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kinfo 53 -
ETE 2004
Table des matières
(en minuscule les titres dont le contenu n'est pas repris sur ces pages)
Éditorial
: Le Kauwberg classé!
Fin
heureuse de la saga du classement
Arrêté
de classement du 27 mai 2004
Annexe
à l’arrêté de classement du Kauwberg
Échos
des commissions et Agenda
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votre soutien financier à l'action de bénévoles.
Editorial
-
le Kauwberg classé !
Cette fois-ci
sera la bonne ! La totalité du Kauwberg est classée, les propriétés
habitées mises à part.
L’été 2002 nous avions publié l’arrêté initiant la nouvelle
procédure de classement ainsi que la carte des parcelles à classer qui
est donc devenue la carte des parcelles classées.
SOS Kauwberg
est-il satisfait ? La réponse est évidemment OUI ! Car c’est une
étape supplémentaire de franchie, une protection de plus pour le
Kauwberg. Mais nous espérions - des contacts avec le Ministre ayant
envisagé cet aspect - que le classement inclurait l’obligation d’un
plan de gestion…
Il en est malheureusement rien comme vous le lirez aux pages suivantes :
Bref descriptif du Kauwberg justifiant son
classement
Situé au Sud d'Uccle et faisant partie de l’ancienne forêt
charbonnière, ce vaste plateau participe au paysage ancestral
bruxellois. Dès l'époque de Charles Quint, on entreprit l'abornement
de la forêt domaniale pour prévenir les empiétements toujours
possibles des propriétaires riverains et surtout des nombreuses
communautés religieuses établies dans la forêt. Une de ces bornes,
extrêmement rares, se retrouve au Kauwberg, près de l'avenue de la
Chênaie. Défriché et exploité de manière intensive dès la
première moitié du XIXe siècle, le site du Kauwberg occupe une
colline de 100 mètres d'altitude qui descend progressivement vers le
Geleytsbeek, petit affluent de la Senne. Cette colline de sable fut
exploitée comme carrière de 1920 à 1960 laissant une profonde
excavation, colonisée localement par une intéressante végétation
pionnière. Livré aux cultures et au pâturage, ce site fut peu à peu
abandonné et évolua vers un milieu semi-naturel constitué de
fourrés, de friches à hautes herbes, de prairies fauchées ou
pâturées, de prairies humides, de prairies pauvres, de landes à
genêts et de jardins potagers. Sa faune et sa flore sont largement
composées d'espèces indigènes parfois fort rares. De nombreux
mammifères peu communs, tels le rat des moissons, le campagnol
souterrain ou le renard qui réinvestit progressivement la ville,
trouvent ici un site particulièrement propice à leur développement.
Le Kauwberg abrite également une importante population d'oiseaux qui y
trouvent tantôt une halte migratoire tantôt un lieu de reproduction et
de nourrissage.
(texte provenant du
communiqué de presse du Gouvernement régional) |
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Après
15 ans de heurs et malheurs, la saga du classement du Kauwberg a une fin
heureuse
Début 1989,
une pétition rassemblant 10.000 signatures est remise au Ministre
national chargé de la Région bruxelloise.
En mars 1989, l'exécutif de la Région ouvre une procédure de
classement pour l'entièreté du Kauwberg.
Le dossier
traîne ensuite plusieurs années, la volonté politique n’est pas de
faire avancer le dossier du classement.
Las de cette situation, SOS Kauwberg organise, fin 1993, la campagne
"Classement Maintenant" pour faire pression sur le pouvoir
politique qui laisse dormir la procédure de classement, entamée en
1989, et qui arrive à son terme le premier mai 1994. Passée cette date
la procédure doit être reprise à zéro. Plus de 10.000 cartes
postales réclamant le classement du Kauwberg sont envoyées par des
particuliers au Ministre-Président Charles PICQUE.
Le 28 mars
1994, le gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale classe 22 ha
du Kauwberg.
Des propriétaires du Kauwberg n’acceptent pas cette décision et
introduisent un recours au Conseil d’Etat en septembre 1994.
Le temps passe
et nous apprenons fin août 2001 que l’auditeur du Conseil
d’Etat a rendu son avis en mars 2001, que cet avis est favorable à l’annulation
du classement car les auteurs de l’arrêté ont
« oublié » de justifier dans leurs attendus qu’ils ne
classaient « que » 22 ha. Chacun sait pourtant que c’était
le résultat de subtils dosages politiques.
En septembre
2001 nous lançons une pétition pour réclamer un nouveau classement.
(Nous ferons signer cette pétition jusqu’en septembre 2002 lorsque la
nouvelle procédure de classement a été initiés).
Comme il
fallait le craindre le Conseil d’Etat suit l’avis de son Auditeur et
déclasse le Kauwberg le 7 mars 2002. Cette décision ne fait l’objet
d’aucune publicité jusqu’à sa publication au Moniteur.
Nous
apprendrons plus tard que dès le 19 mars 2002 Willem Draps, Secrétaire
d'Etat chargé de l'Aménagement du territoire, des Monuments et
Sites et du Transport rémunéré des Personnes, avait demandé à la
Commission des Monuments et des Sites d’établir un nouvel arrêté de
classement. La zone concernée comprend dans une large mesure la zone
verte du PRAS.
SOS kauwberg
apprend le 29 mai que l’arrêté serait visible sur le site internet
du Conseil d’Etat.
Le 30 mai nous téléchargeons le texte de l’arrêté et découvrons l’annulation
du classement.
Le même jour, nous communiquons ce fait aux échevins ucclois. Marc
Cools relaie notre demande en commission régionale de l’urbanisme et
reçoit une réponse de Willem Draps le 19 juin 2002.
C’est lors de
la fête des 15 ans de SOS Kauwberg, le 23 juin 2002 que Willem Draps
communiquera sa décision officiellement, l’arrêté lançant la
nouvelle procédure de classement paraît le 18 juillet 2002 au
Moniteur.
Presque deux
ans plus tard, à l’approche des élections régionales, la
procédure aboutit : le 27 mai 2004 54 ha, soit la totalité du
Kauwberg de part et d’autre de l’avenue Dolez, sont classés comme
site.
Les
implications du classement : nouvelles
perspectives de gestion pour le Kauwberg ?
L’annexe à l’arrêté
entamant la procédure de classement se terminait par la :
« CONCLUSION
Le site du Kauwberg est un espace vert semi-naturel et comme tel,
nécessite une intervention humaine soutenue (fauche, pâturage
extensif, contrôle du boisement spontané), seule capable de garantir
la conservation non seulement de ses ressources en vie sauvage, mais
aussi de l'intérêt qu'il revêt comme paysage rural de type bocager.
Malgré la dérive de certaines parties du site soustraites au pâturage
et livrées à la colonisation débridée de plantes herbacées ou
ligneuses envahissantes, à cause de l'opposition des propriétaires à
la mise en oeuvre du plan de gestion (COUVREUR, 1994), le site a
conservé sa valeur patrimoniale. Celle-ci s'exprime principalement en
termes historiques (évolution de l'utilisation du sol, témoins du
passé,...), esthétiques (scénographie paysagère), biologiques
(diversité de la flore et de la faune sauvages) et écologiques (valeur
intrinsèque par la diversité des écosystèmes; valeur extrinsèque
comme zone centrale du réseau écologique régional). En ce qui
concerne les éléments momentanément perdus du patrimoine biologique,
en particulier certaines espèces et communautés végétales rares pour
la Région, l'expérience a prouvé qu'ils sont récupérables grâce à
des interventions de gestion restauratoire et l'expression du potentiel
semencier du sol. »
On pouvait donc
espérer que le classement préciserait la nécessité d’une gestion
du site. Malheureusement, ce n’est pas le cas : dans ses attendus
et considérants, l’arrêté de classement précise : « Le
présent arrêté n’a pas pour objet de proposer un éventuel plan de
gestion du site. » Pourtant tant la commune d’Uccle que la LAK,
propriétaires de parcelles du Kauwberg réclamaient un tel plan de
gestion.
Il reste donc
du travail à SOS Kauwberg pour réclamer la gestion du site. C’est
notre prochain objectif et certainement l’action qui sera menée en
direction des nouveaux élus et du futur gouvernement bruxellois.
On peut aussi espérer que la décision européenne de faire du Kauwberg
un site Natura 2000 soit prise rapidement par la Commission européenne
car les sites Natura 2000 doivent faire l’objet de conventions de
gestion, ce qui permettrait d’obliger les propriétaires à souscrire
à un plan de gestion.
Notre conclusion
: un slogan en période post-électorale, l’action que nous lançons
en septembre :
Il faut
travailler à la gestion du Kauwberg pour lui rendre sa biodiversité d’antan. |
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Arrêté
de classement du Kauwberg du 27 mai 2004
MINISTERE DE LA REGION DE
BRUXELLES-CAPITALE
ARRETE DU GOUVERNEMENT DE LA
REGION DE BRUXELLES-CAPITALE CLASSANT COMME SITE LE KAUWBERG, DELIMITE
PAR la ligne de chemin de fer de Bruxelles à Hal, la chaussée de
Saint-Job, l'avenue Dolez, l'avenue de la ChEnaie et l'avenue Pastur A
UCCLE.
Le Gouvernement de la Région
de Bruxelles-Capitale,
Vu l'ordonnance du 4 mars 1993 relative à la conservation du patrimoine
immobilier, notamment l'article 18;
Vu l’arrêté du Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale du
18 juillet 2002 entamant la procédure de classement comme site du
Kauwberg, délimité par la ligne de chemin de fer de Bruxelles à Hal,
la chaussée de Saint-Job, l’avenue Dolez, l’avenue de la Chênaie
et l’avenue J. Pastur à Uccle ;
Vu l’avis favorable de la Commission Royale des Monuments et Sites
émis le 26 mai 2004 ;
Considérant que le Collège
des Bourgmestre et Echevins de la commune d’Uccle, propriétaire d’une
partie du site, a émis un avis favorable accompagné d’observations
qui peuvent être résumées comme suit : - les parcelles sur lesquelles
se trouvent des habitations ne devraient pas être intégrées dans le
périmètre de classement ;
- la délimitation de la zone de protection devrait être définie par
rapport à la limite du site classé et devrait être ajustée en
fonction du parcellaire ;
- l’arrêté de classement devrait interdire totalement l‘allumage
de feux ;
- il devrait prévoir un plan de gestion ainsi que des précisions sur
les essences à replanter et sur les procédures de demande d’abattage
d’arbre ;
l’arrêté de classement devrait prévoir l’autorisation de
maintenir les zones de parking existantes sur le site
Considérant que ces
observations peuvent être rencontrées de la manière suivante :
Les parcelles sur lesquelles se trouvent des habitations et qui font
partie du périmètre proposé, font partie du site du Kauwberg et
méritent d’être intégrées dans le périmètre de classement
définitif. Le classement du site n’est pas de nature à compromettre
le maintien des habitations existantes. De même, les zones de parking
existantes peuvent être maintenues. Les conditions particulières de
conservation ne visent que les nouvelles interventions et ne peuvent
supprimer une situation existante de droit.
La zone de protection est en partie définie par rapport au front de
bâti et à la voirie existants. Un agrandissement de la délimitation
de la zone de protection sera transmise à l’administration communale
d’Uccle.
L’interdiction totale d’allumage de feu a été précisée dans l’article
3.
Le présent arrêté n’a pas pour objet de proposer un éventuel plan
de gestion du site.
Les observations relatives aux éventuels travaux d’abattage ou de
plantations n’ont pas lieu d’être intégrées dans le présent
arrêté. Les procédures relatives à ces travaux sont réglées par l’ordonnance
du 4 mars 1993 relative à la conservation du patrimoine immobilier, par
l’ordonnance du 29 août 1991 organique de la planification et de l’urbanisme,
par les ordonnances du 18 juillet 2002 et du 19 février 2004 modifiant
celles-ci et par l’ensemble des arrêtés d’applications.
Considérant que des
propriétaires ont transmis dans les délais requis leurs observations
et que celles-ci peuvent être résumées comme suit :
(1) La parcelle cadastrée section E n°369m devrait être exclue de la
zone de classement car il s’agit d’une parcelle bâtie.
(2) Le classement du site dans son entièreté est une bonne chose mais
il est important d’organiser une gestion du site sous la direction de
l’I.B.G.E., avec la participation active de tous les propriétaires et
en collaboration avec la Ligue des Amis du Kauwberg.
(3) Le classement du site risque de faire perdre de la valeur aux
terrains privés qui étaient destinés à la construction. Il faudrait
prévoir une indemnisation des propriétaires privés ou un rachat de
leurs terrains par l’Etat.
(4) La délimitation du périmètre du site du Kauwberg proposé au
classement dans l’arrêté du 18 juillet 2002 diffère de la
délimitation du site définie dans l’arrêté de classement du
Kauwberg du 28 avril 1994 (annulée par arrêt du Conseil d’Etat
n°104.505 du 07/03/02) et il n’y a pas d’élément justifiant une
extension de la mesure de protection prise en 1994. Or, la Région
disposait déjà à l’époque de toutes les études scientifiques
adéquates relatives au site.
(5) L’intérêt du site n’est pas suffisamment motivé. L’intérêt
biologique du site est contestable d’après une étude réalisée en
octobre 2002 par Esher Environnement (mettant à jour une étude
réalisée en mai 1991 par Verdi SA). L’intérêt patrimonial invoqué
ne justifie en aucun cas un classement du site dans sa totalité.
(6) une mesure de classement est inutile puisque le site du Kauwberg est
situé en « zone verte » dans le plan régional d’affectation
du sol (PRAS) adopté par l’arrêté du Gouvernement de la Région de
Bruxelles-Capitale du 03/05/01. Cette affectation est une protection
suffisante.
(7) Les parcelles ont un caractère indéniable de terrain constructible
étant donné les aménagements prévus en voirie tels que voirie en
pavés naturels, présence d’un égout, de bouches d’incendie, de
poteaux d’éclairages, de réseau électrique et de
télédistribution.
(8) Le propriétaire de la parcelle cadastrée section H, n°56l9,
reconnaît l’intérêt esthétique, scientifique et historique
indéniable du site du Kauwberg et demande l’autorisation de pouvoir
construire sur son terrain un pavillon en bois à vocation pédagogique
destiné à favoriser l’enseignement des sciences, biologie et
écologie en particulier.
Considérant que ces
observations peuvent être rencontrées de la manière suivante :
(1) Les parcelles sur lesquelles se trouvent des habitations et qui ont
été intégrées dans le périmètre de classement font partie du site
du Kauwberg et méritent d’être classées au même titre que le reste
du site. Le classement du site n’est pas de nature à compromettre le
maintien des habitations existantes.
(2) Le présent arrêté n’a pas pour objet de proposer un éventuel
plan de gestion du site.
(3) Le classement du site ne compromet pas le caractère constructible
du terrain car le PRAS adopté le 3 mai 2001 affecte le site en zone
verte. L’existence d’un préjudice financier lié au classement n’est
donc nullement établi et ne remettrait pas en cause l’intérêt
justifiant le classement du site.
(4) Il est inexact d’affirmer que le gouvernement disposait en 1994 de
toutes les études relatives au site. La délimitation du site du
Kauwberg telle que définie dans l’actuelle procédure de classement
se base sur une étude réalisée par M. Tanghe en mai 2002, laquelle
définit et motive clairement le périmètre intéressant à protéger.
La carte d’évaluation biologique (feuilles 31-39) éditée en 2000
par l’Instituut voor Natuurbehoud et l’I.B.G.E. n’était pas non
plus disponible en 1994. Or, cette carte, réalisée sur base de
relevés de terrains de 1997-1999, confirme la présence d’éléments
de haute et très haute valeur biologique sur le site du Kauwberg.
(5) L’intérêt patrimonial de l’entièreté du site est indéniable
et amplement développé. Il est confirmé par l’avis de la Commission
Royale des Monuments et des Sites. Le site présente des qualités
paysagères et esthétiques remarquables. Il s’agit d’un paysage
rural de type bocager de grand intérêt. L’intérêt historique est
largement justifié par la présence de témoins d’événements
historiques et de traces de l’utilisation du sol passée. L’intérêt
scientifique du site est indéniable tant par sa qualité biologique que
par sa qualité écologique, , celles-ci ont été mises en évidence
par l’étude de M. Tanghe de mai 2002 ainsi que par les études
antérieures du même auteur réalisées de 1983 à 1993. Elles ont
été confirmées indépendamment par la carte d’évaluation
biologique de 2000 mentionnée ci-dessus (voir point (4)). Concernant l’étude
réalisée en 2002 par Esher Environnement, il y a lieu de remarquer que
cette étude n’a pas été réalisée sur une année complète mais
uniquement en automne. Il s’agit donc d’observations ponctuelles qui
ne tiennent pas compte de l’évolution de la végétation sur
plusieurs saisons. Cette étude est donc certainement moins pertinente
que l’étude réalisée par M. Tanghe sur plusieurs saisons et
plusieurs années et que la carte d’évaluation biologique.
(6) L’affectation au PRAS est indépendante d’une procédure de
classement, laquelle est une reconnaissance d’un intérêt
patrimonial.
(7) D’éventuels aménagements en voirie n’impliquent pas que les
terrains en front de voirie soient automatiquement constructibles. Le
caractère constructible du site est contredit par le PRAS adopté le 3
mai 2001 qui affecte le site en zone verte.
(8) L’article 3 a été précisé en tenant compte de cette
observation. Le classement du site n’est pas de nature à empêcher
systématiquement toute nouvelle construction, pour autant qu’il s’agisse
de constructions défendant un objectif exclusivement didactique ou
scientifique. Cette demande pourrait donc faire l’objet d’une
autorisation pour autant que la construction s’intègre dans le site
et qu’un permis d’urbanisme soit délivré.
Sur la proposition du
Ministre-Président du Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale
et du Secrétaire d’Etat ayant les Monuments et Sites dans ses
attributions,
A R R E T E :
Article 1er - Est classé comme
site le Kauwberg, délimité par la ligne de chemin de fer de Bruxelles
à Hal, la chassée de Saint-Job, l’avenue Dolez, l’avenue de la
Chênaie et l’avenue J. Pastur à Uccle, connu au cadastre d’Uccle,
2ème division, section D, 5ème feuille, parcelle
164d,
4ème division, section E, 3ème feuille,
parcelles n° 306, 376 a², 376 b², 375b,
4ème division, section E, 4ème feuille,
parcelles n° 26 (Kauwberg), 351a, 357b, 358 a², 358r, 358s, 358t,
358z, 359d, 360k, 369m, 370, 371f, 371k, 372b, 373a, 373b, 374a, 374b,
374c, 377d, 377e, 377f, 377g, 377h, 377k, 378, 379f,
4ème division, section H, 7ème feuille,
parcelles n° 56L9, 56n9, 56m9, 57a4, 57n3, 57p3, 57y3, 57z3, 58f4
4ème division, section H, 12ème feuille,
parcelles n° 490f23, 490z22, 56L7, 56s3, 56s7, 56t7 ;
en raison de son intérêt historique , esthétique et scientifique,
précisé dans l'annexe I du présent arrêté.
La délimitation du site est reprise sur le plan figurant à l'annexe II
du présent arrêté.
Art. 2 - La zone de protection
relative au site décrit dans l'article 1er comprend l'ensemble des
parcelles et des voiries ainsi que les parties de parcelles et de
voiries reprises dans le périmètre délimité sur le plan figurant à
l'annexe II du présent arrêté.
Art. 3 - Les conditions
particulières de conservation sont les suivantes :
1) tout travail de terrassement, construction, fouilles, ouverture de
carrière ou travaux quelconques d'exploitation, sondages, creusements
de puits, en général, de nature à modifier l'aspect du terrain ou de
la végétation sont interdits;
2) il est interdit de modifier l'écoulement des eaux;
3} de déverser dans les cours d'eau ou dans le sous-sol par puits perdu
ou autre artifice, toute substance de nature à altérer et influencer
l'environnement et son site ;
4) Il est interdit de poursuivre, chasser, capturer ou troubler de
façon quelconque toute espèce d'animaux sauvages;
5) il est interdit de prendre ou détruire les nids ou les oeufs;
6) il est interdit de faire la cueillette des fruits sauvages et des
fleurs dans un but commercial;
7) de modifier le relief, le revêtement, les talus et leur
végétation, l'alignement de la voirie;
8) de planter des poteaux ou des pylônes destinés au transport de
l'énergie électrique ou à tout autre usage ;
9) l'allumage de feux est interdit ;
10) le dépôt et le stockage de matériaux, débris, détritus et
déchets de toute nature, sont prohibés ;
11) de mettre en stationnement ou de parquer tout véhicule, même sur
les voies carrossables, sauf dans les endroits réservés à cette fin ;
12) la pose de panneaux publicitaires est interdite.
13) il est interdit d’ériger de nouvelles constructions (à l’exclusion
des constructions défendant un objectif exclusivement didactique ou
scientifique);
14) l'entretien normal des arbres (enlèvement des branches mortes,
cassées, soins aux plaies) est obligatoire ;
15) l'utilisation, l'entreposage, ou la fabrication de substances
nocives au développement et à la croissance des plantations, de la
faune et de la flore ou nuisibles à la qualité des eaux sont
prohibés.
Art. 4 - Le ministre qui a les
monuments et sites dans ses attributions est chargé de l'exécution du
présent arrêté.
Bruxelles, le 27 mai 2004
Par le Gouvernement de la
Région de Bruxelles-Capitale,
Le Ministre-Président du Gouvernement de la Région de
Bruxelles-Capitale chargé des Pouvoirs locaux, de l'Aménagement du
Territoire, des Monuments et Sites, de la Rénovation Urbaine et de la
Recherche Scientifique,
Jacques SIMONET
Le Secrétaire d’Etat à la
Région de Bruxelles-Capitale chargé de l’Aménagement du Territoire,
des Monuments et Sites et du Transport rémunéré des personnes,
Willem DRAPS |
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Annexe à l’arrêté
de classement du Kauwberg
ANNEXE I A L'ARRETE DU
GOUVERNEMENT DE LA REGION DE BRUXELLES-CAPITALE CLASSANT COMME SITE LE
KAUWBERG, DELIMITE PAR la ligne de chemin de fer de Bruxelles à Hal, la
chaussée de Saint-Job, l'avenue Dolez, l'avenue de la Chênaie et
l'avenue Pastur A UCCLE.
Réf. cadastrale : 2ème
division, section D, 5ème feuille, parcelle 164d ; 4ème
division, section E, 3ème feuille, parcelles n° 306, 376
a², 376 b², 375b ; 4ème division, section E, 4ème
feuille, parcelles n° 26 (Kauwberg), 351a, 357b, 358 a², 358r, 358s,
358t, 358z, 359d, 360k, 369m, 370, 371f, 371k, 372b, 373a, 373b, 374a,
374b, 374c, 377d, 377e, 377f, 377g, 377h, 377k, 378,
379f ; 4ème division, section H, 7ème
feuille, parcelles n° 56L9, 56n9, 56m9, 57a4, 57n3, 57p3, 57y3, 57z3,
58f4 ; 4ème division, section H, 12ème
feuille, parcelles n° 490f23, 490z22, 56L7, 56s3, 56s7, 56t7.
Description sommaire :
Situé au Sud d'Uccle, ce vaste
plateau participe au paysage ancestral bruxellois. Il faisait partie de
l'ancienne forêt charbonnière. Dès l'époque de Charles Quint, on
entreprit l'abornement de la forêt domaniale pour prévenir les
empiétements toujours possibles des propriétaires riverains et surtout
des nombreuses communautés religieuses établies dans la forêt. Une de
ces bornes, extrêmement rares, se retrouve au Kauwberg, près de
l'avenue de la Chênaie.
Défriché et exploité de
manière intensive dès la première moitié du XIXe siècle, le site du
Kauwberg occupe une colline de 100 mètres d'altitude qui descend
progressivement vers le Geleytsbeek, petit affluent de la Senne. Cette
colline de sable fut exploitée comme carrière de 1920 à 1960 laissant
une profonde excavation, colonisée localement par une intéressante
végétation pionnière. Livré aux cultures et au pâturage, ce site
fut peu à peu abandonné et évolua vers un milieu semi-naturel
constitué de fourrés, de friches à hautes herbes, de prairies
fauchées ou pâturées, de prairies humides, de prairies pauvres, de
landes à genêts et de jardins potagers. Sa faune et sa flore sont
largement composées d'espèces indigènes parfois fort rares. De
nombreux mammifères peu communs, tels le rat des moissons, le campagnol
souterrain ou le renard qui réinvestit progressivement la ville,
trouvent ici un site particulièrement propice. Le site abrite
également une importante population d'oiseaux qui y trouvent tantôt
une halte migratoire tantôt un lieu de reproduction et de nourrissage.
Le périmètre du site du
Kauwberg englobe non seulement le pentagone compris entre la ligne de
chemin de fer n°26, la chaussée de Saint-Job, l'avenue Dolez et
l'avenue de la Chênaie, mais aussi le triangle situé à l'est de
l'avenue Dolez et limité par les avenues du Directoire, Bonaparte et
Pastur. L'ensemble forme un quadrilatère couvrant une surface d'environ
50 ha.
Intérêt présenté par le bien
selon les critères définis à l'article 2, 1o de
l'ordonnance du 4 mars 1993 relative à la conservation du patrimoine
immobilier
Bref historique du Kauwberg et
statut écologique actuel
Comme en témoignent les cartes
topographiques du XVIIIe siècle et les toponymes de « Coudenberge
Bosch » (« Bois de Froidmont ») et « Heyde » (lande ou bruyère)
qu'elles mentionnent, le Kauwberg était un espace boisé entrecoupé de
landes. Il faisait partie de la zone de forêt secondaire précédant la
forêt domaniale de Soignes. Contrairement toutefois à cette dernière,
constituée de hautes futaies (hêtraie mélangée), il s'agissait d'un
peuplement ligneux bas et clair, selon toute vraisemblance un taillis de
chêne-bouleau soumis aux usages de la population rurale environnante.
Peu après 1830, le plateau du
Kauwberg est défriché et livré à la culture qui persistera jusqu'au
lendemain de la seconde guerre mondiale.
La végétation de friche
postculturale ainsi que les terrains déblayés et remaniés par
l'industrie d'extraction du sable et de l'argile à briques évolueront
soit vers la prairie sous l'influence d'un pâturage plus ou moins
intensif, soit vers les fourrés et bosquets feuillus en l'absence
d'intervention humaine.
Mis en attente d'une utilisation
différée par son statut de « zone de réserve » au plan de secteur,
le Kauwberg a évolué spontanément vers un paysage végétal à
nouveau plus sauvage par abandon ou desserrement de l'intervention
humaine.
Si l'on se réfère à la
classification proposée par WESTHOFF (1972)(1) des degrés
d'artificialisation (ou, au contraire, de naturalité) du paysage
végétal, celui du Kauwberg peut être qualifié de semi-naturel dans
la mesure où sa structure a été fortement modifiée par rapport à la
végétation forestière originelle, mais sa flore est composée en
grande partie d'espèces sauvages, indigènes, de même ailleurs que la
faune qui y est subordonnée.
Par ailleurs, le Kauwberg est un
espace rural relictuel englobé dans le tissu urbain puisqu'il a
conservé en partie sa structure paysagère et son utilisation du sol
anciennes, étrangères à celles de la ville proprement dite.
Cette classification qui
utilise les critères qualitatifs de structure et de composition
floristique de la végétation, comporte trois degrés principaux:
est considérée comme naturelle, une végétation qui n'a pas été
perturbée par l'homme ; une végétation artificielle est
caractérisée par une structure différente de celle de la
végétation naturelle et par une flore exotique maintenue
uniquement grâce à la culture intensive ; et on qualifie de
seminaturelle, une végétation dont la structure a été modifiée
mais dont la flore, bien que différente de l'originelle, est
composée d'espèces indigènes favorisées par les modalités de
l'agriculture extensive.
Les fonctions écologiques du
Kauwberg
Les caractéristiques définies
ci-dessus font que le Kauwberg , comme d'autres « restes de campagne »
dans la ville, exerce un nombre particulièrement élevé de fonctions
essentiellement écologiques.
Quelles sont- elles dans le cas
d'un espace vert en partie rural et semi-naturel en milieu urbain et en
quoi diffèrent-elles de celles d'un parc ou d'un jardin publics ?
Dans une vision anthropocentrique
de notre monde, les fonctions de l'environnement naturel sont les
diverses manières suivant lesquelles celui-ci satisfait aux besoins
individuels et collectifs de la société humaine. VAN DER MAAREL, &
DAUVELLIER (1978) en dressent un inventaire détaillé bien que non
exhaustif et montrent qu'elles se rapportent finalement à quatre types
fondamentaux : production, support, régulation et information.
L'utilisation de l'environnement
naturel à la réception de l'habitat, de l'industrie, des voies de
communication et aires de stationnement, spécifique du milieu urbain,
de même que l'extraction de matériaux dans des carrières à ciel
ouvert, représentent des aspects « durs » et destructeurs des
fonctions de support et de production abiotique. Le premier ne concerne
encore qu'une faible surface au Kauwberg ; quant au second, il
appartient au passé du site et ses traces, aujourd'hui partiellement
cicatrisées, font partie de la mémoire du site, au même titre
d'ailleurs que les fosses ayant
Par contre, la production
biotique, l'information, la régulation et même le support à la
récréation peuvent être qualifiés d'écologiques, puisque
directement en rapport avec l'exploitation des ressources naturelles
renouvelables, propres au site.
Dans son état actuel, îlot de
campagne dans la ville, espace vert non organisé, le site du Kauwberg
assume simultanément et sans interférence majeure, l'ensemble des
fonctions écologiques.
Fonction de production
biotique :
. Horticulture de loisir:
localisée en périphérie du site, elle répond actuellement aux
besoins de la population uccloise locale, mais pourrait intervenir au
niveau de la fonction éducative sous forme de « jardins scolaires »
permettant aux enfants de s'initier à l'environnement naturel par la
pratique du jardinage, suivant les modèles du «Delftse Hout» et de «
Haagse Kindertuinen » aux Pays-Bas.
. Elevage de loisir: si
l'élevage économique n'a pas sa place dans l'environnement urbain, le
maintien d'une certaine production herbagère sous forme de prairies
pâturées et fauchées, peut très bien se justifier par le désir
d'une partie de la population citadine d'entretenir des chevaux
d'équitation, poneys, moutons et chèvres; ici aussi, à défaut d'une
« ferme pédagogique », le lien avec la fonction éducative est
évident au travers des contacts entre les enfants et les animaux
domestiques.
. Production sylvicole et de
biomasse : pour interrompre par endroits la recolonisation forestière
spontanée et assurer le maintien de la structure bocagère du site
conditionnant la richesse et l'abondance de son avifaune, il est
indispensable de couper périodiquement les fourrés et taillis ce qui,
par la même occasion, peut conduire à la production de bois de feu et
de compost de broussailles.
. Production fruitière : le
Kauwberg produit quantité de fruits sauvages, mûres, framboises,
noisettes, etc., mais l'arboriculture fruitière pourrait y être
développée par la création de vergers de variétés anciennes y
compris le cerisier de Schaerbeek qui existe déjà dans le site.
. Production de plantes
médicinales: sur les quelque deux cents plantes sauvages recensées,
beaucoup ont des propriétés médicinales et sont gratuitement à la
disposition de ceux qui sont capables de les reconnaître et de les
utiliser.
Fonction de support à la
récréation :
Le Kauwberg assure cette fonction
lorsqu'il sert uniquement de cadre paysager et de substrat pour les
activités récréatives des citadins, soit, dans un ordre d'incidence
croissante sur l'environnement naturel, le repos, la promenade, les jeux
et les sports ; d'un part l'étendue du site qui favorise une
récréation diffuse, d'autre part le caractère relativement peu
vulnérable de la majeure partie du tapis végétal permet d'éviter
dans une large mesure l'interférence de cette fonction avec la
conservation de la nature.
Comme le Scheutbos et d'autres
espaces ruraux relictuels, le Kauwberg acquiert d'ailleurs une
importance particulière à cet égard dans l'optique du développement
durable. En effet, ils permettent de décharger d'une partie de leur
fréquentation, des espaces verts classés plus sensibles comme les
parcs historiques et la forêt de Soignes.
Fonction de régulation :
Au Kauwberg, elle est liée d'une
part à l'importance de la surface occupée par la végétation et à la
biomasse de celle-ci, d'autre part à la composition du sol largement
sablo-limoneux et filtrant; elle s'exerce de diverses manières,
notamment
. purification de l'atmosphère
urbaine, non seulement grâce à la filtration des poussières et
polluants par la végétation, mais aussi grâce à la production
d'oxygène par la photosynthèse ;
. stabilisation: le couvert
végétal du Kauwberg protège évidemment le sol contre l'érosion,
mais il joue aussi un rôle de tampon climatique grâce à la production
de vapeur d'eau, la régulation de la température et le ralentissement
du vent.
. infiltration de l'eau: grâce
à son couvert végétal continu et ses sols perméables, le site du
Kauwberg permet l'infiltration d'un quart à un tiers des
précipitations (R. ROSSEELS, 1988)(1). De la sorte, il contribue non
seulement à la limitation du ruissellement, mais aussi à la
conservation des ressources aquifères de la région.
(1) Plus précisément la
pluviométrie efficace équivalent à la pluviométrie totale moins
l'évapotranspiration
Fonction d'information :
. Education : concernant tous les
niveaux de formation, de la vulgarisation grand public à l'enseignement
supérieur, la fonction éducative du Kauwberg a trait non seulement à
ses ressources naturelles spécifiques et différentes de celles des
espaces verts urbains classiques (parcs et jardins publics), à savoir
ses flore, végétation et faune sauvages, ses écotopes semi-naturels
variés, ses sols et son sous-sol, mais elle se rapporte aussi à
l'histoire de son utilisation par l'homme et la genèse du paysage
brabançon dont l'évolution est jalonnée par des témoins matériels
sur le terrain (anciens chemins et bornes, chapelles, vieilles fermes,
etc.) et des documents écrits comme les cartes topographiques de
diverses époques (par exemple: FERRARIS, 1775 ; WAUTIER, 1801 ; I.C.M.,
1880).
Mieux que les réserves
naturelles, refuges fragiles de flores et faunes rares dont la
sauvegarde est indispensable, mais que l'on ne peut ouvrir sans risque
de dommages irréparables à un public non averti, l'écosystème du
Kauwberg, plus ou moins fortement influencé par l'homme, répond aux
besoins d'une pédagogie active qui n'est efficace que si elle permet de
toucher, récolter et analyser. C'est à ce titre aussi, c'est-à-dire
pour l'enseignement des sciences naturelles, en particulier la biologie
et l'écologie, que le Kauwberg constitue véritablement un espace vert
utilitaire.
Enfin, comme laboratoire de plein
air, le Kauwberg bénéficie d'un avantage essentiel par sa situation
dans l'agglomération urbaine même où la densité des utilisateurs,
c'est-à-dire les institutions d'enseignement, est la plus forte ; elle
apporte une solution économique et pratique au problème de
l'organisation de déplacements en groupe.
. Recherche scientifique : outre
l'intérêt qu'il revêt dans le cadre des programmes de recensement
cartographique permanent de la flore, de la fonge et de la faune
sauvages comme ceux de l'Amicale Européenne de Floristique (A.E.F.) et
de la Fédération des Banques de Données (FBDB), de même que comme
objet de la recherche en écologie (communautés végétales, succession
dynamique, relations plantes-sols, etc.), le Kauwberg représente aussi
un ensemble de populations locales de plantes sauvages dont
l'originalité génétique pourrait être d'autant plus marquée
qu'elles sont isolées géographiquement (cas notamment des espèces les
plus rares comme Polygala vulgaris, Trifolium medium, Pimpinella
saxifraga, Valeriana repens,etc.) ; dans l'optique de la recherche en
génétique fondamentale (spéciation) ou appliquée (amélioration de
plantes médicinales), le Kauwberg assure donc la fonction de réservoir
génétique.
. Orientation: le paysage
végétal du Kauwberg offre au citadin le moyen de se repérer dans le
temps, en particulier dans le déroulement des saisons, grâce à la
succession immuable des divers événements déterminant ce que les
écologues appellent les phénophases ; par exemple, pour des espèces
dominant le paysage, la séquence des floraisons des prunellier,
merisier, aubépine, genêt, sureau noir, épilobe en épi ; mais le
simple spectacle de la campagne et des activités agricoles et
pastorales qui s'y exercent encore et pourraient y être redeveloppées
peuvent aider aussi l'habitant de la ville à retrouver ses racines.
. Source d'inspiration à
l'expression artistique : au Kauwberg, elle découle non seulement de
ses richesses naturelles, flore, faune, mais aussi du pittoresque de ses
perspectives paysagères, lié au mouvement du relief, à la structure
diversifiée de sa végétation et peut-être par-dessus tout à
l'altitude et à l'étendue du site qui protègent son paysage visuel
des constructions en hauteur indiscrètes et conservent son ambiance
campagnarde.
INTERET DU SITE
L'examen qui précède des
différentes fonctions passées et présentes du site du Kauwberg permet
de mettre en évidence les divers éléments de sa valeur patrimoniale.
Logiquement, ils relèvent tous de la fonction d'information.
Intérêt
esthétique (paysager):
En première approche, il s'agit
du paysage rural bocager dont l'intérêt scénique est lié non
seulement au mouvement du relief et à la structure du couvert
végétal, alternance de prairies ouvertes, haies, bosquets et chemins
creux, mais aussi certainement à l'altitude (100 m à hauteur du
cimetière d'Uccle) et l'étendue qui protègent les perspectives
visuelles des constructions en hauteur et conservent l'ambiance
campagnarde.
En outre, à quelques km à peine
du centre urbain densément bâti et dans un contexte d'urbanisation
soutenue, le paysage rural relictuel que constitue le Kauwberg acquiert
une valeur ajoutée d'espace rare et précieux, au même titre
d'ailleurs que les sites clasés du Scheutbos (Molenbeek), Zavelenberg
(Berchem-Sainte-Agathe), Hof-ter-Musschen (WoluweSaint-Lambert), Val du
Bois des Béguines ( Neder-Over-Heembeek).
Intérêt scientiffique
(biologique et écologique) :
En deuxième analyse, la flore,
la végétation et la faune qui est inféodée à celles-ci constituent
un autre élément patrimonial du site.
Flore
Suivant un inventaire non
exhaustif de la fin des années 1980 (TANGHE,1986), les plantes
vasculaires, c'est-à-dire les plantes à fleurs (phanérogames) et les
cryptogames vasculaires (fougères et prêles) totalisent 170 espèces.
Compte tenu des parties non investiguées du site, des espèces
nouvelles recensées entre 1986 et 2002, mais aussi de la perte
temporaire de certaines espèces en l'absence de gestion conservatoire,
on peut évaluer la flore totale des plantes vasculaires à environ 200
espèces. Une trentaine d'entre-elles, soit environ 15%, peuvent être
considérées comme rares à assez rares pour la Région de
Bruxelles-Capitale.
D'après la « liste rouge » en
projet (SAINTENOY-SIMON, 2002), une quinzaine d'espèces qui ne comptent
que de 1 à 10 localités dans la Région faisaient partie de
l'inventaire de 1986 complété des données de 2002 ; il s'agit de
Carex disticha, Cerastium arvense*, Cerastium semidecandrum*, Festuca
filiformis*, Gnaphalium sylvaticum, Jasione montana*, Ornithopus
perpusillus*, Polygala vulgaris, Ranunculus bulbosus*, Solidago
virgaurea*, Salix atrocinerea*, Trisetum flavescens*, Trifolium medium,
Juncus subnodulosus*, Myosotis ramisissima*, auxquelles il faut ajouter
Pimpinella saxifraga et Scleranthus annuus. Les espèces marquées d'un
astérisque sont toujours présentes suivant un recensement partiel du
printemps 2002, soit 10 sur 15 ; tandis que celles non observées et
apparemment disparues du site sont, au moins en partie, récupérables
grâce à des mesures de gestion appropriées (débroussaillage, fauche
fréquente, étrépage superficiel, etc.), susceptibles de remettre en
évidence le potentiel grainier du sol.
Quant aux autres groupes
systématiques de plantes chlorophylliennes, seuls les bryophytes ont
fait l'objet d'un survey général sur le territoire de la Région de
Bruxelles-Capitale (VANDERPOORTEN, 1997). Au lieu d'être fournis par
site individuel, les résultats de l'inventaire sont donnés sous forme
de cartes en réseau à mailles kilométriques. Sous réserve de
l'incertitude liée au mode cartographique, le nombre d'espèces de
mouses et hépatiques qu'abrite le Kauwberg avoisinerait les 80, soit 3
5 % du nombre total d'espèces rencontrées sur les 55% du territoire de
la Région.
Végétation
D'une part, les sols de texture
variée, tantôt sableux, tantôt argilo-limoneux, associés à
l'existence de sources et criques de suintement, d'autre part, les
modalités et l'intensité variables de l'intervention humaine,
engendrent une grande variété de stations écologiques auxquelles
correspondent autant de groupements végétaux. Suivant la typologie non
exhaustive. dégagée d'une cinquantaine de relevés phytosociologiques
complets effectués entre 1973 et 1996, plus de 20 associations
végétales ont été identifiées dont les plus remarquables et
caractéristiques, parmi les formations herbacées, sont les suivantes,
selon un gradient croissant d'humidité du milieu
1. pelouse maigre,
arénicole, xérophile et acidophile à Festuca filiformis, Agrostis
capillaris, Rumex acetosella et Jasione montana;
2. prairie fauchée-pâturée
assez maigre, limonicole, mésohygrophile et acidophile à Agrostis
capillaris, Anthoxanthum odoratum, Festuca rubra et Luzula
campestris;
3. prairie pâturée assez
grasse, limonicole, mésohygrophile et neutrocline à
Lolium perenne, Trifolium repens, Trifolium pratense, Anthoxanthum
odoratum et Ranunculus bulbosus ;
4. prairie fauchée-pâturée
assez grasse, limonicole, hygrocline et acidocline à Holcus
lanatus, Lolium perenne, Trifolium repens et Ranunculus acris;
5. magnocariçaie ou prairie
marécageuse, humicole et neutrocline à Carex acutiformis, Cirsium
oleraceum, Equisetum palustre, Juncus effusus et Lychnis flos-cuculi
;
6. jonçaie humicole,
rhéohygrophile et neutrocline à Juncus subnodulosus, Carex
acutiformis et Equisetum telmateia.
7. groupements
rhéohygrophile d'eau claire courante à Glyceria notata, Veronica
beccabunga et Nasturtium officinale ; et d'eau courante eutrophisée
à Glyceria maxima;
8. éléments de roselière
marécageuse à Typha latifolia ;
9. groupement hydrophytique
à Lemna minor et Lemna trisulca ;
10. Saulaie marécageuse et
rhéohygrophile à Salix alba et Equisetum telmateia
Les deux premiers groupements ont
ceci de remarquable, non seulement dans le contexte de la Région, mais
aussi celui de la Belgique, c'est qu'ils sont soustraits à
l'eutrophisation généralisée de l'environnement et que, comme
herbages peu productifs, caractéristiques des sols assez maigres ou
méso-oligotrophes, ils sont les témoins du paysage écologique passé,
soumis à l'exploitation extensive. Ce type de prairie est en voie de
régression généralisée, à telle enseigne qu'il est repris dans la
liste des habitats naturels visés à l'annexe I de la Directive
européenne 92/43/CEE, sous la dénomination «38.2. Prairies maigres de
fauche de basse altitude».
En l'absence d'entretien,
c'est-à-dire d'interventions interrompant l' embroussaillement,
l'enfrichement ou l'extension de plantes envahissantes et compétitives,
tant indigènes (laîche des marais, épilobe hérissé, prunellier,
etc.) qu'exotiques (cerisier tardif), certains de ces groupements ont
évolué vers des stades dynamiques floristiquement appauvris et moins
caractéristiques.
C'est le cas surtout des
associations 1, 2 et 5. Les groupements 1 et 5 occupant des surfaces
bien localisées, peuvent certainement être restaurés et retrouver
leur composition caractéristique grâce à la mise en oeuvre
d'interventions comme la fauche fréquente rétablissant les relations
concurrentielles et autorisant l'expression du stock grainier du sol.
Quant au groupement 2, s'il a
disparu des localités d'où proviennent ses observations remontant à
10 ou 20 ans, il est toujours bien représenté en d'autres endroits,
tant dans la partie extrême sud (avenue de la Chênaie) pâturée par
les chevaux, que dans la vaste zone herbeuse pâturée par les bovins au
nord-ouest où il occupe systématiquement les bombements, crêtes et
ressauts soumis à la dessiccation estivale et soustraits à
l'eutrophisation.
Faune
La littérature déjà abondante
consacrée au site du Kauwberg renferme bien entendu des données sur
les différents groupes systématiques d'animaux présents dans le site,
comme les mammifères, les oiseaux et les invertébrés [araignées ,
myriapodes, diptères, hyménoptères, hémiptères, coléoptères,
orthoptères, lépidoptères ou papillons]. Mais seule l'avifaune, sans
doute la plus perceptible, a fait l'objet d'une étude suivie dans le
temps et suffisamment approfondie. Selon de WAVRIN (1991), qui prend en
compte les oiseaux qui nichent dans le site, ceux qui s'y nourrissent
même en vol et ceux qui s'y arrêtent, le Kauwberg compte pas moins de
73 espèces. Cette richesse remarquable est liée non seulement à
l'étendue de l'espace vert et à sa relative tranquillité, mais aussi
à la diversité structurale de son couvert végétal, mosaïque de
jardins potagers, prairies, friches, ronciers, fourrés épineux et
bosquets offrant à la fois nourriture, lieu de repos et abri pour les
nichées.
Le Kauwberg, zone centrale du
réseau écologique
Les points précédents relatifs
au paysage visuel et aux ressources biologiques et écologiques du
Kauwberg ont trait à la valeur intrinsèque de celui-ci. Mais le site
revêt aussi une valeur extrinsèque qu'il doit à son intégration à
une structure spatiale atteignant et dépassant le niveau régional, à
savoir le réseau vert écologique.
La volonté exprimée dans les
textes du PRD de la Région de Bruxelles-Capitale dès 1994 (Avis de la
CRD relatif au projet de PRD - 29-10-1994) de promouvoir le réseau vert
à fonction écologique et sociale fut traduite dans une carte
indicative accompagnant le PRAS, version 2002. Dans les principes, le
réseau écologique conçu comme un « réseau interconnecté
d'écotopes » (TANGHE , 1993) est constitué d'un ensemble de zones
centrales ou zones noyaux reliées entre elles par des éléments de
liaison plus ou moins linéaires s'appuyant éventuellement sur des
éléments relais ou des zones de développement.
Il apparaît que le Kauwberg, à
l'instar des autres espaces verts semi-natures, de quelque étendue
comme le Kinsendael, le Vogelzang, le Zavelenberg, le Scheutbos, le Val
du Bois de Béguines, le Hof-ter-Musschen, le plateau de la Foresterie,
etc., exerce la fonction capitale de zone noyau du réseau écologique
régional. Son intérêt écologique s'en trouve donc amplifié.
Intérêt historique :
Si le Kauwberg ne peut se
prévaloir d'aucun élément construit ancien de quelque importance et
digne d'intérêt, il recèle cependant un certain nombre de restes et
d'artefacts, témoins de l'utilisation du sol passée et d'événements
historiques.
L'élément le plus remarquable
est sans doute la borne de pierre marquée de la croix de Bourgogne,
reste rarissime de l'abornement de la forêt domaniale de Soignes
ordonné par Charles Quint dès 1520. Elle marque encore la limite de la
forêt avant qu'elle ne fut lotie et défrichée à partir de 1831
(PIERRARD, 1991). Parmi les anciens sentiers qui traversent le site et
qui semblent converger vers l'a chapelle Hauwaert construite en 1760, le
long de l'avenue Dolez, l'un d'eux orienté nord-sud s'enfonce
profondément en un chemin creux ombragé par une double haie de charme.
Son origine est très ancienne, puisqu'il est déjà mentionné sur une
carte topographique levée en 1650 à la demande du baron de Carloo
(BARTIER-DRAPIER et al., 1958).
Enfin, hormis les traces de
l'industrie extractive, c'est-à-dire la sablière et les excavations de
la briqueterie, on ne peut négliger les vestiges de la guerre de
1940-45 qui parsèment les Kauwberg sous la forme de petits cratères
entourés de buttes circulaires. Il s'agit des trous, au nombre d'une
douzaine, ayant abrité les batteries de défense anti-aérienne de
l'armée britannique, dirigée contre les bombes volantes VI et V2 de
l'offensive allemande, de fin 1944 à début 1945 (DE BROUWER 2002).
CONCLUSION
Le site du Kauwberg est un espace
vert semi-naturel et comme tel, nécessite une intervention humaine
soutenue (fauche, pâturage extensif, contrôle du boisement spontané),
seule capable de garantir la conservation non seulement de ses
ressources en vie sauvage, mais aussi de l'intérêt qu'il revêt comme
paysage rural de type bocager.
Malgré la dérive de certaines
parties du site soustraites au pâturage et livrées à la colonisation
débridée de plantes herbacées ou ligneuses envahissantes, à cause de
l'opposition des propriétaires à la mise en oeuvre du plan de gestion
(COUVREUR, 1994), le site a conservé sa valeur patrimoniale. Celle-ci
s'exprime principalement en termes historiques (évolution de
l'utilisation du sol, témoins du passé,...), esthétiques
(scénographie paysagère), biologiques (diversité de la flore et de la
faune sauvages) et écologiques (valeur intrinsèque par la diversité
des écosystèmes ; valeur extrinsèque comme zone centrale du réseau
écologique régional). En ce qui concerne les éléments momentanément
perdus du patrimoine biologique, en particulier certaines espèces et
communautés végétales rares pour la Région, l'expérience a prouvé
qu'ils sont récupérables grâce à des interventions de gestion
restauratoire et l'expression du potentiel semencier du sol.
Vu pour être annexé à
l'arrêté du 27 mai 2004,
Le Ministre-Président du
Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale chargé des Pouvoirs
locaux, de l'Aménagement du Territoire, des Monuments et Sites, de la
Rénovation Urbaine et de la Recherche Scientifique,
Jacques SIMONET
Le Secrétaire d’Etat à la
Région de Bruxelles-Capitale chargé de l’Aménagement du Territoire,
des Monuments et Sites et du Transport rémunéré des personnes,
Willem DRAPS
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Echos
des commissions de concertation « Engeland » et
« Bourdon
Nous pensions
développer ces points dans notre numéro d’été, mais l’actualité
des événements nous obligent à reporter les détails de ces
informations en septembre.
La deuxième
enquête concernant le plateau Engeland a abouti à la demande d’une
étude d’incidences par la commission de concertation. Les pressions
sur l’administration de la part de leur ministre ont été
importantes, on ne peut que regretter l’ingérence du politique dans
ce dossier.
Le Gouvernement de la Région avait un mois pour se prononcer et a
finalement accepté d’imposer une étude d’incidences avant tout
permis. Malheureusement cette étude se limite aux aspects hydrologiques
et de mobilité et ne prend pas en compte les risques encourus par les
zones Natura 2000 du plateau Engeland, et aussi classées en réserve
naturelle du Kriekenput et du Kinsendael.
Avec l’aide de l’ACQU, le Comité Engeland-Puits a élaboré et
ensuite introduit une demande de PPAS à l’initiative des riverains
auprès de la Commune d’Uccle.
Merci encore à tous ceux qui ont participé à la dernière
concertation, la salle communale était pleine.
Nous reparlerons de notre intervention en commission dans le Kinfo d’automne.
La commission
de concertation a aussi refusé la deuxième demande de lotissement de
la plaine du Bourdon, projet démesuré qui prévoyait logements,
seniorie, bureaux et surtout la réalisation d’une station d’essence
et d’un Car-wash. Ce projet « bis » présentait cependant
quelques améliorations intéressantes par rapport à celui de septembre
2002 en respectant la zone verte et prévoyant la remise à ciel ouvert
du Geleytsbeek.
L’avis de la
commission est ferme : toute nouvelle demande ne peut comporter de
station d’essence et doit évaluer les incidences hydrologiques du
projet. Plus de détails dans notre numéro d’automne... |
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