ANNEXE 1 A L'ARRETE DU GOUVERNEMENT DE LA
REGION DE BRUXELLES-CAPITALE ENTAMANT LA PROCEDURE DE CLASSEMENT COMME
SITE DU KAUWBERG, DELIMITE PAR LA LIGNE DE CHEMIN DE FER DE BRUXELLES A
HAL, LA CHAUSSEE DE SAINT-JOB, L'AVENUE DOLEZ, L'AVENUE DE LA CHENAIE ET
L'AVENUE J. PASTUR A UCCLE. .
Réf. cadastrale: 2ème division, section
D, 5ème feuille, parcelle 164d ; 4ème division, section E, 3ème
feuille, parcelles n° 306, 376 a2, 376 b2, 375b; 4ème division,
section E, 4ème feuille, parcelles n° 26 (Kauwberg), 351 a, 357b, 358
a2, 358r, 358s, 358t, 358z, 359d, 360k, 369m, 370, 371f, 371k, 372b,
373a, 373b, 374a, 374b, 374c, 377d, 3778, 377f, 377g, 377h, 377k, 378,
379f; 4ème division, section H, 7ème feuille, parcelles n° 56L9,
56n9, 56m9, 57a4, 57n3, 57p3, 57y3, 57z3, 58f4; 4ème division,
section H, 12ème feuille, parcelles n° 490f23, 490z22, 56L7, 56s3,
56s7, 56t7.
Description sommaire:
Situé au Sud d'Uccle, ce vaste plateau
participe au paysage ancestral bruxellois. Il faisait partie de
l'ancienne forêt charbonnière. Dès l'époque de Charles Quint, on
entreprit l'abornement de la forêt domaniale pour prévenir les empiétements
toujours possibles des propriétaires riverains et surtout des
nombreuses communautés religieuses établies dans la forêt. Une de ces
bornes, extrêmement rares, se retrouve au Kauwberg, près de l'avenue
de la Chênaie.
Défriché et exploité de manière
intensive dès la. première moitié du XIXe siècle, le site du
Kauwberg occupe une colline de 100 mètres d'altitude qui descend
progressivement vers le Geleytsbeek, petit affluent de la Senne. Cette
colline de sable fut exploitée comme carrière de 1920 à 1960 laissant
une profonde excavation, colonisée localement par une intéressante végétation
pionnière. Livré aux cultures et au pâturage, ce site fut peu à peu
abandonné et évolua vers un milieu semi-naturel constitué de fourrés,
de friches à hautes herbes, de prairies fauchées ou pâturées, de
prairies humides, de prairies pauvres, de landes à genêts et de
jardins potagers. Sa faune et sa flore sont largement composées d'espèces
indigènes parfois fort rares. De nombreux mammifères peu communs, tels
le rat des moissons, le campagnol souterrain ou le renard qui réinvestit
progressivement la ville, trouvent ici un site particulièrement
propice. Le site abrite également une importante population d'oiseaux
qui y trouvent tantôt une halte migratoire tantôt un lieu de
reproduction et de nourrissage.
Le Kauwberg mérite le classement comme
site suivant un périmètre qui englobe non seulement le pentagone
compris entre la ligne de chemin de fer n026, la chaussée de Saint-Job,
l'avenue Dolez et l'avenue de la Chênaie, mais aussi le triangle situé
à l'est de l'avenue Dolez et limité par les avenues du Directoire,
Bonaparte et Pastur. L'ensemble forme un quadrilatère couvrant une
surface d'environ 50 ha.
Intérêt présenté par le bien selon
les critères définis à l'article 2, 1°de l'ordonnance du 4 mars 1993
relative à la conservation du patrimoine immobilier
Bref historique du Kauwberg et statut écologique
actuel
Comme en témoignent les cartes
topographiques du XVIIIe siècle et les toponymes de « Coudenberge
Bosch» «< Bois de Froidmont») et « Heyde » (lande ou bruyère)
qu'elles mentionnent, le Kauwberg était un espace boisé entrecoupé de
landes. Il faisait partie de la zone de forêt secondaire précédant la
forêt domaniale de Soignes. Contrairement toutefois à cette dernière,
constituée de hautes futaies (hêtraie mélangée), il s'agissait d'un
peuplement ligneux bas et clair, selon toute vraisemblance un taillis de
chêne-bouleau soumis aux usages de la population rurale environnante.
Peu après 1830, le plateau du Kauwberg
est défriché et livré à la culture qui persistera jusqu'au lendemain
de la seconde guerre mondiale.
La végétation de friche postculturale
ainsi que les terrains déblayés et remaniés par l'industrie
d'extraction du sable et de l'argile à briques évolueront soit vers la
prairie sous l'influence d'un pâturage plus ou moins intensif, soit
vers les fourrés et bosquets feuillus en l'absence d'intervention
humaine.
Mis en attente d'une utilisation différée
par son statut de « zone de réserve» au plan de secteur, le Kauwberg
a évolué spontanément vers un paysage végétal à nouveau plus
sauvage par abandon ou desserrement de l'intervention humaine
Si l'on se réfère à la classification
proposée par WESTHOFF (1972)11 des degrés
d'artificialisation (ou, au contraire, de naturalité) du paysage végétal,
celui du Kauwberg peut être qualifié de semi-naturel dans la mesure où
sa structure a été fortement modifiée par rapport à la végétation
forestière originelle, mais sa flore est composée en grande partie
d'espèces sauvages, indigènes, de même ailleurs que la faune qui y
est subordonnée.
Par ailleurs, le Kauwberg est un espace
rural relictuel englobé dans le tissu urbain puisqu'il a conservé en
partie sa structure paysagère et son utilisation du sol anciennes, étrangères
à celles de la ville proprement dite.
Les fonctions écologiques du Kauwberg
Les caractéristiques définies ci-dessus
font que le Kauwberg , comme d'autres « restes de campagne» dans la
ville, exerce un nombre particulièrement élevé de fonctions
essentiellement écologiques.
Quelles sont- elles dans le cas d'un
espace vert en partie rural et semi-naturel en milieu urbain et en quoi
diffèrent-elles de celles d'un parc ou d'un jardin publics?
Dans une vision anthropocentrique de
notre monde, les fonctions de l'environnement naturel sont les diverses
manières suivant lesquelles celui-ci satisfait aux besoins
individuels et collectifs de la société
humaine. VAN DER MAAREL, & DAUVELLIER (1978) en dressent un
inventaire détaillé bien que non exhaustif et montrent qu'elles se
rapportent finalement à quatre types fondamentaux: production, support,
régulation et information.
L'utilisation de l'environnement naturel
à la réception de l'habitat, de l'industrie, des voies de
communication et aires de stationnement, spécifique du milieu urbain,
de même que l'extraction de matériaux dans des carrières à ciel
ouvert, représentent des aspects « durs» et destructeurs des
fonctions de support et de production abiotique. Le premier ne concerne
encore qu'une faible surface au Kauwberg ; quant au second, il
appartient au passé du site et ses traces, aujourd'hui partiellement
cicatrisées, font partie de la mémoire du site, au même titre
d'ailleurs que les fosses ayant abrité les unités de défense antiaérienne
de l'armée britannique en 1945.
Par contre, la production biotique,
l'information, la régulation et même le support à la récréation
peuvent être qualifiés d'écologiques, puisque directement en rapport
avec l'exploitation des ressources naturelles renouvelables, propres au
site.
Dans son état actuel, îlot de campagne
dans la ville, espace vert non organisé, le site du Kauwberg assume
simultanément et sans interférence majeure, l'ensemble des fonctions
écologiques.
(1. Cette classification qui utilise les critères
qualitatifs de structure et de composition floristique de la végétation,
comporte trois degrés principaux: est considérée comme naturelle, une
végétation qui n'a pas été perturbée par l'homme; une végétation
artificielle est caractérisée par une structure différente de celle
de la végétation naturelle et par une flore exotique maintenue
uniquement grâce à la culture intensive; et on qualifie de
seminaturelle, une végétation dont la structure a été modifiée.
mais dont la flore, bien que différente de "originelle, est composée
d'espèces indigènes favorisées par les modalités de l’agriculture
extensive)
Fonction de production biotique:
. Horticulture de loisir: localisée en périphérie
du site, elle répond actuellement aux besoins de la population uccloise
locale, mais pourrait intervenir au niveau de la fonction éducative
sous forme de « jardins scolaires» permettant aux enfants de s'initier
à l'environnement naturel par la pratique du jardinage, suivant les modèles
du «Delftse Hout» et de « Haagse Kindertuinen » aux
Pays-Bas.
. Elevage de loisir: si l'élevage économique
n'a pas sa place dans l'environnement urbain, le maintien d'une certaine
production herbagère sous forme de prairies pâturées
et fauchées, peut très bien se
justifier par le désir d'une partie de la population citadine.
d'entretenir des chevaux d'équitation, poneys, moutons et chèvres; ici
aussi, à défaut d'une « ferme pédagogique », le lien avec la
fonction éducative est évident au travers des contacts entre les
enfants et les animaux domestiques.
. Production sylvicole et de biomasse :
pour interrompre par endroits la recolonisation
forestière spontanée et assurer le
maintien de la structure bocagère du site conditionnant la richesse et
l'abondance de son avifaune, il est indispensable de couper périodiquement
les fourrés et taillis ce qui, par la même occasion, peut conduire à
la production de bois de feu et de compost de broussailles.
. Production fruitière: le Kauwberg
produit quantité de fruits sauvages, mûres, framboises, noisettes,
etc., mais l'arboriculture fruitière pourrait y être développée par
la création de vergers de variétés anciennes y compris le cerisier de
Schaerbeek qui existe déjà dans le site.
. Production de plantes médicinales: sur
les quelque deux cents plantes sauvages recensées, beaucoup ont des
propriétés médicinales et sont gratuitement à la disposition de ceux
qui sont capables de les reconnaître et de les utiliser.
Fonction de support à la récréation:
Le Kauwberg assure cette fonction
lorsqu'il sert uniquement de cadre paysager et de substrat pour les
activités récréatives des citadins, soit, dans un ordre d'incidence
Comme le Scheutbos et d'autres espaces
ruraux relictuels, le Kauwberg acquiert d'ailleurs une importance
particulière à cet égard dans l'optique du développement durable. En
effet, ils permettent de décharger d'une partie de leur fréquentation,
des espaces verts classés plus sensibles comme les parcs historiques et
la forêt de Soignes.
Fonction de régulation:
Au Kauwberg, elle est liée d'une part à
l'importance de la surface occupée par la végétation et à la
biomasse de celle-ci, d'autre part à la composition du sol largement
sablo-limoneux et filtrant; elle s'exerce de diverses manières,
notamment
. purification de l'atmosphère urbaine,
non seulement grâce à la filtration des poussières et polluants par
la végétation, mais aussi grâce à la production d'oxygène par la
photosynthèse;
. stabilisation: le couvert végétal du
Kauwberg protège évidemment le sol contre l'érosion, mais il joue
aussi un rôle de tampon climatique grâce à la production de vapeur
d'eau, la régulation de la température et le ralentissement du vent.
. infiltration de l'eau: grâce à son
couvert végétal continu et ses sols perméables, le site du Kauwberg
permet l'infiltration d'un quart à un tiers des précipitations (R.
ROSSEELS, 1988)2.Ce la sorte, il contribue non seulement à
la limitation du ruissellement, mais aussi à la conservation des
ressources aquifères de la région.
Fonction d'information:
. Education: concernant tous les niveaux
de formation, de la vulgarisation grand public à l'enseignement supérieur,
la fonction éducative du Kauwberg a trait non seulement à ses
ressources naturelles spécifiques et différentes de celles des espaces
verts urbains classiques (parcs et jardins publics), à savoir ses
flore, végétation et faune sauvages, ses écotopes semi-naturels variés,
ses sols et son sous-sol, mais elle se rapporte aussi à l'histoire de
son utilisation par l'homme et la genèse du paysage brabançon dont l'évolution
est jalonnée par des témoins matériels sur le terrain (anciens
chemins et bornes, chapelles, vieilles fermes, etc.) et des documents écrits
comme les cartes topographiques de diverses époques (par
exemple: FERRARIS, 1775 ; WAUTIER, 1801 ; LC.M., 1880).
Mieux que les réserves naturelles,
refuges fragiles de flores et faunes rares dont la sauvegarde est
indispensable, mais que l'on ne peut ouvrir sans risque de dommages irréparables
à un public non averti, l'écosystème du Kauwberg, plus ou moins
fortement influencé par l'homme, répond aux besoins d'une pédagogie
active qui n'est efficace que si elle permet de toucher, récolter
et analyser. C'est à ce titre aussi, c'est-à-dire pour l'enseignement
des sciences naturelles, en particulier la biologie et l'écologie, que
le Kauwberg constitue véritablement un espace vert utilitaire.
Enfin, comme laboratoire de plein air, le
Kauwberg bénéficie d'un avantage essentiel par sa situation dans
l'agglomération urbaine même où la densité des utilisateurs,
c'est-à-dire les institutions d'enseignement, est la plus forte;
elle apporte une solution économique et pratique au problème de
l'organisation de déplacements en groupe.
. Recherche scientifique: outre l'intérêt
qu'il revêt dans le cadre des programmes de
recensement cartographique permanent de
la flore, de la fonge et de la faune sauvages comme ceux de
l'Amicale Européenne de Floristique (A.E.F.) et de la Fédération des
Banques de Données (FBDB), de même que comme objet de la recherche en
écologie (communautés végétales, succession dynamique, relations
plantes-sols, etc.), le Kauwberg représente aussi un ensemble de
populations locales de plantes sauvages dont l'originalité génétique
pourrait être d'autant plus marquée qu'elles sont isolées géographiquement
(cas notamment des espèces les plus rares comme Polygala vulgaris,
Trifolium medium, Pimpinella saxifraga, Valeriana repens, etc.) ,.
dans l'optique de la recherche en génétique fondamentale (spéciation)
ou appliquée (amélioration de plantes médicinales), le Kauwberg
assure donc la fonction de réservoir génétique.
. Orientation: le paysage végétal du
Kauwberg offre au citadin le moyen de se repérer
dans le temps, en particulier dans le déroulement
des saisons, grâce à la succession immuable des divers événements déterminant
ce que les écologues appellent les phénophases ; par exemple, pour des
espèces dominant le paysage, la séquence des floraisons des
prunellier, merisier, aubépine, genêt, sureau noir, épilobe en épi;
mais le simple spectacle de la campagne et des activités agricoles et
pastorales qui s'y exercent encore et pourraient y être redeveloppées
peuvent aider aussi l'habitant de la ville à retrouver ses racines.
. Source d'inspiration à l'expression
artistique: au Kauwberg, elle découle non seulement de ses richesses
naturelles, flore, faune, mais aussi du pittoresque de ses
perspectives paysagères, lié au mouvement du relief, à la structure
diversifiée de sa végétation et peut-être par-dessus tout à
l'altitude et à l'étendue du site qui protègent son paysage visuel
des constructions en hauteur indiscrètes et conservent son ambiance
campagnarde.
(2Plus précisément la
pluviométrie efficace équivalent à la pluviométrie totale
moins l'évapotranspiration)
INTERET DU SITE
L'examen qui précède des différentes
fonctions passées et présentes du site du Kauwberg permet de mettre en
évidence les divers éléments de sa valeur patrimoniale. Logiquement,
ils relèvent tous de la fonction d'information.
Intérêt esthétique (paysager):
En première approche, il s'agit du
paysage rural bocager dont l'intérêt scénique est lié non seulement
au mouvement du relief et à la structure du couvert végétal,
alternance de prairies ouvertes, haies, bosquets et chemins creux, mais
aussi certainement à l'altitude. (100 hl à hauteur du cimetière
d'Uccle) et l'étendue qui protègent les perspectives visuelles des
constructions en hauteur et conservent l'ambiance campagnarde.
En outre, à quelques km à peine du
centre urbain densément bâti et dans un contexte d'urbanisation
soutenue, le paysage rural relictuel que constitue le Kauwberg acquiert
une valeur ajoutée d'espace rare et précieux, au même titre
d'ailleurs que les sites classés du Scheutbos (Molenbeek), Zavelenberg
(Berchem-Sainte-Agathe), Hof-terMusschen (WoluweSaint-Lambert), Val du
Bois des Béguines ( Neder-Over-Heembeek).
Intérêt scientifique (biologique et écologique)
:
En deuxième analyse, la flore, la végétation
et la faune qui est inféodée à celles-ci constituent un autre élément
patrimonial du site.
Flore
Suivant un inventaire non exhaustif de la
fin des années 1980 (TANGHE,1986), les plantes vasculaires, c'est-à-dire
les plantes à fleurs (phanérogames) et les cryptogames vasculaires
(fougères et prêles) totalisent 170 espèces. Compte tenu des parties
non investiguées du site, des espèces nouvelles recensées entre 1986
et 2002, mais aussi de la perte temporaire de certaines espèces en
l'absence de gestion conservatoire, on peut évaluer la flore totale des
plantes vasculaires à environ 200 espèces. Une trentaine
d'entre-elles, soit environ 15%, peuvent être considérées comme rares
à assez rares pour la Région de Bruxelles-Capitale.
D'après la « liste rouge» en projet
(SAINTENOY-SIMON, 2002), une quinzaine d'espèces qui ne comptent que de
1 à 10 localités dans la Région faisaient partie de l'inventaire de
1986 complété des données de 2002 ; il s'agit de Carex disticha, Cerastium
arvense*, Cerastium semidecandrum*, Festuca filiformis*, Gnaphalium
sylvaticum, Jasione montana*, Ornithopus perpusillus*, Polygala
vulgaris, Ranunculus bulbosus*, Solidago virgaurea*, Salix
atrocinerea*, Trisetum flavescens*, Trifolium medium, Juncus subnodulosus*,
Myosotis ramisissima*, auxquelles il faut ajouter Pimpinella
saxifraga et Scleranthus annuus. Les espèces marquées d'un astérisque
sont toujours présentes suivant un recensement partiel du printemps
2002, soit 10 sur 15 ; tandis que celles non observées et apparemment
disparues du site sont, au moins en partie, récupérables grâce à des
mesures de gestion appropriées (débroussaillage, fauche fréquente, étrépage
superficiel, etc.), susceptibles de remettre en évidence le potentiel
grainier du sol.
Quant aux autres groupes systématiques
de plantes chlorophylliennes, seuls les bryophytes ont fait l'objet d'un
survey général sur le territoire de la Région de Bruxelles-Capitale
(VANDERPOORTEN, 1997). Au lieu d'être fournis par site individuel, les
résultats de l'inventaire sont donnés sous forme de cartes en réseau
à mailles kilométriques. Sous réserve de l'incertitude liée au mode
cartographique, le nombre d'espèces de mouses et hépatiques qu'abrite
le Kauwberg avoisinerait les 80, soit 3 5 % du nombre total d'espèces
rencontrées sur les 55% du territoire de la Région.
Végétation
D'une part, les sols de texture variée,
tantôt sableux, tantôt argilo-limoneux, associés à l'existence de
sources et criques de suintement, d'autre part, les modalités et
l'intensité variables de l’intervention humaine, engendrent une
grande variété de stations écologiques auxquelles correspondent
autant de groupements végétaux. Suivant la typologie non exhaustive. dégagée
d'une cinquantaine de relevés phytosociologiques complets effectués
entre 1973 et 1996, plus de 20 associations végétales ont été
identifiées dont les plus remarquables et caractéristiques, parmi les
formations herbacées, sont lès suivantes, selon un gradient croissant
d'humidité du milieu
- pelouse maigre, arénicole, xérophile
et acidophile à Festuca filiformis, Agrostis capillaris, Rumex
acetosella et Jasione montana;
- prairie fauchée-pâturée assez
maigre, limonicole, mésohygrophile et acidophile à Agrostis
capillaris, Anthoxanthum odoratum, Festuca rubra et Luzula campestris;
- prairie pâturée assez grasse,
limonicole, mésohygrophile et neutrocline à Lolium perenne,
Trifolium repens, Trifolium pratense, Anthoxanthum odoratum et
Ranunculus bulbosus ;
- prairie fauchée-pâturée assez
grasse, limonicole, hygrocline et acidocline à Holcus lanatus,
Lolium perenne, Trifolium repens et Ranunculus acris;
- magnocariçaie ou prairie marécageuse,
humicole et neutrocline à Carex acutiformis, Cirsium
oleraceum, Equisetum palustre, Juncus effusus et Lychnis
flos-cuculi;
- jonçaie humicole, rhéohygrophile
et neutrocline à Juncus subnodulosus, Carex acutiformis et
Equisetum telmateia.
- groupements rhéohygrophile d'eau
claire courante à Glyceria notata, Veronica beccabunga et
Nasturtium officinale; et d'eau courante eutrophisée à Glyceria
maxima;
- éléments de roselière marécageuse
à Typha latifolia ;
- groupement hydrophytique à Lemna
minor et Lemna trisulca ;
- Saulaie marécageuse et rhéohygrophile
à Salix alba, et Equisetum telmateia
Les deux premiers groupements ont ceci de
remarquable, non seulement dans le contexte de la Région, mais aussi
celui de la Belgique, c'est qu'ils sont soustraits à l'eutrophisation généralisée
de l'environnement et que, comme herbages peu productifs, caractéristiques
des sols assez maigres ou méso-oligotrophes, ils sont les témoins du
paysage écologique passé, soumis à l'exploitation extensive. Ce type
de prairie est en voie de régression généralisée, à telle enseigne
qu'il est repris dans la liste des habitats naturels visés à l'annexe
1 de la Directive européenne 92143/CEE, sous la dénomination «38.2.
Prairies maigres de fauche de basse altitude».
En l'absence d'entretien, c'est-à-dire
d'interventions interrompant l'embroussaillement, l'enfrichement ou
l'extension de plantes envahissantes et compétitives, tant indigènes
(laîche des marais, épilobe hérissé, prunellier, etc.) qu'exotiques
(cerisier tardif), certains de ces groupements ont évolué vers des
stades dynamiques floristiquement appauvris et moins caractéristiques.
C'est le cas surtout des associations 1, 2 et 5. Les groupements 1 et 5
occupant des surfaces bien localisées, peuvent certainement être
restaurés et retrouver leur composition caractéristique grâce à la
mise en oeuvre d'interventions
Quant au groupement 2, s'il a disparu des
localités d'où proviennent ses observations remontant à 10 ou 20 ans,
il est toujours bien représenté en d'autres endroits, tant dans la
partie extrême sud (avenue de la Chênaie) pâturée par les chevaux,
que dans la vaste zone herbeuse pâturée par les bovins au nord-ouest où
il occupe systématiquement les bombements, crêtes et ressauts soumis
à la dessiccation estivale et soustraits à l'eutrophisation.
Faune
La littérature déjà abondante consacrée
au site du Kauwberg renferme bien entendu des données sur les différents
groupes systématiques d'animaux présents dans le site, comme les
mammifères, les oiseaux et les invertébrés [araignées, myriapodes,
diptères, hyménoptères, hémiptères, coléoptères, orthoptères, lépidoptères
ou papillons]. Mais seule l'avifaune, sans doute la plus perceptible, a
fait l'objet d'une étude suivie dans le temps et suffisamment
approfondie. Selon de WAVRIN (1991), qui prend en compte les oiseaux qui
nichent dans le site, ceux qui s'y nourrissent même en vol et ceux qui
s'y arrêtent, le Kauwberg compte pas moins de 73 espèces. Cette
richesse remarquable est liée non seulement à l'étendue de l'espace
vert et à sa relative tranquillité, mais aussi à la diversité
structurale de son couvert végétal, mosaïque de jardins potagers,
prairies, friches, ronciers, fourrés épineux et bosquets offrant à la
fois nourriture, lieu de repos et abri pour les nichées.
Le Kauwberg, zone centrale du réseau écologique
Les points précédents relatifs au
paysage visuel et aux ressources biologiques et écologiques du Kauwberg
ont trait à la valeur intrinsèque de celui-ci. Mais le site revêt
aussi une valeur extrinsèque qu'il doit à son intégration à une
structure spatiale atteignant et dépassant le niveau régional, à
savoir le réseau vert écologique.
La volonté exprimée dans les textes du
PRO de la Région de Bruxelles-Capitale dès 1994 (Avis de la CRD
relatif au projet de PRO - 29-10-1994) de promouvoir le réseau vert à
fonction écologique et sociale fut traduite dans une carte indicative
accompagnant le PRAS, version 2002. Dans les principes, le réseau écologique
conçu comme un « réseau interconnecté d'écotopes» (TANGHE ,1993)
est constitué d'un ensemble de zones centrales ou zones noyaux reliées
entre elles par des éléments de liaison plus ou moins linéaires
s'appuyant éventuellement sur des éléments relais ou des zones de développement.
Il apparaît que le Kauwberg, à l'instar
des autres espaces verts semi-natures, de quelque étendue comme le
Kinsendael, le Vogelzang, le Zavelenberg, le Scheutbos, le Val du Bois
de Béguines, le Hof-ter-Musschen, le plateau de la Foresterie, etc.,
exerce la fonction capitale de zone noyau du réseau écologique régional.
Son intérêt écologique s'en trouve donc amplifié.
Intérêt historique:
Si le Kauwberg ne peut se prévaloir
d'aucun élément construit ancien de quelque importance et digne d'intérêt,
il recèle cependant un certain nombre de restes et d'artefacts, témoins
de l'utilisation du sol passée et d'événements historiques.
L'élément le plus remarquable est sans
doute la borne de pierre marquée de la croix de Bourgogne, reste
rarissime de l'abornement de la forêt domaniale de Soignes ordonné par
Charles Quint dès 1520. Elle marque encore la limite de la forêt avant
qu'elle ne fut lotie et défrichée à partir de 1831 (PIERRARD, 1991).
Parmi les anciens sentiers qui traversent le site et qui semblent
converger vers l'a chapelle Hauwaert construite en 1760, le long de
l'avenue Dolez, l'un d'eux orienté nord-sud s'enfonce profondément en
un chemin creux ombragé par une double haie de charme. Son origine est
très
ancienne, puisqu'il est déjà mentionné
sur une carte topographique levée en 1650 à la demande du baron de
Carloo (BARTIER-DRAPIER et aL, 1958).
Enfin, hormis les traces de l'industrie
extractive, c'est-à-dire la sablière et les excavations de la
briqueterie, on ne peut négliger les vestiges de la guerre de 1940-45
qui parsèment les Kauwberg sous la forme de petits cratères entourés
de buttes circulaires. Il s'agit des trous, au nombre d'une douzaine,
ayant abrité les batteries de défense anti-aérienne de, l'armée
britannique, dirigée contre les bombes volantes VI et V2 de l'offensive
allemande, de fin 1944 à début 1945 (DE BROUWER 2002).
CONCLUSION
Le site du Kauwberg est un espace vert
semi-naturel et comme tel, nécessite une intervention humaine soutenue
(fauche, pâturage extensif, contrôle du boisement spontané), seule
capable de garantir la conservation non seulement de ses ressources en
vie sauvage, mais aussi de l'intérêt qu'il revêt comme paysage rural
de type bocager.
Malgré la dérive de certaines parties
du site soustraites au pâturage et livrées à la colonisation débridée
de plantes herbacées ou ligneuses envahissantes, à cause de
l'opposition des propriétaires à la mise en oeuvre du plan de gestion
(COUVREUR, 1994), le site a conservé sa valeur patrimoniale. Celle-ci
s'exprime principalement en termes historiques (évolution de
l'utilisation du sol, témoins du passé,...), esthétiques (scénographie
paysagère), biologiques (diversité de la flore et de la faune
sauvages) et écologiques (valeur intrinsèque par la diversité des écosystèmes;
valeur extrinsèque comme zone centrale du réseau écologique régional).
En ce qui concerne les éléments momentanément perdus du patrimoine
biologique, en particulier certaines espèces et communautés végétales
rares pour la Région, l'expérience a prouvé qu'ils sont récupérables
grâce à des interventions de gestion restauratoire et l'expression du
potentiel semencier du sol.
Vu pour être annexé à l'arrêté du 18
-07- 2002
Le Ministre-Président du Gouvernement la
Région de Bruxelles-Capitale chargé des Pouvoirs locaux, de l'Aménagement
du Territoire, des Monuments et Sites, de la Rénovation Urbaine et de
la Recherche Scientifique,
François-Xavier de DONNEA
Le Secrétaire d'Etat à la Région de
Bruxelles-Capitale chargé de l'Aménagement du Territoire, des
Monuments et Sites et du Transport rémunéré des personnes
Willem DRAPS
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