saga des classements
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Ce 27 mai 2004
le Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale a décidé de
classer les 54 Ha du site du KAUWBERG à Uccle
Après une lutte de plus de 17 ans, cette décision est
une victoire majeure des associations de protection de l’environnement
à Bruxelles !
SOS Kauwberg remercie TOUS les citoyens qui se sont
mobilisés pour cette juste cause.
Maintenant, il est temps de gérer le site du
Kauwberg et de le léguer aux générations futures…..
Dès
1988 les défenseurs du Kauwberg eurent l'idée de faire classer cet espace
semi-naturel afin de le protéger des velléités urbanistiques. Le
classement partiel aboutit 6 ans plus tard en 1994 et a été annulé 8 ans après, le 7
mars 2002.
Il y a donc déjà 16 ans qu'il est question de classement au Kauwberg ....
Fin du printemps
2004, une nouvelle procédure de classement initiée 2 ans plus tôt a
abouti; elle
concerne presque toute la zone verte du PRAS, les zones bâties étant exclues.
Ci-dessous :
l'arrêté de classement annoncé à la presse le 27 mai
2004.
Le cabinet du
Ministre nous a aimablement transmis le texte de l'arrêté qui doit bientôt
paraître au Moniteur belge
Les motifs du classement sont précisés dans l'annexe I de l'arrêté. La délimitation du site est reprise
sur le plan figurant à l'annexe II.
Vous trouverez
aussi en bas de cette page le communiqué de presse
du Ministre le jour de l'annonce de la décision gouvernementale
A la page suivante, figurent l'historique des classements du Kauwberg,
ensuite le discours de Willem Draps à la fête du 23 juin,
enfin la question parlementaire de Marc
Cools en commission régionale d'aménagement du territoire suivie par la réponse de Willem Draps, l'arrêté de 2002
et son annexe
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MINISTERE DE LA REGION DE
BRUXELLES-CAPITALE
ARRETE
DU GOUVERNEMENT DE LA REGION DE BRUXELLES-CAPITALE CLASSANT COMME SITE LE KAUWBERG,
DELIMITE PAR la ligne
de chemin de fer de Bruxelles à Hal, la chaussée de Saint-Job,
l'avenue Dolez, l'avenue de la ChEnaie et l'avenue Pastur A UCCLE.
Le Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale,
Vu l'ordonnance du 4 mars 1993 relative à la conservation du
patrimoine immobilier, notamment l'article 18;
Vu l’arrêté du Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale
du 18 juillet 2002 entamant la procédure de classement comme site du
Kauwberg, délimité par la ligne de chemin de fer de Bruxelles à Hal,
la chaussée de Saint-Job, l’avenue Dolez, l’avenue de la Chênaie
et l’avenue J. Pastur à Uccle ;
Vu l’avis favorable de la Commission Royale des Monuments et Sites
émis le 26 mai 2004 ;
Considérant que le Collège des Bourgmestre et Echevins de la
commune d’Uccle, propriétaire d’une partie du site, a émis un avis
favorable accompagné d’observations qui peuvent être résumées
comme suit :
- les parcelles sur lesquelles se trouvent des habitations ne devraient
pas être intégrées dans le périmètre de classement ;
- la délimitation de la zone de protection devrait être définie par
rapport à la limite du site classé et devrait être ajustée en
fonction du parcellaire ;
- l’arrêté de classement devrait interdire totalement l‘allumage
de feux ;
- il devrait prévoir un plan de gestion ainsi que des précisions sur
les essences à replanter et sur les procédures de demande d’abattage
d’arbre ;
- l’arrêté de classement devrait prévoir l’autorisation de
maintenir les zones de parking existantes sur le site ;
Considérant que ces observations peuvent être rencontrées de la
manière suivante :
Les parcelles sur lesquelles se trouvent des habitations et qui font
partie du périmètre proposé, font partie du site du Kauwberg et
méritent d’être intégrées dans le périmètre de classement
définitif. Le classement du site n’est pas de nature à compromettre
le maintien des habitations existantes. De même, les zones de parking
existantes peuvent être maintenues. Les conditions particulières de
conservation ne visent que les nouvelles interventions et ne peuvent
supprimer une situation existante de droit.
La zone de protection est en partie définie par rapport au front de
bâti et à la voirie existants. Un agrandissement de la délimitation
de la zone de protection sera transmise à l’administration communale
d’Uccle.
L’interdiction totale d’allumage de feu a été précisée dans l’article
3
Le présent arrêté n’a pas pour objet de proposer un éventuel plan
de gestion du site.
Les observations relatives aux éventuels travaux d’abattage ou de
plantations n’ont pas lieu d’être intégrées dans le présent
arrêté. Les procédures relatives à ces travaux sont réglées par l’ordonnance
du 4 mars 1993 relative à la conservation du patrimoine immobilier, par
l’ordonnance du 29 août 1991 organique de la planification et de l’urbanisme,
par les ordonnances du 18 juillet 2002 et du 19 février 2004 modifiant
celles-ci et par l’ensemble des arrêtés d’applications.
Considérant que des propriétaires ont transmis dans les délais
requis leurs observations et que celles-ci peuvent être résumées
comme suit :
(1) La parcelle cadastrée section E n°369m devrait être exclue de la
zone de classement car il s’agit d’une parcelle bâtie.
(2) Le classement du site dans son entièreté est une bonne chose mais
il est important d’organiser une gestion du site sous la direction de
l’I.B.G.E., avec la participation active de tous les propriétaires et
en collaboration avec la Ligue des Amis du Kauwberg.
(3) Le classement du site risque de faire perdre de la valeur aux
terrains privés qui étaient destinés à la construction. Il faudrait
prévoir une indemnisation des propriétaires privés ou un rachat de
leurs terrains par l’Etat.
(4) La délimitation du périmètre du site du Kauwberg proposé au
classement dans l’arrêté du 18 juillet 2002 diffère de la
délimitation du site définie dans l’arrêté de classement du
Kauwberg du 28 avril 1994 (annulée par arrêt du Conseil d’Etat
n°104.505 du 07/03/02) et il n’y a pas d’élément justifiant une
extension de la mesure de protection prise en 1994. Or, la Région
disposait déjà à l’époque de toutes les études scientifiques
adéquates relatives au site.
(5) L’intérêt du site n’est pas suffisamment motivé. L’intérêt
biologique du site est contestable d’après une étude réalisée en
octobre 2002 par Esher Environnement (mettant à jour une étude
réalisée en mai 1991 par Verdi SA). L’intérêt patrimonial invoqué
ne justifie en aucun cas un classement du site dans sa totalité.
(6) une mesure de classement est inutile puisque le site du Kauwberg est
situé en « zone verte » dans le plan régional d’affectation
du sol (PRAS) adopté par l’arrêté du Gouvernement de la Région de
Bruxelles-Capitale du 03/05/01. Cette affectation est une protection
suffisante.
(7) Les parcelles ont un caractère indéniable de terrain constructible
étant donné les aménagements prévus en voirie tels que voirie en
pavés naturels, présence d’un égout, de bouches d’incendie, de
poteaux d’éclairages, de réseau électrique et de
télédistribution.
(8) Le propriétaire de la parcelle cadastrée section H, n°56l9,
reconnaît l’intérêt esthétique, scientifique et historique
indéniable du site du Kauwberg et demande l’autorisation de pouvoir
construire sur son terrain un pavillon en bois à vocation pédagogique
destiné à favoriser l’enseignement des sciences, biologie et
écologie en particulier.
Considérant que ces observations peuvent être rencontrées de la
manière suivante :
(1) Les parcelles sur lesquelles se trouvent des habitations et qui
ont été intégrées dans le périmètre de classement font partie du
site du Kauwberg et méritent d’être classées au même titre que le
reste du site. Le classement du site n’est pas de nature à
compromettre le maintien des habitations existantes.
(2) Le présent arrêté n’a pas pour objet de proposer un éventuel
plan de gestion du site.
(3) Le classement du site ne compromet pas le caractère constructible
du terrain car le PRAS adopté le 3 mai 2001 affecte le site en zone
verte. L’existence d’un préjudice financier lié au classement n’est
donc nullement établi et ne remettrait pas en cause l’intérêt
justifiant le classement du site.
(4) Il est inexact d’affirmer que le gouvernement disposait en 1994 de
toutes les études relatives au site. La délimitation du site du
Kauwberg telle que définie dans l’actuelle procédure de classement
se base sur une étude réalisée par M. Tanghe en mai 2002, laquelle
définit et motive clairement le périmètre intéressant à protéger.
La carte d’évaluation biologique (feuilles 31-39) éditée en 2000
par l’Instituut voor Natuurbehoud et l’I.B.G.E. n’était pas non
plus disponible en 1994. Or, cette carte, réalisée sur base de
relevés de terrains de 1997-1999, confirme la présence d’éléments
de haute et très haute valeur biologique sur le site du Kauwberg.
(5) L’intérêt patrimonial de l’entièreté du site est indéniable
et amplement développé. Il est confirmé par l’avis de la Commission
Royale des Monuments et des Sites. Le site présente des qualités
paysagères et esthétiques remarquables. Il s’agit d’un paysage
rural de type bocager de grand intérêt. L’intérêt historique est
largement justifié par la présence de témoins d’événements
historiques et de traces de l’utilisation du sol passée. L’intérêt
scientifique du site est indéniable tant par sa qualité biologique que
par sa qualité écologique, , celles-ci ont été mises en évidence
par l’étude de M. Tanghe de mai 2002 ainsi que par les études
antérieures du même auteur réalisées de 1983 à 1993. Elles ont
été confirmées indépendamment par la carte d’évaluation
biologique de 2000 mentionnée ci-dessus (voir point (4)). Concernant l’étude
réalisée en 2002 par Esher Environnement, il y a lieu de remarquer que
cette étude n’a pas été réalisée sur une année complète mais
uniquement en automne. Il s’agit donc d’observations ponctuelles qui
ne tiennent pas compte de l’évolution de la végétation sur
plusieurs saisons. Cette étude est donc certainement moins pertinente
que l’étude réalisée par M. Tanghe sur plusieurs saisons et
plusieurs années et que la carte d’évaluation biologique.
(6) L’affectation au PRAS est indépendante d’une procédure de
classement, laquelle est une reconnaissance d’un intérêt
patrimonial.
(7) D’éventuels aménagements en voirie n’impliquent pas que les
terrains en front de voirie soient automatiquement constructibles. Le
caractère constructible du site est contredit par le PRAS adopté le 3
mai 2001 qui affecte le site en zone verte.
(8) L’article 3 a été précisé en tenant compte de cette
observation. Le classement du site n’est pas de nature à empêcher
systématiquement toute nouvelle construction, pour autant qu’il s’agisse
de constructions défendant un objectif exclusivement didactique ou
scientifique. Cette demande pourrait donc faire l’objet d’une
autorisation pour autant que la construction s’intègre dans le site
et qu’un permis d’urbanisme soit délivré.
Sur la proposition du Ministre-Président du Gouvernement de la
Région de Bruxelles-Capitale et du Secrétaire d’Etat ayant les
Monuments et Sites dans ses attributions,
A R R E T E :
Article 1er - Est classé comme site le Kauwberg, délimité par la
ligne de chemin de fer de Bruxelles à Hal, la chassée de Saint-Job, l’avenue
Dolez, l’avenue de la Chênaie et l’avenue J. Pastur à Uccle, connu
au cadastre d’Uccle,
2ème division, section D, 5ème feuille, parcelle
164d,
4ème division, section E, 3ème feuille,
parcelles n° 306, 376 a², 376 b², 375b,
4ème division, section E, 4ème feuille,
parcelles n° 26 (Kauwberg), 351a, 357b, 358 a², 358r, 358s, 358t,
358z, 359d, 360k, 369m, 370, 371f, 371k, 372b, 373a, 373b, 374a, 374b,
374c, 377d, 377e, 377f, 377g, 377h, 377k, 378, 379f,
4ème division, section H, 7ème feuille,
parcelles n° 56L9, 56n9, 56m9, 57a4, 57n3, 57p3, 57y3, 57z3, 58f4
4ème division, section H, 12ème feuille,
parcelles n° 490f23, 490z22, 56L7, 56s3, 56s7, 56t7 ;
en raison de son intérêt historique , esthétique et scientifique,
précisé dans l'annexe I du présent arrêté.
La délimitation du site est reprise sur le plan figurant à l'annexe
II du présent arrêté.
Art. 2 - La zone de protection relative au site décrit dans
l'article 1er comprend l'ensemble des parcelles et des voiries ainsi que
les parties de parcelles et de voiries reprises dans le périmètre
délimité sur le plan figurant à l'annexe II du présent arrêté.
Art. 3 - Les conditions particulières de conservation sont les
suivantes :
1) tout travail de terrassement, construction, fouilles, ouverture de
carrière ou travaux quelconques d'exploitation, sondages, creusements
de puits, en général, de nature à modifier l'aspect du terrain ou de
la végétation sont interdits;
2) il est interdit de modifier l'écoulement des eaux;
3} de déverser dans les cours d'eau ou dans le sous-sol par puits perdu
ou autre artifice, toute substance de nature à altérer et influencer
l'environnement et son site ;
4) Il est interdit de poursuivre, chasser, capturer ou troubler de
façon quelconque toute espèce d'animaux sauvages;
5) il est interdit de prendre ou détruire les nids ou les oeufs;
6) il est interdit de faire la cueillette des fruits sauvages et des
fleurs dans un but commercial;
7) de modifier le relief, le revêtement, les talus et leur
végétation, l'alignement de la voirie;
8) de planter des poteaux ou des pylônes destinés au transport de
l'énergie électrique ou à tout autre usage ;
9) l'allumage de feux est interdit ;
10) le dépôt et le stockage de matériaux, débris, détritus et
déchets de toute nature, sont prohibés ;
11) de mettre en stationnement ou de parquer tout véhicule, même sur
les voies carrossables, sauf dans les endroits réservés à cette fin.
12) la pose de panneaux publicitaires est interdite.
13) il est interdit d’ériger de nouvelles constructions (à l’exclusion
des constructions défendant un objectif exclusivement didactique ou
scientifique);
14) l'entretien normal des arbres (enlèvement des branches mortes,
cassées, soins aux plaies) est obligatoire ;
15) l'utilisation, l'entreposage, ou la fabrication de substances
nocives au développement et à la croissance des plantations, de la
faune et de la flore ou nuisibles à la qualité des eaux sont
prohibés.
Art. 4 - Le ministre qui a les monuments et sites dans ses
attributions est chargé de l'exécution du présent arrêté.
Bruxelles, le 27 mai 2004
Par le Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale,
Le Ministre-Président du Gouvernement de la Région de
Bruxelles-Capitale chargé des Pouvoirs locaux, de l'Aménagement du
Territoire, des Monuments et Sites, de la Rénovation Urbaine et de la
Recherche Scientifique,
Jacques SIMONET
Le Secrétaire d’Etat à la Région de Bruxelles-Capitale chargé
de l’Aménagement du Territoire, des Monuments et Sites et du
Transport rémunéré des personnes,
Willem DRAPS
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ANNEXE I A L'ARRETE DU
GOUVERNEMENT DE LA REGION DE BRUXELLES-CAPITALE CLASSANT COMME SITE LE
KAUWBERG, DELIMITE PAR la ligne de chemin de fer de Bruxelles à Hal, la
chaussée de Saint-Job, l'avenue Dolez, l'avenue de la Chênaie et
l'avenue Pastur A UCCLE.
Réf. cadastrale : 2ème division, section
D, 5ème feuille, parcelle 164d ; 4ème
division, section E, 3ème feuille, parcelles n° 306, 376
a², 376 b², 375b ; 4ème division, section E, 4ème
feuille, parcelles n° 26 (Kauwberg), 351a, 357b, 358 a², 358r, 358s,
358t, 358z, 359d, 360k, 369m, 370, 371f, 371k, 372b, 373a, 373b, 374a,
374b, 374c, 377d, 377e, 377f, 377g, 377h, 377k, 378,
379f ; 4ème division, section H, 7ème
feuille, parcelles n° 56L9, 56n9, 56m9, 57a4, 57n3, 57p3, 57y3, 57z3,
58f4 ; 4ème division, section H, 12ème
feuille, parcelles n° 490f23, 490z22, 56L7, 56s3, 56s7, 56t7.
Description sommaire :
Situé au Sud d'Uccle, ce vaste plateau participe au
paysage ancestral bruxellois. Il faisait partie de l'ancienne forêt
charbonnière. Dès l'époque de Charles Quint, on entreprit
l'abornement de la forêt domaniale pour prévenir les empiétements
toujours possibles des propriétaires riverains et surtout des
nombreuses communautés religieuses établies dans la forêt. Une de ces
bornes, extrêmement rares, se retrouve au Kauwberg, près de l'avenue
de la Chênaie.
Défriché et exploité de manière intensive dès la
première moitié du XIXe siècle, le site du Kauwberg occupe une
colline de 100 mètres d'altitude qui descend progressivement vers le
Geleytsbeek, petit affluent de la Senne. Cette colline de sable fut
exploitée comme carrière de 1920 à 1960 laissant une profonde
excavation, colonisée localement par une intéressante végétation
pionnière. Livré aux cultures et au pâturage, ce site fut peu à peu
abandonné et évolua vers un milieu semi-naturel constitué de
fourrés, de friches à hautes herbes, de prairies fauchées ou
pâturées, de prairies humides, de prairies pauvres, de landes à
genêts et de jardins potagers. Sa faune et sa flore sont largement
composées d'espèces indigènes parfois fort rares. De nombreux
mammifères peu communs, tels le rat des moissons, le campagnol
souterrain ou le renard qui réinvestit progressivement la ville,
trouvent ici un site particulièrement propice. Le site abrite
également une importante population d'oiseaux qui y trouvent tantôt
une halte migratoire tantôt un lieu de reproduction et de nourrissage.
Le périmètre du site du Kauwberg englobe non
seulement le pentagone compris entre la ligne de chemin de fer n°26, la
chaussée de Saint-Job, l'avenue Dolez et l'avenue de la Chênaie, mais
aussi le triangle situé à l'est de l'avenue Dolez et limité par les
avenues du Directoire, Bonaparte et Pastur. L'ensemble forme un
quadrilatère couvrant une surface d'environ 50 ha.
Intérêt présenté par le bien selon les critères
définis à l'article 2, 1o de l'ordonnance du 4 mars 1993
relative à la conservation du patrimoine immobilier
Bref historique du Kauwberg et statut écologique
actuel
Comme en témoignent les cartes topographiques du
XVIIIe siècle et les toponymes de « Coudenberge Bosch » (« Bois de
Froidmont ») et « Heyde » (lande ou bruyère) qu'elles mentionnent,
le Kauwberg était un espace boisé entrecoupé de landes. Il faisait
partie de la zone de forêt secondaire précédant la forêt domaniale
de Soignes. Contrairement toutefois à cette dernière, constituée de
hautes futaies (hêtraie mélangée), il s'agissait d'un peuplement
ligneux bas et clair, selon toute vraisemblance un taillis de
chêne-bouleau soumis aux usages de la population rurale environnante.
Peu après 1830, le plateau du Kauwberg est défriché et livré à la
culture qui persistera jusqu'au lendemain de la seconde guerre mondiale.
La végétation de friche postculturale ainsi que les terrains
déblayés et remaniés par l'industrie d'extraction du sable et de
l'argile à briques évolueront soit vers la prairie sous l'influence
d'un pâturage plus ou moins intensif, soit vers les fourrés et
bosquets feuillus en l'absence d'intervention humaine.
Mis en attente d'une utilisation différée par son statut de « zone de
réserve » au plan de secteur, le Kauwberg a évolué spontanément
vers un paysage végétal à nouveau plus sauvage par abandon ou
desserrement de l'intervention humaine.
Si l'on se réfère à la classification proposée par WESTHOFF (1972)1
des degrés d'artificialisation (ou, au contraire, de naturalité) du
paysage végétal, celui du Kauwberg peut être qualifié de
semi-naturel dans la mesure où sa structure a été fortement modifiée
par rapport à la végétation forestière originelle, mais sa flore est
composée en grande partie d'espèces sauvages, indigènes, de même
ailleurs que la faune qui y est subordonnée.
Par ailleurs, le Kauwberg est un espace rural relictuel englobé dans le
tissu urbain puisqu'il a conservé en partie sa structure paysagère et
son utilisation du sol anciennes, étrangères à celles de la ville
proprement dite.
Cette classification qui
utilise les critères qualitatifs de structure et de composition
floristique de la végétation, comporte trois degrés principaux: est
considérée comme naturelle, une végétation qui n'a pas été perturbée
par l'homme ; une végétation artificielle est caractérisée par une
structure différente de celle de la végétation naturelle et par une
flore exotique maintenue uniquement grâce à la culture intensive ; et
on qualifie de seminaturelle, une végétation dont la structure a été
modifiée mais dont la flore, bien que
différente de l'originelle, est composée d'espèces indigènes favorisées
par les modalités de l'agriculture extensive.
Les fonctions écologiques du Kauwberg
Les caractéristiques définies ci-dessus font que le
Kauwberg , comme d'autres « restes de campagne » dans la ville, exerce
un nombre particulièrement élevé de fonctions essentiellement
écologiques.
Quelles sont- elles dans le cas d'un espace vert en partie rural et
semi-naturel en milieu urbain et en quoi diffèrent-elles de celles d'un
parc ou d'un jardin publics ?
Dans une vision anthropocentrique de notre monde, les fonctions de
l'environnement naturel sont les diverses manières suivant lesquelles
celui-ci satisfait aux besoins individuels et collectifs de la société
humaine. VAN DER MAAREL, & DAUVELLIER (1978) en dressent un
inventaire détaillé bien que non exhaustif et montrent qu'elles se
rapportent finalement à quatre types fondamentaux : production,
support, régulation et information.
L'utilisation de l'environnement naturel à la réception de l'habitat,
de l'industrie, des voies de communication et aires de stationnement,
spécifique du milieu urbain, de même que l'extraction de matériaux
dans des carrières à ciel ouvert, représentent des aspects « durs »
et destructeurs des fonctions de support et de production abiotique. Le
premier ne concerne encore qu'une faible surface au Kauwberg ; quant au
second, il appartient au passé du site et ses traces, aujourd'hui
partiellement cicatrisées, font partie de la mémoire du site, au même
titre d'ailleurs que les fosses ayant abrité les unités de défense
antiaérienne de l'armée britannique en 1945.
Par contre, la production biotique, l'information, la régulation et
même le support à la récréation peuvent être qualifiés
d'écologiques, puisque directement en rapport avec l'exploitation des
ressources naturelles renouvelables, propres au site.
Dans son état actuel, îlot de campagne dans la ville, espace vert non
organisé, le site du Kauwberg assume simultanément et sans
interférence majeure, l'ensemble des fonctions écologiques.
Fonction de production biotique :
. Horticulture de loisir: localisée en
périphérie du site, elle répond actuellement aux besoins de la
population uccloise locale, mais pourrait intervenir au niveau de la
fonction éducative sous forme de « jardins scolaires » permettant aux
enfants de s'initier à l'environnement naturel par la pratique du
jardinage, suivant les modèles du «Delftse Hout» et de «
Haagse Kindertuinen » aux Pays-Bas.
. Elevage de loisir: si l'élevage économique n'a pas sa place dans
l'environnement urbain, le maintien d'une certaine production herbagère
sous forme de prairies pâturées et fauchées, peut très bien se
justifier par le désir d'une partie de la population citadine
d'entretenir des chevaux d'équitation, poneys, moutons et chèvres; ici
aussi, à défaut d'une « ferme pédagogique », le lien avec la
fonction éducative est évident au travers des contacts entre les
enfants et les animaux domestiques.
. Production sylvicole et de biomasse : pour interrompre par endroits la
recolonisation forestière spontanée et assurer le maintien de la
structure bocagère du site conditionnant la richesse et l'abondance de
son avifaune, il est indispensable de couper périodiquement les
fourrés et taillis ce qui, par la même occasion, peut conduire à la
production de bois de feu et de compost de broussailles.
. Production fruitière : le Kauwberg produit quantité de fruits
sauvages, mûres, framboises, noisettes, etc., mais l'arboriculture
fruitière pourrait y être développée par la création de vergers de
variétés anciennes y compris le cerisier de Schaerbeek qui existe
déjà dans le site.
. Production de plantes médicinales: sur les quelque deux cents plantes
sauvages recensées, beaucoup ont des propriétés médicinales et sont
gratuitement à la disposition de ceux qui sont capables de les
reconnaître et de les utiliser.
Fonction de support à la récréation :
Le Kauwberg assure cette fonction lorsqu'il sert
uniquement de cadre paysager et de substrat pour les activités
récréatives des citadins, soit, dans un ordre d'incidence croissante
sur l'environnement naturel, le repos, la promenade, les jeux et les
sports ; d'un part l'étendue du site qui favorise une récréation
diffuse, d'autre part le caractère relativement peu vulnérable de la
majeure partie du tapis végétal permet d'éviter dans une large mesure
l'interférence de cette fonction avec la conservation de la nature.
Comme le Scheutbos et d'autres espaces ruraux relictuels, le Kauwberg
acquiert d'ailleurs une importance particulière à cet égard dans
l'optique du développement durable. En effet, ils permettent de
décharger d'une partie de leur fréquentation, des espaces verts
classés plus sensibles comme les parcs historiques et la forêt de
Soignes.
Fonction de régulation :
Au Kauwberg, elle est liée d'une part à
l'importance de la surface occupée par la végétation et à la
biomasse de celle-ci, d'autre part à la composition du sol largement
sablo-limoneux et filtrant; elle s'exerce de diverses manières,
notamment
. purification de l'atmosphère urbaine, non seulement grâce à la
filtration des poussières et polluants par la végétation, mais aussi
grâce à la production d'oxygène par la photosynthèse ;
. stabilisation: le couvert végétal du Kauwberg protège évidemment
le sol contre l'érosion, mais il joue aussi un rôle de tampon
climatique grâce à la production de vapeur d'eau, la régulation de la
température et le ralentissement du vent.
. infiltration de l'eau: grâce à son couvert végétal continu et ses
sols perméables, le site du Kauwberg permet l'infiltration d'un quart
à un tiers des précipitations (R. ROSSEELS, 1988)(1). De la sorte, il
contribue non seulement à la limitation du ruissellement, mais aussi à
la conservation des ressources aquifères de la région.
Plus précisément la pluviométrie efficace équivalent
à la pluviométrie totale moins l'évapotranspiration
Fonction d'information :
. Education : concernant tous les niveaux de
formation, de la vulgarisation grand public à l'enseignement
supérieur, la fonction éducative du Kauwberg a trait non seulement à
ses ressources naturelles spécifiques et différentes de celles des
espaces verts urbains classiques (parcs et jardins publics), à savoir
ses flore, végétation et faune sauvages, ses écotopes semi-naturels
variés, ses sols et son sous-sol, mais elle se rapporte aussi à
l'histoire de son utilisation par l'homme et la genèse du paysage
brabançon dont l'évolution est jalonnée par des témoins matériels
sur le terrain (anciens chemins et bornes, chapelles, vieilles fermes,
etc.) et des documents écrits comme les cartes topographiques de
diverses époques (par exemple: FERRARIS, 1775 ; WAUTIER, 1801 ; I.C.M.,
1880).
Mieux que les réserves naturelles, refuges fragiles de flores et faunes
rares dont la sauvegarde est indispensable, mais que l'on ne peut ouvrir
sans risque de dommages irréparables à un public non averti,
l'écosystème du Kauwberg, plus ou moins fortement influencé par
l'homme, répond aux besoins d'une pédagogie active qui n'est efficace
que si elle permet de toucher, récolter et analyser. C'est à ce titre
aussi, c'est-à-dire pour l'enseignement des sciences naturelles, en
particulier la biologie et l'écologie, que le Kauwberg constitue
véritablement un espace vert utilitaire.
Enfin, comme laboratoire de plein air, le Kauwberg bénéficie d'un
avantage essentiel par sa situation dans l'agglomération urbaine même
où la densité des utilisateurs, c'est-à-dire les institutions
d'enseignement, est la plus forte ; elle apporte une solution
économique et pratique au problème de l'organisation de déplacements
en groupe.
. Recherche scientifique : outre l'intérêt qu'il revêt dans le cadre
des programmes de recensement cartographique permanent de la flore, de
la fonge et de la faune sauvages comme ceux de l'Amicale Européenne de
Floristique (A.E.F.) et de la Fédération des Banques de Données
(FBDB), de même que comme objet de la recherche en écologie
(communautés végétales, succession dynamique, relations plantes-sols,
etc.), le Kauwberg représente aussi un ensemble de populations locales
de plantes sauvages dont l'originalité génétique pourrait être
d'autant plus marquée qu'elles sont isolées géographiquement (cas
notamment des espèces les plus rares comme Polygala vulgaris, Trifolium
medium, Pimpinella saxifraga, Valeriana repens,etc.) ; dans
l'optique de la recherche en génétique fondamentale (spéciation) ou
appliquée (amélioration de plantes médicinales), le Kauwberg assure
donc la fonction de réservoir génétique.
. Orientation: le paysage végétal du Kauwberg offre au citadin le
moyen de se repérer dans le temps, en particulier dans le déroulement
des saisons, grâce à la succession immuable des divers événements
déterminant ce que les écologues appellent les phénophases ; par
exemple, pour des espèces dominant le paysage, la séquence des
floraisons des prunellier, merisier, aubépine, genêt, sureau noir,
épilobe en épi ; mais le simple spectacle de la campagne et des
activités agricoles et pastorales qui s'y exercent encore et pourraient
y être redeveloppées peuvent aider aussi l'habitant de la ville à
retrouver ses racines.
. Source d'inspiration à l'expression artistique : au Kauwberg, elle
découle non seulement de ses richesses naturelles, flore, faune, mais
aussi du pittoresque de ses perspectives paysagères, lié au mouvement
du relief, à la structure diversifiée de sa végétation et peut-être
par-dessus tout à l'altitude et à l'étendue du site qui protègent
son paysage visuel des constructions en hauteur indiscrètes et
conservent son ambiance campagnarde.
INTERET DU SITE
L'examen qui précède des différentes fonctions
passées et présentes du site du Kauwberg permet de mettre en évidence
les divers éléments de sa valeur patrimoniale. Logiquement, ils
relèvent tous de la fonction d'information.
Intérêt esthétique (paysager):
En première approche, il s'agit du paysage rural
bocager dont l'intérêt scénique est lié non seulement au mouvement
du relief et à la structure du couvert végétal, alternance de
prairies ouvertes, haies, bosquets et chemins creux, mais aussi
certainement à l'altitude (100 m à hauteur du cimetière d'Uccle) et
l'étendue qui protègent les perspectives visuelles des constructions
en hauteur et conservent l'ambiance campagnarde.
En outre, à quelques km à peine du centre urbain densément bâti et
dans un contexte d'urbanisation soutenue, le paysage rural relictuel que
constitue le Kauwberg acquiert une valeur ajoutée d'espace rare et
précieux, au même titre d'ailleurs que les sites clasés du Scheutbos
(Molenbeek), Zavelenberg (Berchem-Sainte-Agathe), Hof-ter-Musschen
(WoluweSaint-Lambert), Val du Bois des Béguines ( Neder-Over-Heembeek).
Intérêt scientiffique (biologique et
écologique) :
En deuxième analyse, la flore, la végétation et la
faune qui est inféodée à celles-ci constituent un autre élément
patrimonial du site.
Flore
Suivant un inventaire non exhaustif de la fin des
années 1980 (TANGHE,1986), les plantes vasculaires, c'est-à-dire les
plantes à fleurs (phanérogames) et les cryptogames vasculaires
(fougères et prêles) totalisent 170 espèces. Compte tenu des parties
non investiguées du site, des espèces nouvelles recensées entre 1986
et 2002, mais aussi de la perte temporaire de certaines espèces en
l'absence de gestion conservatoire, on peut évaluer la flore totale des
plantes vasculaires à environ 200 espèces. Une trentaine
d'entre-elles, soit environ 15%, peuvent être considérées comme rares
à assez rares pour la Région de Bruxelles-Capitale.D'après la «
liste rouge » en projet (SAINTENOY-SIMON, 2002), une quinzaine
d'espèces qui ne comptent que de 1 à 10 localités dans la Région
faisaient partie de l'inventaire de 1986 complété des données de 2002
; il s'agit de Carex disticha, Cerastium arvense*, Cerastium
semidecandrum*, Festuca filiformis*, Gnaphalium sylvaticum, Jasione montana*,
Ornithopus perpusillus*, Polygala vulgaris, Ranunculus bulbosus*,
Solidago virgaurea*, Salix atrocinerea*, Trisetum flavescens*,
Trifolium medium, Juncus subnodulosus*, Myosotis ramisissima*,
auxquelles il faut ajouter Pimpinella saxifraga et Scleranthus annuus.
Les espèces marquées d'un astérisque sont toujours présentes suivant
un recensement partiel du printemps 2002, soit 10 sur 15 ; tandis que
celles non observées et apparemment disparues du site sont, au moins en
partie, récupérables grâce à des mesures de gestion appropriées
(débroussaillage, fauche fréquente, étrépage superficiel, etc.),
susceptibles de remettre en évidence le potentiel grainier du sol.
Quant aux autres groupes systématiques de plantes chlorophylliennes,
seuls les bryophytes ont fait l'objet d'un survey général sur le
territoire de la Région de Bruxelles-Capitale (VANDERPOORTEN, 1997). Au
lieu d'être fournis par site individuel, les résultats de l'inventaire
sont donnés sous forme de cartes en réseau à mailles kilométriques.
Sous réserve de l'incertitude liée au mode cartographique, le nombre
d'espèces de mouses et hépatiques qu'abrite le Kauwberg avoisinerait
les 80, soit 3 5 % du nombre total d'espèces rencontrées sur les 55%
du territoire de la Région.
Végétation
D'une part, les sols de texture variée, tantôt
sableux, tantôt argilo-limoneux, associés à l'existence de sources et
criques de suintement, d'autre part, les modalités et l'intensité
variables de l'intervention humaine, engendrent une grande variété de
stations écologiques auxquelles correspondent autant de groupements
végétaux. Suivant la typologie non exhaustive. dégagée d'une
cinquantaine de relevés phytosociologiques complets effectués entre
1973 et 1996, plus de 20 associations végétales ont été identifiées
dont les plus remarquables et caractéristiques, parmi les formations
herbacées, sont les suivantes, selon un gradient croissant d'humidité
du milieu
1. pelouse maigre, arénicole, xérophile et
acidophile à Festuca filiformis, Agrostis capillaris, Rumex
acetosella et Jasione montana;
2. prairie fauchée-pâturée assez maigre, limonicole, mésohygrophile
et acidophile à Agrostis capillaris, Anthoxanthum odoratum, Festuca
rubra et Luzula campestris;
3. prairie pâturée assez grasse, limonicole, mésohygrophile et
neutrocline à
Lolium perenne, Trifolium repens, Trifolium pratense, Anthoxanthum
odoratum et Ranunculus bulbosus ;
4. prairie fauchée-pâturée assez grasse, limonicole, hygrocline et
acidocline à Holcus lanatus, Lolium perenne, Trifolium repens et
Ranunculus acris;
5. magnocariçaie ou prairie marécageuse, humicole et neutrocline à Carex
acutiformis, Cirsium oleraceum, Equisetum palustre, Juncus effusus et
Lychnis flos-cuculi ;
6. jonçaie humicole, rhéohygrophile et neutrocline à Juncus subnodulosus,
Carex acutiformis et Equisetum telmateia.
7. groupements rhéohygrophile d'eau claire courante à Glyceria
notata, Veronica beccabunga et Nasturtium officinale ; et d'eau
courante eutrophisée à Glyceria maxima;
8. éléments de roselière marécageuse à Typha latifolia ;
9. groupement hydrophytique à Lemna minor et Lemna trisulca ;
10. Saulaie marécageuse et rhéohygrophile à Salix alba et Equisetum
telmateia
Les deux premiers groupements ont ceci de
remarquable, non seulement dans le contexte de la Région, mais aussi
celui de la Belgique, c'est qu'ils sont soustraits à l'eutrophisation
généralisée de l'environnement et que, comme herbages peu productifs,
caractéristiques des sols assez maigres ou méso-oligotrophes, ils sont
les témoins du paysage écologique passé, soumis à l'exploitation
extensive. Ce type de prairie est en voie de régression généralisée,
à telle enseigne qu'il est repris dans la liste des habitats naturels
visés à l'annexe I de la Directive européenne 92/43/CEE, sous la
dénomination «38.2. Prairies maigres de fauche de basse altitude».
En l'absence d'entretien, c'est-à-dire d'interventions interrompant l'
embroussaillement, l'enfrichement ou l'extension de plantes
envahissantes et compétitives, tant indigènes (laîche des marais,
épilobe hérissé, prunellier, etc.) qu'exotiques (cerisier tardif),
certains de ces groupements ont évolué vers des stades dynamiques
floristiquement appauvris et moins caractéristiques. C'est le cas
surtout des associations 1, 2 et 5. Les groupements 1 et 5 occupant des
surfaces bien localisées, peuvent certainement être restaurés et
retrouver leur composition caractéristique grâce à la mise en oeuvre
d'interventions comme la fauche fréquente rétablissant les relations
concurrentielles et autorisant l'expression du stock grainier du sol.
Quant au groupement 2, s'il a disparu des localités d'où proviennent
ses observations remontant à 10 ou 20 ans, il est toujours bien
représenté en d'autres endroits, tant dans la partie extrême sud
(avenue de la Chênaie) pâturée par les chevaux, que dans la vaste
zone herbeuse pâturée par les bovins au nord-ouest où il occupe
systématiquement les bombements, crêtes et ressauts soumis à la
dessiccation estivale et soustraits à l'eutrophisation.
Faune
La littérature déjà abondante consacrée au site
du Kauwberg renferme bien entendu des données sur les différents
groupes systématiques d'animaux présents dans le site, comme les
mammifères, les oiseaux et les invertébrés [araignées , myriapodes,
diptères, hyménoptères, hémiptères, coléoptères, orthoptères,
lépidoptères ou papillons]. Mais seule l'avifaune, sans doute la plus
perceptible, a fait l'objet d'une étude suivie dans le temps et
suffisamment approfondie. Selon de WAVRIN (1991), qui prend en compte
les oiseaux qui nichent dans le site, ceux qui s'y nourrissent même en
vol et ceux qui s'y arrêtent, le Kauwberg compte pas moins de 73
espèces. Cette richesse remarquable est liée non seulement à
l'étendue de l'espace vert et à sa relative tranquillité, mais aussi
à la diversité structurale de son couvert végétal, mosaïque de
jardins potagers, prairies, friches, ronciers, fourrés épineux et
bosquets offrant à la fois nourriture, lieu de repos et abri pour les
nichées.
Le Kauwberg, zone centrale du réseau écologique
Les points précédents relatifs au paysage visuel et
aux ressources biologiques et écologiques du Kauwberg ont trait à la
valeur intrinsèque de celui-ci. Mais le site revêt aussi une valeur
extrinsèque qu'il doit à son intégration à une structure spatiale
atteignant et dépassant le niveau régional, à savoir le réseau vert
écologique.
La volonté exprimée dans les textes du PRD de la Région de
Bruxelles-Capitale dès 1994 (Avis de la CRD relatif au projet de PRD -
29-10-1994) de promouvoir le réseau vert à fonction écologique et
sociale fut traduite dans une carte indicative accompagnant le PRAS,
version 2002. Dans les principes, le réseau écologique conçu comme un
« réseau interconnecté d'écotopes » (TANGHE , 1993) est constitué
d'un ensemble de zones centrales ou zones noyaux reliées entre elles
par des éléments de liaison plus ou moins linéaires s'appuyant
éventuellement sur des éléments relais ou des zones de
développement.
Il apparaît que le Kauwberg, à l'instar des autres espaces verts
semi-natures, de quelque étendue comme le Kinsendael, le Vogelzang, le
Zavelenberg, le Scheutbos, le Val du Bois de Béguines, le
Hof-ter-Musschen, le plateau de la Foresterie, etc., exerce la fonction
capitale de zone noyau du réseau écologique régional. Son intérêt
écologique s'en trouve donc amplifié.
Intérêt historique :
Si le Kauwberg ne peut se prévaloir d'aucun
élément construit ancien de quelque importance et digne d'intérêt,
il recèle cependant un certain nombre de restes et d'artefacts,
témoins de l'utilisation du sol passée et d'événements historiques.
L'élément le plus remarquable est sans doute la borne de pierre
marquée de la croix de Bourgogne, reste rarissime de l'abornement de la
forêt domaniale de Soignes ordonné par Charles Quint dès 1520. Elle
marque encore la limite de la forêt avant qu'elle ne fut lotie et
défrichée à partir de 1831 (PIERRARD, 1991). Parmi les anciens
sentiers qui traversent le site et qui semblent converger vers l'a
chapelle Hauwaert construite en 1760, le long de l'avenue Dolez, l'un
d'eux orienté nord-sud s'enfonce profondément en un chemin creux
ombragé par une double haie de charme. Son origine est très ancienne,
puisqu'il est déjà mentionné sur une carte topographique levée en
1650 à la demande du baron de Carloo (BARTIER-DRAPIER et al., 1958).
Enfin, hormis les traces de l'industrie extractive, c'est-à-dire la
sablière et les excavations de la briqueterie, on ne peut négliger les
vestiges de la guerre de 1940-45 qui parsèment les Kauwberg sous la
forme de petits cratères entourés de buttes circulaires. Il s'agit des
trous, au nombre d'une douzaine, ayant abrité les batteries de défense
anti-aérienne de l'armée britannique, dirigée contre les bombes
volantes VI et V2 de l'offensive allemande, de fin 1944 à début 1945
(DE BROUWER 2002).
CONCLUSION
Le site du Kauwberg est un espace vert semi-naturel
et comme tel, nécessite une intervention humaine soutenue (fauche,
pâturage extensif, contrôle du boisement spontané), seule capable de
garantir la conservation non seulement de ses ressources en vie sauvage,
mais aussi de l'intérêt qu'il revêt comme paysage rural de type
bocager.
Malgré la dérive de certaines parties du site soustraites au pâturage
et livrées à la colonisation débridée de plantes herbacées ou
ligneuses envahissantes, à cause de l'opposition des propriétaires à
la mise en oeuvre du plan de gestion (COUVREUR, 1994), le site a
conservé sa valeur patrimoniale. Celle-ci s'exprime principalement en
termes historiques (évolution de l'utilisation du sol, témoins du
passé,...), esthétiques (scénographie paysagère), biologiques
(diversité de la flore et de la faune sauvages) et écologiques (valeur
intrinsèque par la diversité des écosystèmes ; valeur extrinsèque
comme zone centrale du réseau écologique régional). En ce qui
concerne les éléments momentanément perdus du patrimoine biologique,
en particulier certaines espèces et communautés végétales rares pour
la Région, l'expérience a prouvé qu'ils sont récupérables grâce à
des interventions de gestion restauratoire et l'expression du potentiel
semencier du sol.
Vu pour être annexé à l'arrêté du 27 mai 2004,
Le Ministre-Président du Gouvernement de la Région
de Bruxelles-Capitale chargé des Pouvoirs locaux, de l'Aménagement du
Territoire, des Monuments et Sites, de la Rénovation Urbaine et de la
Recherche Scientifique,
Jacques SIMONET
Le Secrétaire d’Etat à la Région de
Bruxelles-Capitale chargé de l’Aménagement du Territoire, des
Monuments et Sites et du Transport rémunéré des personnes,
Willem DRAPS
retour
haut de page
|
ANNEXE II A L' ARRETE DU GOUVERNEMENT DE LA
REGION DE BRUXELLES-CAPITALE CLASSANT COMME SITE LE KAUWBERG, DELIMITE PAR LA LIGNE DE
CHEMIN DE FER DE BRUXELLES À HAL, LA CHAUSSÉE DE
SAINT-JOB, L'AVENUE DOLEZ. L'AVENUE DE LA CHÊNAIE ET L'AVENUE
PASTUR A UCCLE
DELIMITATION DE LA ZONE DE PROTECTION

|
Partie hachurée = objet du classement
Ligne noire = zone légale de protection
Vu pour être annexé à l'arrêté du 27 mai 2004,
Le Ministre-Président du Gouvernement de la Région de
Bruxelles-Capitale chargé des Pouvoirs locaux, de l'Aménagement du
Territoire, des Monuments et Sites, de la Rénovation Urbaine et de la
Recherche Scientifique,
Jacques SIMONET
Le Secrétaire d’Etat à la Région de Bruxelles-Capitale
chargé de l’Aménagement du Territoire, des Monuments et Sites et du
Transport rémunéré des personnes,
Willem
DRAPS
retour
haut de page
|
pour
information : ci-dessous le communiqué à la presse du Ministre Draps
ce 27 mai 2004
Ce texte n'émane pas de SOS Kauwberg et sera remplacé par l'arrêté
de classement officiel lorsqu'il paraîtra au Moniteur belge
Kauwberg :
la procédure de classement a abouti – fin d’une trop longue saga
Willem
Draps offre un protection en béton à ce site semi-naturel
Ce
jeudi 27 mai 2004, à l’initiative du Secrétaire d’Etat en charge
des Monuments et Sites, Willem Draps, le
Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale a définitivement classé
comme site le Kauwberg,
délimité par la ligne de chemin de fer de Bruxelles à Hal, la chaussée
de Saint-Job, l’Avenue Dolez, l’Avenue de la Chênaie et l’Avenue
Jacques Pastur à Uccle. L’ouverture de la procédure de classement
remonte à juillet 2002.
Un premier
classement comme site intervient en avril
1994 et porte sur 32 ha. Sur recours de propriétaires
estimant que la délimitation de la zone d’étendue de classement
n’avait pas suffisamment tenu compte de la richesse et de la
biodiversité du lieu , le Conseil d’Etat annule l’arrêté de
classement le 7 mars dernier. En sus du classement contesté, le PRAS
définit, en juin 2001, une zone
verte de 54 ha. Cette affectation au PRAS, qui constitue un
premier verrou contre les projets immobiliers
qui menacent le site, fait l’objet
de recours en suspension ou en annulation : les 5
recours en suspension ont tous été rejetés par le Conseil
d’Etat. , présage positif pour les recours pendants en annulation.
Une étude
a immédiatement été commandée par Willem Draps, au lendemain de
l’annulation du classement par le Conseil d’Etat. Réalisée en mai
dernier par le professeur Martin Tanghe, membre de
la Commission Royale des Monuments et Sites, elle a été transmise au
Service des Monuments et Sites. La conclusion
est sans appel, et largement argumentée tant au niveau
historique, qu’esthétique ou scientifique : le Kauwberg est un
site exceptionnel et mérite d’être classé.
‘Les
espaces verts (bois, réserves naturelles et parcs) représentent 25 %
de la superficie du territoire bruxellois, soit 3.965 hectares sur les
16.140 hectares que compte la Région. Préserver
ces espaces, c’est agir sur un des facteurs déterminants pour la
qualité de vie du citoyen bruxellois. En ce qui concerne le
site du Kauwberg, j’ai toujours eu la conviction que le combat mené
tant par les mandataires communaux que par le milieu associatif ou les
riverains était un combat légitime. Ces 20 ans
d’opiniâtreté aboutissent
aujourd’hui au verrouillage complet de toute initiative visant à réduire
à néant leurs attentes. C’est avec fierté que je prends le relais
pour accomplir le dernier tronçon de cette course d’obstacles. Le Kauwberg réputé pour sa biodiversité,
ses qualités esthétiques, sa richesse écologique ou son intérêt
paysager, est aujourd’hui doublement protégé par le PRAS et le
classement de l’ensemble de sa superficie (54h)’ souligne
Willem
Draps .
Détails
Situé au Sud
d'Uccle et faisant partie de l’ancienne forêt charbonnière, ce vaste
plateau participe au paysage ancestral bruxellois. Dès l'époque de
Charles Quint, on entreprit l'abornement de la forêt domaniale pour prévenir
les empiétements toujours possibles des propriétaires riverains et
surtout des nombreuses communautés religieuses établies dans la forêt.
Une de ces bornes, extrêmement rares, se retrouve au Kauwberg, près de
l'avenue de la Chênaie. Défriché et exploité de manière intensive dès
la première moitié du XIXe siècle, le site du Kauwberg occupe une
colline de 100 mètres d'altitude qui descend progressivement vers le
Geleytsbeek, petit affluent de la Senne. Cette colline de sable fut
exploitée comme carrière de 1920 à 1960 laissant une profonde
excavation, colonisée localement par une intéressante végétation
pionnière. Livré aux cultures et au pâturage, ce site fut peu à peu
abandonné et évolua vers un milieu semi-naturel constitué de fourrés,
de friches à hautes herbes, de prairies fauchées ou pâturées, de
prairies humides, de prairies pauvres, de landes à genêts et de
jardins potagers. Sa faune et sa flore sont largement composées d'espèces
indigènes parfois fort rares. De nombreux mammifères peu communs, tels
le rat des moissons, le campagnol souterrain ou le renard qui réinvestit
progressivement la ville, trouvent ici un site particulièrement propice
à leur développement. Le Kauwberg abrite également une importante
population d'oiseaux qui y trouvent tantôt une halte migratoire tantôt
un lieu de reproduction et de nourrissage. |
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