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Texte de BERNARDJOURET  Vice-Président de l'Association des Comités de Quartier Ucclois.

Défendre le Kauwberg au nom du dialogue. . . avec le réel saint-jobois et bruxellois.

Le réel qui nous concerne, dans notre volonté de sauver le Kauwberg, c'est la vallée, ses hommes, sa montagne, ses marais, ses jardins, ses chemins et servitudes, ses pierres. . .

C'est aussi les multiples liens fonctionnels que cet univers tisse dans le système géographique bruxellois. Le réel, c'est aussi un diagnostic sur les maladies qui frappent la ville et ses habitants ; c'est une panoplie de moyens thérapeutiques qui existent ou qu'il faut mettre en oeuvre pour la faire vivre. Le réel, c'est aussi l'espoir et le désespoir, l'enthousiasme et la peur des habitants. C'est aussi la volonté de vivre autrement, le refus d'être piégé par une politique à ttop court terme qui hypothèque les chances d'une urbanité nouvelle, source de santé, de confort et de bien-être.

C'est au nom de ce réel que nous défendons le Kauwberg ; car tout étant dans tout, toucher au Kauwberg, c'est détruire la cohérence de 1'« archipel » des facteurs physiques et humains. La diversité spectaculaire et exceptionnelle est due à un héritage pré-urbain que nous voulons protéger car il fait partie du réel bruxellois et a le pouvoir d'enraciner les hommes plutôt que de les faire fuir !

La nature étant la famille de l'homme, tout n'est qu'alliance sans cesse renouvelée. La défense du Kauwberg symbolise ainsi la promotion de valeurs sociales et géographiques telles que la Montagne, les potagers, les rues, ruelles, sentiers et places diverses, la voie ferrée no26 et ses immenses talus qui prennent leur source au Moensberg, le Parc de la Sauvagère et son remarquable séquoia, le rocher du Papenkasteel et son étang, le marais du Kinsendael avec son aulnaie et son tulipier, le chemin du Puits et ses sources, le plateau Engeland.

Le Kauwberg, objet concret de savoir et d'émotion, lieu d'apprentissage scientifique, culturel et moral, espace d'évasion, nous initie à 1'« anthropodésie », c'est-à-dire à cette discipline qui utilise des points d'appui naturels et artificiels pour calibrer les images mentales et culturelles que les hommes se construisent.

Cette « technique », cette éthique de vie implique une grande sensibilité aux choses de l'espace. Celles-ci sont des témoins qui agissent comme des repères, des balises plus ou moins éclairantes sur l'histoire et le devenir des terroirs et de l'âme des hommes.

N ous voilà au carrefour pluridirectionnel des Connaissances, d'un côté, et du « Savoir du paysan et du marin », cher à Michel Serre, de l'autre. Nous voilà devenus plus mûrs pour imaginer plus concrètement l'avenir du Parc Régional de Bruxelles Sud cher à Paul Duvigneaud. Notre sensibilité « anthropodésique » nous conduit déjà à protéger les liens qui existent avec d'autres éléments du puzzle qui chevauche cette ligne de crête qu'emprunte la chaussée de Watetloo et qui sont par exemple, la forêt de Soignes, le Bois de la Cambre, les cités Floréal et du Logis, le Coin du Balai, les étangs de la Woluwe, le plateau de la Foresterie, le Parc Solvay, etc.

Défendre le Kauwberg, c'est donc promouvoir une prise de conscience d'appartenance à un univers géoculturel potentiellement intégrateur. L'enjeu de ce processus d'initiation à la vie est de faire des hommes heureux, doués de vertus civiques.