui dévolu aux promoteurs abritait encore deux masures habitées: l'une en face de chez nous (à l'angle du chemin du Puits et de la rue Engeland), occupée par une délicieuse vieille dame d'origine espagnole, que tout le monde appelait "Mamita", et à qui son fils rendait régulièrement visite, l'autre en retrait du chemin du Puits, au bout d'un sentier, à peu près face au numéro 75 ou 77.

fermette 78 Van WellDDb.gif (73099 octets)Dans les semaines qui suivirent notre arrivée ici, le très vieux couple qui habitait cette dernière maisonnette fut sauvagement agressé par des voyous, qui furent heureusement arrêtés peu après. Par la fenêtre de la chambre on pouvait voir des draps tachés de sang ... Les malheureux furent hospitalisés, on ne les revit plus et la maison fut rasée. Aucune trace n'en resta visible, alors qu'ailleurs on peut encore, actuellement, découvrir quelques pans de murs et des caves engloutis dans les arbustes, les ronces et les broussailles, dernières traces d'une époque (pas si lointaine) où l'on s'éclairait à la chandelle, puisait son eau dans son puits, mangeait les légumes et fruits de son lopin de terre, les œufs de ses poules, buvait le lait de sa brebis.

fermette b 78 Van WellDDb.gif (80336 octets)Cette campagne n'avait donc, au début des années septante, pas du tout sa physionomie actuelle. Le chemin du Puits était d'un côté bordé de genêts, de l'autre (du côté aujourd'hui construit) de terrains à l'abandon, d'un petit bunker militaire (il s'agissait apparemment d'un poste de guet datant d'avant la Seconde Guerre), d'un vaste hangar. Les arbres étaient rares (de petites zones, plus touffues, abritaient de vieux fruitiers, notamment des pruniers), le site était surtout fait de prairies et de landes, où mon épouse put d'ailleurs monter à cheval, là où maintenant les bouleaux occupent naturellement un sol jadis plus ou moins cultivé ou pâturé. La vue portait loin vers le nord, au delà de la ligne de chemin de fer que ne masquait alors aucun arbre. Au sud, c'est-à-dire sur la partie haute de cette propriété, un "autochtone" de la rue Engeland cultivait des pommes de terre en face de sa ferme (aménagée depuis en deux habitations) où il nourrissait un (ou des) cochon. La patate ne rendant sans doute plus, lui et ses fils se reconvertirent dans le transport routier, accumulèrent les camions (je ne sais plus comment ils se débrouillaient pour les garer) qui manœuvraient jour et nuit, au point de nous rendre la vie impossible. La roue tourna, cet homme, sa famille et ses camions vidèrent un jour les lieux, un calme relatif revint. Une autre entreprise de transports s'installa en face de la précédente, mais plus discrète. Elle aussi alla rapidement se fixer et prospérer ailleurs.

Au début de notre vie ici, nous n'allions que peu nous promener "en face". Les lieux étaient peu fréquentés, et un vieil habitant du quartier (il s'appelait Jef, vivait seul dans un taudis et n'était peut-être pas très heureux de l'arrivée de ses nouveaux voisins) se prétendait investi de la mission de les surveiller et de nous en interdire l'accès. Ce ne fut cependant pas Jef qui freina nos promenades, mais un maniaque (resté inconnu) qui, un jour, se mit à déposer un peu partout des boulettes de viande empoisonnée. Notre jeune cocker en fut victime, et, plus tard, notre épagneul breton en réchappa de peu.

Très vite après notre arrivée, coup de tonnerre dans ce quartier encore si calme: une grosse entreprise annonce son intention de construire dans les praires proches de la ligne SNCB un usine de construction de poteaux en béton avec raccordement au chemin de fer! Branle-bas de combat dans le quartier, constitution d'un comité, appel à un avocat, réunions houleuses: le projet fit long feu.

Quelques années plus tard, la BBL (devenue entre temps propriétaire des lieux) annonce son intention d'y construire son centre de calcul, une agence-pilote pour la formation et l'entraînement de son personnel et un cercle sportif qui serait accessible aux habitants du quartier... histoire de les amadouer et de prévenir toute tentative de révolte! Je ne me rappelle plus si nous dûmes beaucoup guerroyer contre ce projet finalement assez vite abandonné au profit du Cours Saint-Michel, à Etterbeek, où cette banque finit par s'implanter. Soulagement général, les riverains s'enfoncèrent dans la douce croyance que désormais ces espaces, officiellement non affectés, étaient sauvés pour l'éternité. Funeste endormissement dont, bien plus tard, le feu vert du PRAS aux promoteurs allait nous arracher.

Les lieux n'étaient pas pour autant à l'abri de menus avatars. Le terrain , aujourd'hui bâti, à l'angle du chemin du Puits et de la rue Engeland, abritait régulièrement de vieilles roulottes de forains et du matériel divers. Leurs propriétaires, des ferrailleurs plus ou moins nomades apparentés à l'occupante d'une maisonnette vétuste plus bas dans la rue, hantaient régulièrement les lieux, installaient leurs caravanes le long du chemin du Puits (qui était alors accessible aux voitures sur tout son parcours), allaient dans le bois dépiauter de vieilles carcasses. Il valait mieux les éviter, ne surtout pas leur faire de remarques sur l'état des lieux après leur départ. La police connaissait bien ce "clan" de sinistre réputation, coutumier de règlements de compte. Il n'y a pas si longtemps qu'un soir des coups de feu claquèrent au départ d'une voiture contre un baraquement de bois situé en arrière de la maisonnette susdite, des balles sifflèrent aux oreilles des occupants. Plus tard le baraquement devait complètement brûler, tout le monde s'en souvient encore…

Une nuit, un crépitement sinistre nous réveilla. Des lueurs dansaient en face de chez nous à travers le feuillage des arbres. Un autre riverain, plus vite éveillé, avait déjà alerté les pompiers. A leur arrivée, une caravane achevait de se consumer. Il n'en restait rien. Le bois alentour avait miraculeusement été épargné. Aussi longtemps qu'il resta accessible aux voitures, on y découvrit tantôt un véhicule volé, tantôt des dépôts sauvages de fonds de grenier, des lots de vieux vêtements…Heureusement, ce coin assez perdu d'Uccle bénéficia progressivement d'un contrôle social de fait de la part de ses riverains.

Aujourd'hui, malgré le nombre sans cesse croissant de promeneurs (y compris les marcheurs de l'Adeps), les lieux restent assez propres, signe peut-être d'une conscience environnementale grandissante. Heureux effet aussi, sans doute, de la fermeture d'une partie du chemin du Puits à la circulation automobile.

Désertés depuis longtemps par leurs derniers occupants ou exploitants ("Mamita" étant décédée, sa masure fut ensuite occupée pendant peu de temps pas une famille très démunie et assez turbulente, puis rasée à son tour), les landes et boqueteaux se muèrent rapidement en bois de plus en plus touffus, "enrichis" par quelques plantations de résineux. Les promeneurs, souvent accompagnés de leurs chiens, commencèrent à se faire plus nombreux . Les lieux acquirent une certaine notoriété, des membres de la police montée d'Uccle, et le commissaire en chef soi-même, prirent l'habitude d'y venir aérer leurs chevaux. Sympathique et rassurant.

Un jour, en 1995, nous vîmes un détachement de gendarmes, avec chevaux et petits camions, descendre la rue... et réapparaître chemin du Puits d'où ils s'enfoncèrent dans le bois. Ma curiosité piquée au vif, je passai la laisse à mon chien, un magnifique et pacifique golden retriever prénommé Socrate, et partis à la recherche de "mes" gendarmes. Je les découvris dans la première petite clairière, leurs chevaux disposés en cercle comme dans un western. Ces jeunes gens préparaient leur barbecue dans une bonne humeur générale ... qui faillit se muer en une vilaine fâcherie quand Socrate, attiré par un irrésistible fumet, approcha son museau d'une côtelette et faillit l'engloutir. Je dus tirer fort sur la laisse et filai prudemment laissant cette joyeuse compagnie à ses manœuvres gastronomiques.

Souvenirs de Francis Wilquin transmis par le Comité Engeland/Puits

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Ballade au Engeland

engelandpuits PROMENADE sur carte 25000e 1999.jpg (146805 octets)cliquez sur la carte pour avoir une image imprimable

Départ : arrêt du bus 43 /Gazelle/ Engeland ;

Depuis l’arrêt du bus, remontons la rue Engeland pavée. La rue Engeland est une ancienne voie de communication qui était déjà mentionnée au recensement de 1846, elle traversait alors tout le sud d’Uccle, depuis le Wolvenberg (gare de Calevoet) jusqu’à la petite Espinette (chée de Waterloo).

En prenant vers la gauche par l’avenue de l’Hélianthe nous aboutissons au chemin du Puits (sentier vicinal n°54). En face de nous s’étend le site semi naturel reconnu à haute valeur biologique. Descendons le chemin du Puits vers la gauche et passons sous le pittoresque pont de chemin de fer de la ligne 26.

Tout de suite, sur votre droite, se trouve la zone humide protégée, une aulnaie marécageuse où passe le Kinsenbeek . Un ancien étang en voie d’être comblé y forme un marais.

Dans la descente du chemin du Puits, sur la droite, au bas d’un petit escalier de quelques marches, jaillit une source qui donna son nom au chemin. Son eau, aujourd’hui non potable, servait jadis à l’alimentation des riverains qui n’étaient pas reliés à l’eau de ville.

De l’autre côté du chemin du Puits s’étend la réserve naturelle du Kriekenput où l’IBGE aménage la promenade verte.

Revenons sur nos pas et retournons sous le pont du chemin de fer, nous pénétrons cette fois dans le bois devant nous. (A sur la carte)

Les chênes pédonculés se sont spontanément établis sur ces terres en friche depuis une trentaine d’années. Sur ces terres libres, les chênes qui aiment la lumière ont pu développer des branches basses et une couronne harmonieuse typique des végétaux qui n’ont pas été gênés dans leur croissance.

Le cerisier tardif à grappes a aussi proliféré car c’est une espèce envahissante.

En longeant sur la gauche le chemin de fer, on aboutit à un ravin où coule le Kinsenbeek ou Eyckenbosbeek. Un étang s’est formé en contrebas du cimetière de Verrewinkel qui occupe l’autre versant , il vient butter contre le talus du chemin de fer qui barre la route au ruisseau qui ne coule que par un étroit pertuis. L’étendue d’eau croît et décroît en fonction des pluies et présente un grand intérêt pour la faune locale.(B sur la carte)

Reprenons le sentier qui pénètre dans le bois sur la gauche, nous atteignons bientôt la limite de la propriété de l’Institut Pasteur. (C sur la carte) Devant nous s’étalent les champs de culture de céréales entrecoupés de haies boisées. L’alternance de clairières et de bosquets, de haies et de bois forment un paysage indispensable à la survie de l’avifaune et explique l’importance du nombre des oiseaux dans le sud de la commune d’Uccle. Ceux-ci trouvent dans ces paysages une nourriture variée faites de graines ou d’insectes et des bosquets de tous âges leur procurent abris et lieux de nidification.

Les zones que nous avons parcourues, font partie des sites proposés comme zones spéciales de conservation pour NATURA 2000 en application de la directive européenne « Habitat ». Ces sites ont été choisis par la Région de Bruxelles Capitale car ils servent « d’habitat » à des espèces menacées que chaque pays a le devoir de conserver et de protéger d’autant plus qu’ils sont rares en région bruxelloise densément peuplée.

Nous atteignons un bois de bouleaux mais d’autres espèces sont présentes comme l’érable, le sorbier, le noisetier, le cornouiller sanguin, le sureau…Nous sommes ici dans la partie constructible du site.

Au croisement des sentiers, reprenons vers la droite, nous longeons la dernière prairie du plateau et son cheval blanc.(D sur la carte) Trois charmes tricentenaires et de forme remarquable, aux troncs noueux et tordus, un érable sycomore et un châtaignier forment un alignement, vestige d’une haie ancienne d’arbres taillés en cépée qui longe le chemin vicinal n° 125. (E sur la carte)

En prenant sur la gauche, nous rejoignons bientôt le chemin du Puits que nous suivons sur la gauche pour aboutir à la rue Engeland. Redescendons cette charmante rue pavée qui présente encore des maisons anciennes typiques du vieil hameau du Engeland. Devant nous s’étend au loin la ville de Bruxelles.

Nous avons tous en mémoire l’été très chaud de l’année 2003. En revenant de la ville cet été, chacun d’entre nous aura pu constater la différence de température et la relative fraîcheur qui régnait en arrivant au Kinsendael où la végétation a été protégée ou bien dans les bois du plateau Engeland où l’on pouvait encore respirer alors qu’en ville il faisait étouffant.

Le site semi naturel que vous venez de parcourir est un élément de l’écosystème urbain, sa végétation réduit les effets de la pollution, absorbe le CO2, présente une surface importante d’évaporation et d’infiltration des eaux de ruissellement, il contribue à la ventilation de la ville et joue un rôle de tampon climatique.

Aidez-nous à le préserver !
Pour le comité Plateau Engeland/Puits Thérèse Verteneuil

 

Le vrai nom de la ZVHB : Het Tetteken Elst

Louis Vannieuwenborgh

Louis vannieuwenborgh TettekenElst1b.gif (148395 octets)Une récente promenade au plateau Engeland organisée par le Cercle d'Histoire et d'Archéologie d'Uccle nous fournit l'occasion d'évoquer le versant qui domine le cimetière de Verrewinkel.

La bordure nord du plateau Engeland se termine abruptement par un vallon encaissé au fond duquel, alimenté par des sources, un filet d'eau se faufile entre le plateau et le remblai du cimetière de Verrewinkel. Il butte en aval sur la voie ferrée qui barre le vallon. Une canalisation permet aux eaux de franchir cet obstacle et de rejoindre en aval le Groelstbeek.

Cette étroite et profonde coupure est défendue de l'approche humaine à la fois par la raideur de ses pentes, la présence du cimetière et l'envahissement d'une végétation qui s'y est spontanément développée depuis plus de 25 ans. Le vallon fait partie de la Zone Verte à Haute Valeur Biologique (ZVHB), appellation bien sévère pour l'un des rares coins de la nature préservée à Uccle.

Louis vannieuwenborgh TettekenElst2b.gif (143769 octets)Cet endroit sauvage était, il y a 50 ans à peine, ouvert et accessible. Près de la voie ferrée, une pièce d'eau bordée de roseaux attirait les dimanches d'été les habitants des hameaux proches : Verrewinkel, Broeck, Kriekenput. On s'y baignait! Le vallon était connu par les Ucclois, mais aussi – depuis l'avant-guerre – par les promeneurs venus de Bruxelles, sous le nom  : "Het Tetteken Elst".

Ce site apparaît sur certaines cartes du XVIIe siècle sous le toponyme 's Hertogen Elst (l'Aulnaie des Ducs). Il formait la limite extrême de la pointe la plus occidentale de la forêt de Soignes. Le toponyme signale donc à la fois ses propriétaires, les ducs de Brabant, et la nature du lieu, un endroit bas et humide où croissent des aulnes. 's Hertogen Elst s'est altéré au cours du temps pour aboutir à notre "Het Tetteken Elst". L'humour populaire l'affublait aussi de divers sobriquets : "Ukkel-Plage", "Broeck-Plage", "Moer-Plage" (Boue-Plage)... Ils consacraient autant son usage que son succès.

C'est avec nostalgie que les anciens Ucclois se souviennent de ce beau vallon – un des plus beaux coins d'Uccle – adossé au Kauwberg et longeant le désormais très convoité plateau Engeland.

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