Aspect socilologique
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Ce petit paragraphe a été écrit en s'inspirant largement de la publication de Christine Schaut (in OST et al., 1993), consacrée à une étude sociologique des sites semi-naturels bruxellois et de celle d'Axel Gosseries consacrée à la description spatio-morphologique et juridique, publiée dans le même ouvrage

En termes d'urbanisation, on peut noter une délimitation entre le haut et le bas du Kauwberg: le bas, le quartier Saint-Job, constitue un noyau historique du 19ème siècle d'essence essentiellement villageoise et populaire (lors de la construction du Palais de Justice de Bruxelles, une partie de la population marollienne expulsée vint s'installer à Saint-Job). Cette caractéristique socio-économique tend à se modifier ou, à tout le moins, à se complexifier avec la venue d'une jeune 'bourgeoisie intellectuelle et urbaine'. Le haut, constitué de villas cossues, a été urbanisé après 1962 et abrite une population aisée davantage tournée vers la chaussée de Waterloo que vers le quartier Saint-Job. Le Kauwberg constitue une articulation entre ce haut et ce bas, il en adoucit les oppositions tout en étant intégré mentalement au bas d'Uccle: pour les riverains, il est un des derniers signes de ruralité et appartient essentiellement au quartier de Saint-Job.
Malgré la marginalisation des activités de production (cultures) qui liait intimement l'espace au quartier, le Kauwberg continue à faire partie intégrante de l'histoire des gens du quartier, et ce de deux manières: pour les anciens habitants, comme témoin de leur passé et de leur histoire; pour les jeunes habitants, le Kauwberg crée une nouvelle histoire du quartier par la lutte contre les pressions immobilières.

Une des lectures sociales d'un espace naturel comme le Kauwberg les plus fréquentes est celle d'un espace-lisière: ni tout à fait ville, ni tout à fait campagne, ni tout à fait sauvage, ni tout à fait construction humaine. Le fait que cet espace échappe aux classifications conventionnelles lui confère un certain nombre de richesses.
Tout d'abord, une richesse écologique: tout espace d'entre-deux, de lisière, développe un univers écologique riche et varié. Cette diversité se remarque visuellement dans les espaces semi-naturels par l'aspect sauvage, désordonné, de la nature et l'éloigne du 'parc urbain' .
Ensuite, une richesse symbolique. Les sites 'sauvages' sont à la fois des lieux accueillants où la nature s'ouvre à l'homme, mais où elle obéit aussi à ses propres lois, en amplifiant des ombres, en revendiquant le non-ordonné. Cet espace est d'autant plus chargé de symboles qu'il se trouve au coeur de la ville: il vit à un autre rythme, celui des saisons. Il y a tout un jeu (souvent inconscient) d'attirance-répulsion, de sensations diverses qui caractérisent ces endroits: c'est un lieu où l'on souffle, c'est un lieu des non-regards, des non-dits. Par un jeu de miroir, l'homme s'y cache et s'y retrouve aussi

Ce sont donc les dimensions biologiques et symboliques qui génèrent une telle diversité d'usages (on trouvera un aperçu de ces différents usages dans la partie 'Plan de gestion') et une telle richesse sociologique. Mais il ne faut pas oublier non plus que le site semi-naturel (et c'est particulièrement le cas du Kauwberg) est un lieu d'histoire et de légendes, il fait partie intégrante de toute l'histoire du quartier.
Il est intéressant de voir aussi combien les usages se modifient (disparition des activités agricoles par exemple, apparition des activités de sensibilisation à la nature) et combien le Kauwberg reste un endroit où l'espace est constamment réinventé en se chargeant d'une nouvelle histoire et de nouveaux rapports sociaux.

Plus que jamais un espace comme le Kauwberg peut aider les gens (les citadins essentiellement) à retrouver des repères temporels (par l'observation de l'influence des saisons par exemple), et à 'se retrouver', à l'intérieur même de la ville. Il peut permettre aussi à beaucoup de plus jeunes de retrouver un contact avec un monde naturel de plus en plus éloigné ou tout simplement oublié