Histoire du Kauwberg
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L'HISTOIRE DU KAUWBERG

texte de Jean-Marie Pierrard - président du cercle d’Histoire et d’Archéologie d’Uccle

L'origine du nom

Le toponyme KAUWBERG - ou CAUBERG- dérive en fait de Coudenborre qui signifie: « froide fontaine ». Le manoir de Coudenborre, qui fut aussi appelé « De Vleughe » à cause de son colombier, était primitivement un fief relevant de la cour féodale de Val-Duchesse à Auderghem.

Au XVe siècle, le bien fut annexé au fief de Carloo et fit partie dès lors de cette puissante seigneurie. Au XIXe siècle, le domaine prit le nom de « Château Spelmans » du nom d'un de ses propriétaires. Aujourd'hui, il a été dénommé « Swan Lake » par des promoteurs qui furent autorisés, malgré d'énergiques protestations, à ériger des buildings à la place du vieux manoir.

L'étang qui subsiste encore à cet endroit porta longtemps le nom d'étang de Coudenborre. On trouvait encore le Coudenborreweg, aujourd'hui rue Kauwberg, le Cauwenberghbosch, bois situé à l'est de l'actuelle avenue de la Chênaie et le moulin de Coudenborre situé au carrefour actuel formé par la chaussée de Saint-Job, la rue Basse et la rue Kauwberg.

Le Docteur Van Loey indique l'évolution suivante du toponyme :

Coudenborre jusqu'en 1681 ; Cauwenburre en 1595 ; Coudenborghstraete au XVIIe siècle; Cauweborreboschen 1715 ; Cauwenbeurestraete en 1726 ; Cauwenberg en 1860 ; Caubergstraat en 1931.

Il faut préciser toutefois que la zone dénommée aujourd'hui « Kauwberg »" dépasse très largement le lieu-dit « Coudenborre » de jadis.

La forêt

Le Kauwberg était jadis entièrement boisé et il le resta jusqu'à l'aube du XIXe siècle.

Signalons cependant que diverses cartes, par exemple celle d'Everaert dressée en 1741 portent, environ au centre de l'angle formé par l'avenue de la Chênaie et l'avenue Dolez, la mention « Gemeyn Heyde ", c.-à-d. Bruyère Commune. Par ailleurs, cette carte y fait apparaître un boisement moins dense qu'en d'autres lieux. On peut donc penser que la forêt à cette endroit n'était pas sans clairières.

D'autre part, le régime de propriété n'était pas le même sur toute l'étendue du Kauwberg. Une partie de celui-ci en effet faisait partie de la forêt domaniale de Soignes, le restant par contre relevait de propriétaires privés.

C'est ainsi qu'une bande de terre longeant l'avenue de la Chênaie était en Soignes et faisait partie de ce qui s'appelait alors le « Cuilenbosch " lequel poussait ses frondaisons jusqu'au bas de la rue Engeland. Se trouvait aussi en Soignes la zone située à l'est de l'actuelle avenue Dolez.

Par ailleurs, parmi les propriétaires privés, on retrouvait l'hospice Terarken (de Bruxelles), le seigneur de Carloo, lequel détenait le « Cauwenberghbosch " déjà cité, la fondation Saint-Eloy (qui possédait aussi la ferme du même nom) et les Alexiens, un ordre religieux qui se chargeait d'enterrer les morts et s'occupait aussi des aliénés. Il faut encore citer l'abbaye de Forest, qui y avait d'ailleurs replanté une ancienne bruyère.

La borne du Kauwberg

Dès l'époque de Charles-Quint en 152.0, on avait entrepris l'abornement de la forêt domaniale de Soignes pour prévenir les empiètements toujours possibles des propriétaires riverains et surtout des nombreuses communautés religieuses établies dans la forêt.

La limite du domaine était matérialisée par une levée de terre suivie d'un fossé, dont l'autre bord était jalonné de bornes en pierre.

Ces bornes de forme carrée portaient une incision parallèle à la limite du domaine, et une croix de Bourgogne en relief sur la face tournée vers l'intérieur de la forêt domaniale. C'est pourquoi ces bornes reçurent le nom de « Cruys pael ». Par la suite, la croix de Bourgogne constituée par deux bâtons noueux croisés, dégénéra en une simple croix en X, c.-à-d. une croix de Saint André.

Ces bornes sont aujourd'hui devenues extrêmement rares, et c'est pourquoi celle qui subsiste au Kauwberg est particulièrement précieuse et il importe quelle puisse rester à sa place. Elle est sans aucun doute l'une des mieux conservées que nous possédions encore parmi toutes celles qui marquèrent la limite de l'ancienne forêt. De plus, contrairement à la plupart des bornes du même type, la borne du Kauwberg présente deux croix de Saint André sur des faces opposées, en fait vers l'intérieur et vers l'extérieur de la forêt domaniale.

Les chemins

Trois chemins traversaient le Kauwberg. Ils venaient tous les trois de la vallée du Geleytsbeek (ou vallée de Saint-Job) et convergeaient vers l'endroit où fut construit en 1760, par le forestier Petrus Hauwaert, la chapelle qui porte toujours le nom de son fondateur. Une pierre portant l'inscription P.H.WII.C.M/A 1760 surmonte la porte.

La chapelle recevait jadis les fidèles souffrant de maux de dents ou de blessures. Après avoir prié la Vierge, ils avaient coutume d'enlever leurs bandages, de les frotter à la partie malade et de les accrocher à l'un des deux sapins qui ombrageaient alors la
chapelle. I1s s'enfuyaient ensuite en s'écriant : « Haaft de pijn ! , haaftdepijn! » (Gardez le mal ! ,gardez le mal ! ). C'est pourquoi cette chapelle avait été dénommée par la population environnante « Zierhaveskapel » c.-à-d. « la chapelle qui garde le mal ».

L'un de ces chemins suivait le tracé de l'aCtuelle avenue de la Chênaie d'abord, l'avenue des Pâturins ensuite. C'était en fait la continuation de l'ancien Rowegh, qui, partant du centre d'Uccle, empruntait successivement la rue Rouge (traduction erronée de Rode straat, rue de Rhode), la rue Colonel Chaltin (jadis également rue Rouge), et la rue du Repos. Ce chemin reliait donc le centre d'Uccle au hameau de Verrewinkel. L'avenue de la Chênaie fut longtemps connue sous le nom de « Bosschestrate ».

Les deux autres chemins partaient du carrefour de l'actuelle chaussée de Saint-Job et de la rue Basse (Diepestraat), là où se trouvait jadis le moulin de Coudenborre. Le départ de ces deux chemins est toujours visible en cet endroit. L'un d'eux monte directement vers le Kauwberg qu'il atteint après avoir passé sous la ligne du chemin de fer. Son tracé existe toujours à travers le Kauwberg, par lequel il rejoint l'avenue Dolez, dont il suivait le tracé jusqu'à la Chapelle. C'était l'ancienne « Coudenborrestraete », devenue par la suite rue Cauberg, puis rue Kauwberg.

Le troisième chemin est aCtuellement coupé par la voie du chemin de fer: il était parallèle au précédent puis obliquait fortement vers l'ouest et reprenait ensuite un tracé voisin de l'avenue de la Chênaie.

Le défrichement

C'est en 1822 que le roi Guillaume des Pays-Bas accorda la forêt de Soignes en guise de capital à la « Société Générale des Pays- Bas pour favoriser l'Industrie Nationale » qu'il venait de fonder. S'y ajoutait encore le bois de Fond'Roy qui avait été joint aux bois domaniaux à la fin du XVIIIe siècle.

Après la révolution de 1830, la Société Générale, craignant, semble-t-il, qu'on ne conteste ses droits de propriété sur ladite forêt, en décida le lotissement et la vente.

Après la révolution de 1830, la Société Générale, craignant, semble-t-il, qu'on ne conteste ses droits de propriété sur ladite forêt, en décida le lotissement et la vente

La partie de la forêt située du côté de la rue Engeland et de l'avenue de la Chênaie, fut adjugée à concurrence de 52 ha, le 22 oCtobre 1831 à un dénommé Pierre Meeus-Brion, propriétaire à Bruxelles, qui n'était autre que le frère de Ferdinand de Meeus, qui fut gouverneur de la Société Générale de 1831 à 1861. La partie de la forêt située au sud de l'avenue Jacques Pastur, fut adjugée le 23 juillet 1833 au baron de Stassart qui était président du Sénat. En ce qui concerne l'ancien bois de Fond'Roy, entre la vieille rue du Moulin et l'avenue Pastur, il fut adjugé quant à lui en date du 22 septembre 1831 à deux propriétaires: Philippe Lewaitte, entrepreneur en bains publics, d'une part, pour 13 ha, et Jean Joseph Claesens, rentier, d'autre part, pour 14 ha.

Tous ces terrains durent être assez rapidement déboisés et en 1865, la carte d'Etat Major fait apparaître un ensemble entièrement défriché et voué à l'agriculture. Les champs ont donc remplacé l'ancien glacis sonien.

Mais bientôt vont se développer de nouvelles activités par l'exploitation du sous-sol. Ce fut d'abord l'enlèvement du limon de couverture qui fut utilisé, comme en de nombreux endroits du Brabant, comme terre à briques. Des vestiges de cette industrie subsistent encore çà et là.

Après l'enlèvement du limon, c'est le sable qui devait intéresser les exploitants. Deux grandes sablières furent ainsi ouvertes, l'une à l'est de l'avenue Dolez, entièrement comblée de nos jours, et l'autre en bordure du chemin de fer.

Aujourd'hui, la nature reprend ses droits sur ce vaste ensemble !