K Info 55
Accueil Remonter K Info 35 K Info 36 K Info 37 K Info 38 K Info 39 K Info 40-41 K Info 42 K Info 43 K Info 44 K Info 45 K Info 46 K Info 47 K Info 48 K Info 49 K Info 50 K Info 51 K Info 52 K Info 53 K Info 54 K Info 55 K Info 56 K Info 57 K Info 58 K Info 59 K Info 60 K Info 61 K Info 62 K Info 63 K Info 64 K Info 65 K Info 66 K Info 67 K Info 68 K Info 69 K Info 70 à ce jour en PDF

 

kinfo 55 - HIVER 200

Abonnez-vous ! C'est votre soutien financier à l'action de bénévoles. 

Editorial -  

La Commission Européenne a officiellement désigné les zones belges faisant partie du réseau Natura 2000 le mercredi 8 décembre 2004 .

Près de 7000 sites naturels de la région atlantique et continentale de l’Europe ont été intégrés au réseau Natura 2000. Parmi ceux-ci 110 sont belges et 3 bruxellois. Toutes les zones bruxelloises proposées : le parc Roi Baudouin au nord, la forêt de Soignes et la vallée de la Wolluwe au sud-est, les zones uccloises au sud-ouest, dont le Kauwberg, une partie du plateau Engeland, le bois de Verrewinkel, etc. ont donc acquis un statut de protection de niveau européen.

Le journal Le Soir, relayant un communiqué de l’agence Belga, cite le nouveau commissaire à l'Environnement, Stavros Dimas : « Le réseau Natura 2000 est à présent le plus grand réseau cohérent de zones protégées au monde, et l'instrument le plus efficace de l'UE pour protéger sa faune et sa flore. »

L’article principal de ce Kauwberg Info est donc tout naturellement consacré au Réseau Natura 2000.

Retour en haut de cette page

Le Réseau Natura 2000


texte de la Conférence du Docteur J. Stenuit, le 20 novembre 2004

Depuis plusieurs décennies et surtout depuis les années 60, l'intensification des interventions de l’homme sur la nature entraîne une raréfaction ou la disparition des milieux naturels et des espèces végétales et animales sauvages ( diminution de la biodiversité écologique et de la biodiversité spécifique) : 5 à 15 % des espèces ont disparu depuis 50 ans; 30 à 50 % sont en forte réduction.

De récentes données européennes permettent un aperçu de la gravité de la situation actuelle : 50 % des 150 espèces de mammifères d'Europe seront menacées, de même que 30 % des 520 espèces d'oiseaux, 30 % des 180 espèces de reptiles, 30 % des 150 espèces de poissons ; sur 10 000 espèces de plantes en Europe, 30 % sont menacés et 27 % sont en voie de disparition.

Les populations de nombreuses espèces ne cessent de décroître, ce qui se traduit par une diminution de la biodiversité génétique.

En fait, la régression des espèces provient de la détérioration et du morcellement des habitats naturels où elles peuvent vivre et se reproduire, en parcelles de plus en plus petites et isolées. L’agence européenne de l'environnement a lancé le programme CORINE Land Cover sur 31 pays.

Des satellites observent les sols; on dresse des cartes. Entre 1990 et 2000, on voit la fragmentation accrue du paysage belge et d'autres pays européens. Le niveau de fragmentation le plus élevé concerne la Belgique, puis le Luxembourg et l'Allemagne.

La division des forêts, des marais, … provoque des extinctions d'espèces.

Le but du programme Natura 2000 est de préserver certaines espèces et les milieux naturels où elles trouvent refuge. Si certains sites doivent être restaurés, des fonds seront prévus.

L'objectif des directives européennes 79/409/CEE sur la protection des oiseaux et 92/43/CEE « Faune, Flore Habitats » est de préserver des espèces et de protéger les habitats via leur intégration dans le réseau écologique Natura 2000 de sites à gérer de manière adéquate.

Le choix des sites doit répondre à des critères scientifiques dictés par les directives. Il s'agit d'habitats particuliers, tels par exemple des tourbières, des pelouses calcaires, … ; d’espèces particulières, telles certaines chauves-souris, le triton crêté, la bouvière, la moule perlière,...

Le réseau comprend des Zones de protection spéciale (ZPS) et des zones spéciales de conservation (ZSC). Les ZPS sont destinées à la conservation des 187 espèces et sous-espèces d'oiseaux figurant à l'annexe I de la directive « Oiseaux » ainsi que des oiseaux migrateurs.

Les ZSC sont destinées à la conservation des 253 types d’habitats, des 200 espèces animales et des 434 espèces végétales répertoriées dans les annexes I et II de la directive « Habitats ».

Toutefois, la directive « faune, flore, habitats » reconnaît qu’une conservation efficace de la biodiversité ne pourra être obtenue par la seule mise en place du réseau Natura 2000.

C'est pourquoi, à l'article 12 de la directive, les Etats membres doivent s'engager à garantir la protection stricte sur leur territoire « d’espèces d'intérêt communautaire » ainsi que de leurs aires de repos et de reproduction. (cf Annexe IV).

L'annexe IV de la directive comprend notamment des espèces qui survivent dans de nombreuses régions rurales d'Europe telles que la loutre d'Europe. (la loutre figure déjà dans l'annexe II).

Et l'article 10 de la directive demande aux Etats membres la protection des éléments du paysage (haies, rives des cours d'eau, …) qui jouent le rôle de couloir écologique pour la faune et la flore sauvages (assurant la migration, la distribution géographique et l'échange génétique des espèces sauvages).

Parmi les sites Natura 2000, il n’y a pas que des milieux « naturels ». En Europe et principalement en Belgique, il s'agit souvent de milieux « semi-naturels » modifiés par l'activité humaine.

C'est ainsi qu'on trouve par exemple dans la liste des types d'habitats de l'annexe I de la directive : 17 types différents de prairies, tels les prés de fauche traditionnels. Cela suppose le maintien de certaines formes traditionnelles d'usage du sol.

Les programmes de gestion des sites Natura 2000 devront y pourvoir.

En Région wallonne, les 271 sites Natura 2000 représentent environ 220 000 ha, soit +/-13 % du territoire régional.

D'après le décret du 6 décembre 2001 relatif à la conservation des sites Natura 2000, … :

Pour le propriétaire ou l'occupant de terrains d'un site Natura 2000, sont prévus des avantages fiscaux (exonération du précompte immobilier et des droits de succession et mutation par décès) .

Des subventions sont accordées pour la gestion, sous la forme de forfaits à l’hectare (en respectant un contrat de gestion active adaptée au type de milieu) .

Le décret du 6/12/2001 prévoit que certaines subventions existantes pour la préservation des habitats naturels et des espèces seront majorés dans les sites Natura 2000. La conservation ou l'amélioration de l'intérêt biologique, de la biodiversité de certains sites demande la mise en oeuvre de techniques de gestion tels les fauches tardives, le pâturage extensif, …

Des mesures agri-environnementales spécifiques seront disponibles.

Chaque site sera suivi par une Commission de conservation. Il y en aura 8 pour l'ensemble de la région (correspondant aux 8 divisions de la Division Nature et Forêt).

Les scientifiques évalueront les objectifs fixés en retournant sur place pour l'évaluation.

Les plans de gestion sont prévues pour dix ans et établis par des bureaux d'experts.

Le contrat de gestion prévoit que 60 % (en terme de surface du sol) des propriétaires soient prêts à s'investir. Dans le cas contraire, la Région wallonne devra entreprendre elle-même la gestion ou la confier à une A.S.B.L.

Les sites Natura 2000 feront l'objet d'un arrêté de désignation. Ils bénéficieront d'un plan de gestion active. Les commissions de conservation doivent être nommées. Les contrats de gestion active devront être signés par les propriétaires, les locataires, les gestionnaires.

10 000 ha devraient être concernés en 2003.
100 000 ha devraient être concernés en 2004.
Et le solde devrait être clôturé pour 2008.

Cinq centres « Natura 2000 » ont été ouverts sur l'ensemble de territoire wallon. Leur mission est de contribuer à une meilleure intégration des acteurs locaux à la gestion des sites Natura 2000. (Rencontres-débats, séances d'information, visites des sites,…)

Il faut cependant rester vigilant !

Le site de la réserve naturelle de la Heyd des Gattes, ZSC Natura 2000, jouissant en fait de 7 statuts de protection (réserve naturelle, site classé du patrimoine majeur de la Wallonie, réserve biogénétique du Conseil de l'Europe,…) est menacé à nouveau d'être dynamité par un arrêté du bourgmestre d’Aywaille. Ce site est d'une très haute valeur biologique. Il recèle une espèce endémique qui n'existe nulle part ailleurs : la joubarbe d’Aywaille ; le faucon pèlerin y a niché ; nous y avons observé le hibou grand duc,...

En Région flamande, les sites « habitats » recouvrent quelque 163 000 ha, soit 61 sites correspondant à 10 % du territoire.

En région de Bruxelles capitale, trois ensembles de sites Natura 2000, totalisant une superficie de plus de 2300 ha (14 % de la région) ont été désignés comme « Zones Spéciales de Conservation ». Ils assureront la conservation de 4 espèces de chauves-souris, d'un insecte rare (la lucane cerf-volant) et d'un poisson rare (la bouvière) ainsi que la conservation de certains «Habitats» figurant à l'annexe I de la directive.

L'arrêté du Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale du 26 octobre 2000 (modifié par l'arrêté du 28 novembre 2002) relatif à la conservation des habitats naturels ainsi que de la faune et de la flore sauvages propose à la Commission européenne la liste des sites susceptibles d'être identifiés comme d'importance communautaire.

La Commission européenne vient de notifier l'acceptation des 3 ZSC proposées.

La ZSC I comprend la forêt de Soignes (1657 ha en Région bruxelloise) avec ses lisières, les domaines boisés avoisinants et la vallée de la Woluwe. Elle comprend le plateau de la Foresterie, le bois de la Cambre... au total 2040 ha. Elle assure le maintien de certains écosystèmes (surtout des hêtraies), de certaines espèces telles le lucane cerf-volant (talus des 3 Tilleuls, avec ses vieux chênes), de la bouvière (étang du Vallon « des Enfants Noyés », du Rouge-Cloître, de Boitsfort, du parc Tournay-Solvay, du parc de Woluwé ) et de 4 espèces de chauves-souris (Grand murin, Vespertillon des marais, Vespertillon à oreille échancrée, Barbastelle) .

Il s'agit en fait de lieux de repos, de nourriture, de reproduction et d’hibernation pour 14 espèces forestières et arboricoles de chauve-souris.

La ZSC II est constituée des zones boisées et ouvertes situées au sud de la Région bruxelloise, sur la commune d'Uccle : le Kauwberg (47,7 ha), la réserve régionale du Kinsendael (7,9 ha) – Kriekenput (5,4 ha) ainsi que le domaine Herdies (1,3 ha), le bois de Verrewinkel (19,1 ha), le bois (7,7 ha) et la vallée du Buysdelle (5,5 ha), le domaine de la Tour de Frein (8,2 ha), une partie du plateau Engeland (15,1 ha), le marais du Moensberg (73 a), le parc Fond’Roy (9,2 ha), les stations relais de la CIBE (5,8 ha), le site de la chapelle Hauwaert (3,5 ha), le parc de la Sauvagère (5,6 ha), le parc du Papenkasteel (2,3 ha), soit au total 217 ha.

Cette zone est riche en espèces, dont 11 espèces de chauves-souris, notamment deux espèces de l'annexe II de la directive « Habitats » : le Grand murin et la Barbastelle.

La ZSC III est un ensemble de zones boisées à flore vernale riche et de zones humides marécageuses de la vallée du Molenbeek dans le nord-ouest de la Région, avec le Laerbeekbos, le Poelbos, le bois de Dieleghem, les zones marécageuses de Jette et de Ganshoren, reliées par le parc Roi Baudouin. Au total 118 ha. C’est un complexe d'aires de nourrissage pour 12 espèces de chauves-souris, dont trois espèces « Habitats » : le Vespertillon des marais, le Grand murin et la Barbastelle.

Les écosystèmes (dont certains milieux repris dans l'annexe I de la directive « Habitats ») présents dans les ZSC de la Région bruxelloise :
la Mégaphorbiaie hydrophile
la Hêtraie
la Hêtraie calcicole
la Chênaie pédonculée ou chênaie-charmaie
la vieille chênaie acidophile à chêne pédonculé
la forêt alluviale à aulnes et frênes

Un programme LIFE-Nature (instrument financier pour l'environnement) pour l'aménagement de ces ZSC s’est réalisé de fin 1998 à fin 2002. Il s'agissait d'une coopération entre l’IBGE, l'IRSNB et les groupes de travail sur les chiroptères de « Réserves naturelles » et « Natuurreservaten ». L'objectif était d'éliminer les facteurs limitant les populations de chauves-souris et, d'autre part, de sensibiliser le public pour la conservation de ces animaux. Les facteurs limitant pour ces populations de chiroptères sont la disponibilité en gîtes de reproduction et d'hibernation ainsi que la qualité des terrains de chasse.

Un inventaire des arbres présentant des cavités a été réalisé. Le plan de gestion de la forêt Soignes en tient compte.

Des batteries de nichoirs ont été placés dans les ZSC. Des combles ont été aménagés comme gîtes de reproduction. Les greniers de deux maisons forestières ont été pourvus de chiroptières. Des glacières abandonnées ont été aménagées en gîtes d'hibernation. La gestion des zones de nourrissage (étangs) a été programmée.

Cependant, il existe malgré cela des menaces : la société CFE a introduit un recours au Conseil d'Etat contre la désignation du plateau de la Foresterie comme site Natura 2000 par la Région de Bruxelles-Capitale. Trois associations membres de l'Entente Nationale pour la Protection de la Nature : la Ligue des Amis de la Forêt Soignes, de Bruxelles-Nature et la Commission Ornithologique de Watermael-Boitsfort ont introduit une action en intervention volontaire au Conseil d'Etat en appui de la Région de Bruxelles-Capitale.

Vous connaissez la problématique du plateau Engeland, dont une partie est zone Natura 2000 (projet de lotissement aux abords) et celle du bois de Verrewinkel ( menace d’aménagements non compatibles). (Voir détails en fin de Kauwberg Info NDLR)

Le bois de la Cambre, qui fait partie de la ZSC I fait l'objet d'un plan de rénovation qui prévoit des bouleversements importants … mais il n'y a pas dans le dossier d'étude de la biodiversité des milieux, ni de la flore et de la faune. Ni aucune allusion au fait qu'il s'agit d'un site Natura 2000. Ce projet sera mis bientôt à l'enquête publique par la ville de Bruxelles.

La forêt de Soignes elle-même est menacée par un projet de l'administration des routes de la Région flamande, laquelle veut procéder à des travaux sur le Ring. Elle veut donner le statut d'autoroute au Ring Est. Les bureaux d'études chargés du projet proposent de grands travaux :
* suppression de plusieurs accès (Quatre-Bras, Notre-Dame de Bonne Odeur, av. Dubois vers Uccle et Rhode)
* création de nouveaux tunnels et de viaducs passant au-dessus des arbres à hauteur du Carrefour Léonard !

La forêt de Soignes est cependant site classé et site Natura 2000 dans les trois Régions.

En conclusion, nous accueillons avec satisfaction et espoir la création de réseau Natura 2000. Cependant, il faut rester vigilants et en cas d’atteinte ou de menaces sur un site Natura 2000, il faut se référer aux dispositions de l’article 6 (paragraphe 2) de la directive « Habitats » : « Les Etats membres prennent les mesures appropriées pour éviter, dans les zones spéciales de conservation, la détérioration des habitats naturels et des habitats d'espèces ainsi que les perturbations touchant les espèces pour lesquelles les zones ont été désignées, pour autant que ces perturbations soient susceptibles d'avoir un effet significatif eu égard aux objectifs de la présente directive. »

Le mouvement associatif devra alors intervenir.

Natura 2000 est un bon outil pour la défense de la nature,
mais nous devons le faire respecter et en faire usage.

Retour en haut de cette page

Le Plateau Engeland, un bassin d’orage naturel sous la loupe…

L’étude d’incidences pour circonstances exceptionnelles est en cours !

L’action des habitants, des comités de quartier Plateau Engeland et Engeland/Dolez, de l’ACQU et des groupements de défense de la nature( Bruxelles nature, SOS Kauwberg, LAK, Aves…) a permis d’obtenir l’accord du gouvernement bruxellois sortant sur l’élaboration d’une étude d’incidences. Le gouvernement a reconnu les circonstances exceptionnelles face au projet de lotissement « Engeland » et aux menaces qu’il fait peser sur les sites naturels voisins protégés. C’est une victoire pour la société civile, les autorités politiques ont finalement pris conscience de l’importance de la mobilisation citoyenne et le principe de précaution a prévalu.

 

Contrairement au rapport d’incidences qui est réalisé par l’auteur du projet de lotissement, l’étude d’incidences doit faire appel à un bureau d’étude indépendant « contrôlé » par le comité d’accompagnement. Des spécialistes sérieux, (hydrogéologue, docteur en sciences, botaniste) du bureau d’études « Atelier 50 », chargé de l’étude, sont venus spontanément informer les habitants et le comité de quartier du démarrage de leurs travaux.

L’étude hydrogéologique du sol, du sous-sol et des eaux de ruissellement est en cours d’élaboration. Depuis fin octobre 2004, des engins de sondage sont installés dans les bois du plateau Engeland.

En effet, le cahier des charges exige d’étudier l’influence du projet sur le régime des sources qui alimentent notamment la réserve du Kinsendael.

L’ensemble du Plateau Engeland est formé d’une épaisse couche de sable perméable qui joue un rôle d’éponge filtrante. Les eaux sont recueillies sur une couche d’argile imperméable où coule la nappe aquifère que l’on peut voir affleurer aux sources du chemin du Puits. La source du Puits qui est le point de convergence entre les eaux d’écoulement souterraines et de surface sera le point de débit de référence des mesures. Des variations saisonnières vont rentrer dans le bilan hydrique au moyen de données pluviométriques et « piézométriques » mesurées sur le terrain pendant une période de trois mois.

Pour permettre la localisation de la nappe et du sens de l’écoulement, des forages seront effectués à 30 et 50 mètres de profondeur dans les couches de sable. Quatre piézomètres¹ et un puits central seront installés pour étudier le sens de l’écoulement de la nappe. Les paramètres hydrodynamiques de la nappe et la capacité du sol à emmagasiner l’eau seront mesurés par une pompe dans la nappe et par des piézomètres placés à 10 et 12 mètres de distance.

L’inclinaison topographique du Plateau selon une pente appréciable vers le Kinsendael démontre que l’existence même de ces zones humides protégées est conditionnée d’une part par les eaux de ruissellement en surface et d’autre part par l’écoulement de la nappe phréatique en profondeur, ce qui explique l’importance des travaux de sondage entrepris.

Si la pénétration des eaux devait diminuer suite à la minéralisation du terrain, le ruissellement le long des pentes augmenterait avec des risques d’inondations supplémentaires dans les vallées qui sont déjà à saturation en cas de fortes pluies. Nous avons pu le constater lors des récentes inondations chaussée de Saint Job et de Waterloo. Il faut savoir que si 1 m2 d’écoulement de toiture est redistribué dans le sol il correspond à 4 m2 d’écoulement sur un sol planté naturellement. La végétation, la couronne des arbres, surtout en été, absorbe une grande part des eaux de pluie et une partie seulement retombe sur le sol.

Il est par conséquent évident que le Plateau Engeland boisé et topographiquement dominant joue un rôle de réservoir naturel et de tampon régulateur des eaux.

Une autre mission de l’étude consiste à déterminer l’impact au niveau de la nappe phréatique. Si le lotissement en minéralisant le sol modifiait la consistance de la couche de sable, il pourrait y avoir un impact sur le niveau de la nappe qui pourrait provoquer un tassement et causer un problème de stabilité. Comme le terrain sableux est fortement compressible le rabattement du niveau de l’eau pourrait entraîner un double tassement du site.

Référons-nous à la vision de Paul Duvignaud qui en précurseur avait compris toute l’importance du rôle que jouent les espaces naturels qui constituent l’élément régulateur fondamental dans « l’écosystème urbain ». En effet, ils atténuent les effets de la pollution, ils jouent un rôle climatique régulateur, ils contribuent à la ventilation de la ville et à la régénération de l’air que nous respirons et finalement ils constituent des surfaces importantes d’évaporation et d’infiltration pour les eaux.

Rappelons enfin que le Plateau Engeland a été reconnu de haute et très haute valeur biologique sur la carte d’évaluation biologique établie par l’IBGE et qu’il fait partie comme le Kinsendael, le Kauwberg ou le bois de Verrewinkel des zones spéciales de conservation de la biodiversité Natura 2000. La Directive européenne 92/43, dite « directive Habitat », recommande aux Etats de protéger et de conserver ces sites, c’est-à-dire d’assurer le maintien voire le rétablissement dans un état de conservation favorable des types d’habitats naturels protégés. Cette directive impose aux Etats une obligation de résultat et interdit les actes qui pourraient détériorer ou perturber de manière significative les habitats ou espèces protégés.

L’une des plus sérieuses menaces qui pèse sur la biodiversité est la fragmentation des écosystèmes, surtout en ville lorsque l’urbanisation remplace de larges parties de l'écosystème naturel. Les communautés appauvries ne sont ni prévisibles ni stables et une plus grande diversité est une sorte d’assurance biologique.

Le réchauffement climatique est à notre porte. Il aura des conséquences sur les conditions de vie des espèces vivantes dont nous faisons partie, il modifiera le régime des eaux, nous devons en tenir compte dès maintenant.

¹ piézomètre : instrument servant à mesurer la compressibilité des liquides.

Thérèse VERTENEUIL

Retour en haut de cette page

Une découverte mycologique tant au Kauwberg
qu’au plateau Engeland : psathyrella cotonea

Si trouver un champignon rare réjouit toujours un mycologue, que dire de trouver ce même champignon en deux lieux distants de plus d’un kilomètre !

Ce champignon, le psathyrella cotonea, assez rare en Belgique (notre éminent spécialiste Pierre Pierart ne l’a vu que 2 fois dans notre pays), je l’ai trouvé au Kauwberg le 17 octobre dernier.

Le mercredi suivant, dans le cadre d'une récolte de champignons pour l’exposition mycologique que je réalise au collège Saint-Pierre, accompagné de quelques élèves, j'ai fait la même découverte au plateau Engeland. Dans les deux cas, le biotope était identique : en touffe au pied d'un cerisier tardif, dans l'ancienne prairie au centre du plateau largement recolonisée par les prunus serotina.

André Fraiture du cercle de mycologie de Bruxelles a confirmé le fait qu’il s'agit d'une espèce rare qui méritait de venir enrichir notre patrimoine mycologique. C’est donc à sa demande que nous en avons réalisé des « exsiccata », c’est-à-dire que nous les avons fait sécher les chapeaux : la touffe de sporophores a été fragmentée, les chapeaux séparés ont été étalés sur un carton posé sur un radiateur. Après quelques heures, les champignons desséchés ont été rangés dans une boîte et transmis au jardin botanique national de Meise où ils figurent maintenant dans les collections. Ainsi un petit morceau du Kauwberg fait désormais partie du patrimoine botanique belge…

Retour en haut de cette page

Quel avenir pour le bois de Verrewinkel ?

L’an passé la Commune d’Uccle a acquis le bois qui était la propriété du CPAS de Bruxelles. Le bois de Verrewinkel est une zone verte du PRAS, c’est un site classé repris dans le réseau Natura 2000.(zone II 11). Un plan de gestion va être élaboré par l’IBGE

La commune aurait l’intention de placer des sculptures dans ce bois qui n’a rien d’un parc (elles trouveraient mieux leur place dans un parc, voire au Kauwberg).

Les « Amis du Bois de Verrewinkel » ont lancé une pétition pour s’opposer à cette implatation. Elle se trouve dans le dernier numéro de la « Lettre aux habitants » de l’ACQU ou en téléphonant au 20 374 19 04.

Retour en haut de cette page