saga des classements
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Ci-dessous  vous trouverez l'historique des classements du Kauwberg, 
le discours de Willem Draps à la fête du 23 juin,
la question parlementaire de Marc Cools en commission régionale d'aménagement du territoire suivie par la réponse de Willem Draps
Le texte de l'arrêté régional entamant la nouvelle procédure de classement et son annexe indiquant les motifs de ce nouveau classement. Ces deux textes ont de nombreux paragraphes communs avec l'arrêté de classement de 2004

La saga du classement du Kauwberg

Début 1989, une pétition rassemblant 10.000 signatures est remise au Ministre national chargé de la Région bruxelloise.

En mars 1989, l'exécutif de la Région ouvre une procédure de classement pour l'entièreté du Kauwberg.

Le dossier traîne ensuite plusieurs années, la volonté politique n’est pas de faire avancer le dossier du classement. Las de cette situation, SOS Kauwberg organise, fin 1993, la campagne "Classement Maintenant" pour faire pression sur le pouvoir politique qui laisse dormir la procédure de classement, entamée en 1989, et qui arrive à son terme le premier mai 1994. Passée cette date la procédure doit être reprise à zéro. Plus de 10.000 cartes postales réclamant le classement du Kauwberg sont envoyées par des particuliers au Ministre-Président Charles PICQUE.

Le 28 mars 1994, le gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale classe 22 ha du Kauwberg.

Des propriétaires du Kauwberg introduisent un recours au Conseil d’Etat en septembre 1994.

Nous apprenons fin août 2001 que l’auditeur du Conseil d’Etat a rendu son avis en mars 2001, que cet avis est favorable à l’annulation du classement car les auteurs de l’arrêté ont « oublié » de justifier dans leurs attendus qu’ils ne classaient « que » 22 ha. Chacun sait pourtant que c’était le résultat de subtils dosages politiques.

En septembre 2001 nous lançons une pétition pour réclamer un nouveau classement. Cette pétition suit toujours son cours en 2002.

Le 7 mars 2002 le Conseil d’Etat suit l’avis de son Auditeur et déclasse le Kauwberg. (voir pages 2/1 à 2/10, les arguments favorables à l’annulation sont en gras)

Le 19 mars 2002 Willem Draps, Secrétaire d'Etat chargé de l'Aménagement du territoire, des  Monuments et Sites et du Transport rémunéré des Personnes, demande à la Commission des Monuments et des Sites d’établir un nouvel arrêté de classement. La zone concernée comprend dans une large mesure la zone verte du PRAS.

SOS kauwberg apprend le 29 mai que l’arrêté serait visible sur le site internet du Conseil d’Etat.

Le 30 mai nous téléchargeons le texte de l’arrêté et découvrons l’annulation du classement.

Le même jour, nous communiquons ce fait aux échevins ucclois.

Le 5 juin Marc Cools, Député régional, Echevin ucclois, nous répond qu’il introduit une demande de question orale au Ministre Draps. (voir page 3)

Le 19 juin 2002 Willem Draps répond à Marc Cools (voir page 4).

Le 23 juin 2002 Willem Draps communique sa décision lors de la fête de SOS Kauwberg.

L'arrêté entamant une nouvelle procédure de classement est voté le 18 juillet 2002

Le 25 mai 2004 nous transmettons notre dernière pétition au Ministre Draps pour appuyer le classement qui est décidé le 27 mai 2004 par le Gouvernement régional.

Fin de la saga du classement

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Intervention de Willem Draps le 23 juin 2002 au Parc de la Sauvagère

C’est évidemment avec beaucoup de plaisir que je viens ici m'associer au 15e anniversaire de votre action, l'association S.O.S. Kauwberg.

Je n'aurais effectivement manqué sous aucun prétexte le fait de pouvoir venir ici aujourd’hui vous expliquer finalement dans quelle situation est le Kauwberg, et être à vos côtés dans l'opiniâtreté du combat que vous avez mené maintenant depuis quinze ans pour sauver cet exceptionnel espace vert.

En effet cette date est évidemment importante, et au cours de ces quinze années votre association a eu le temps de prendre de l’envergure, de la consistance, de donner de la mesure de ses ambitions et de témoigner de la volonté d’aboutir.

Le jeu en vaut la chandelle car depuis quinze ans vous avez déployé des trésors d'ingéniosité et d'efforts pour assurer la défense et la sauvegarde d'un des plus remarquables sites de la région de Bruxelles-capitale, un site naturel de 53 ha, réputé pour sa biodiversité, ses qualités esthétiques, sa richesse écologique et son intérêt paysager.

Je ne vais pas ici passer, comme vous le faites dans la petite revue qui est distribuée aujourd'hui, passer en revue, dis-je, les multiples épisodes juridiques qui depuis pas mal de temps émaillent l'histoire du Kauwberg. Ce site a en réalité toujours été un symbole de la lutte entre ceux qui voulaient l'urbaniser dans un objectif de rentabilité et ceux qui mettaient tout en œuvre, comme vous, pour assurer, au sein de notre région, la conservation d'un espace vert exceptionnel.

Il faut savoir que Bruxelles, de toutes les grandes capitales européennes, est assurément l'une des plus verte : les parcs, les jardins, les sites verts couvrent en effet généreusement le territoire de la Région bruxelloise et incontestablement le Kauwberg fait partie de ces grands poumons végétaux.

Beaucoup d'entre vous ignorent peut-être que le territoire régional, en fonction du PRAS, c.-à-d. du plan régional d'affectation du sol dont nous fêtons dans quelques jours le premier anniversaire de l'entrée en vigueur, est couverte par 25 % d'espaces verts; il y a en effet en Région bruxelloise 16140 ha qui sont classés par le PRAS soit en zone forestière, soit en zone de Parc, soit encore en zone d'espaces verts avec différentes fonctions.

Le site du Kauwberg, vous l’avez dit Monsieur Le Président, est depuis le 7 mars dernier à nouveau au coeur de turbulences judiciaires qui n'ont pas manqué d'alerter votre vigilance.

En effet par un arrêt rendu à cette date le Conseil d'Etat a annulé - il n’a pas déclassés - il a annulé l’arrêté de classement qui avait été pris en 1994. La motivation de la haute juridiction administrative qui, vous savez, ne statue pas en fonction de considérations de faits ou d’opportunités, mais statue au niveau, si vous voulez, de la forme des décisions de l'arrêté rendu ici, considère effectivement qu'en réalité dans cet arrêté de classement de 1994 que l'étendue du site classé a été artificiellement réduite ; et je crois qu'effectivement l'arrêt du Conseil d'état est bien fondé juridiquement.

Il faut donc agir, je vous ai dit que l'arrêt du Conseil d'état avait été rendu le 7 mars, vous l'avez appris bien après par une consultation du site Web du Conseil d'état.

Moi, j’en avait été informé dès le 19 mars et j'ai demandé immédiatement à la direction du service des monuments et sites de la région de rédiger un nouvel arrêté de classement fondé sur une étude scientifique d'ensemble du site.

Je ne vais pas ici vous accabler de détails, mais je puis vous dire que la procédure nécessaire au classement du site sera soumise au Conseil des ministres avant même les prochaines vacances d'été, c.-à-d. avant le dix neuf juillet.

En effet l'ensemble du site de part et d'autre de l’avenue Dolez présente un intérêt scientifique, écologique, esthétique et aussi social pour justifier la mesure de protection patrimoniale que j'ai donc remise en oeuvre. En ce qui concerne l'étendue du site la zone envisagée s’enclave dans une très large mesure dans la zone verte qui existe par ailleurs au PRAS.

Je voudrais cependant à cet égard vous dire qu'il n'y a aucun lien entre l'affectation réglementaire en zone verte au PRAS et le classement c.-à-d. la sauvegarde comme site naturel du Kauwberg.

Mais dans le cadre des responsabilités qui sont les miennes au sein du gouvernement bruxellois je compte tout mettre en œuvre, c.-à-d. l'ensemble, j'insiste sur le ce point, des moyens mis à ma disposition tant dans ma compétence aménagement du territoire qu'au niveau des monuments et sites pour assurer, je tiens vraiment à vous le dire ici de manière tout à fait solennelle, l’avenir patrimonial du Kauwberg et prendre dès lors des mesures durables pour assurer à long terme la qualité exceptionnelle de ce biotope tout à fait particulier à Bruxelles.

Merci de m’avoir écouté et bonne fête du Kauwberg.

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Question orale de Monsieur Marc Cools au Secrétaire d'Etat Willem Draps
" le déclassement du Kauwberg "

Le Kauwberg est un site semi-naturel remarquable, tant au niveau du paysage que pour la richesse de son avifaune.

Il a gardé une ambiance campagnarde qui joue une fonction éducative importante en ville. Il est fréquenté par des enfants venant d'écoles de partout dans la région.

Conscient de l'intérêt de ce site, le Gouvernement l'a mis en espace vert dans le PRAS. Cette disposition fait l'objet de recours de la part des propriétaires concernés.

Par un arrêté du 28 avril 1994 le Gouvernement a classé une partie de ce site en raison de sa valeur scientifique et technique.

Cet arrêté a été annulé pour des vices de procédure par un arrêt du Conseil d'Etat en date du 7 mars 2002.

Pouvez-vous m'informer, Monsieur le Ministre, si le Gouvernement a décidé de mettre en route une nouvelle procédure de classement ?

Cette procédure concernera-t-elle, s'il échet, une partie du site comme ce fut le cas dans l'arrêté annulé ou l'ensemble du site mis en espace vert au PRAS ?

Je ne peux que vous suggérer d'entamer une procédure sur l'ensemble du site. Cela me semblerait beaucoup plus cohérent que la décision de classement de 1994 et permettrait de sauvegarder à long terme ce biotope exceptionnel.

Marc Cools

Député Bruxellois - Echevin
Vice-Président du Parlement bruxellois

05/06/2002

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Commission de l' AMENAGEMENT du 19/06/2002 à 9H30

Réponse à la question orale de Monsieur Marc Cools relative au classement du site du Kauwberg à Uccle.

Monsieur le Président,

Mesdames, Messieurs les Commissaires,

Le site semi-naturel du Kauwberg fait partie des sites les plus remarquables de la Région bruxelloise. De par son étendue et la biodiversité qu'il recèle, il fait l'objet depuis de nombreuses années d'une attention toute particulière des autorités.

Ce remarquable intérêt a été confirmé le 28 avril 1994 par un arrêté de classement comme site de cette zone rurale préservée de l'urbanisation.

Cependant, et malheureusement il est vrai, l'étendue de ce classement a été artificiellement réduite sans tenir compte de la richesse biologique des différents milieux qui constituent l'attrait et la valeur scientifique du lieu. Je pense ici notamment aux remarquables pelouses sèches le long de l'avenue de la Chênaie ...

Cette carence dans la motivation relative à la délimitation du site a entraîné, fort naturellement, l'annulation pure et simple de cet arrêté par le Conseil d'Etat en date du 7 mars 2002.

J'ai donc demandé le 19 mars dernier au service des Monuments et des Sites d'établir un nouvel arrêté de classement dont l'étendue ne serait pas prise de manière arbitraire mais bien suite à une nouvelle étude scientifique reprenant l'ensemble du site.

Cette étude a été confiée au Professeur Martin Tanghe de l'ULB, membre de la Commission royale des Monuments et des Sites, qui étudie le Kauwberg depuis près de 20 ans. Il a pu ainsi déterminer tant les caractéristiques actuelles du site que son évolution dans le temps.

Fin mai, cette étude a été remise au service des Monuments et des Sites qui l'a intégrée dans un projet d'arrêté de classement. La procédure initiant le classement du site sera soumise au Conseil des Ministres avant les vacances d'été.

En ce qui concerne l'étendue envisagée, il ressort du dossier administratif que l'ensemble du site, de part et d'autre de l'avenue Dolez, présente un intérêt scientifique, esthétique et social largement suffisant pour justifier une telle mesure de protection. La zone concernée comprend dans une large mesure la zone verte du PRAS, même s'il n'y a aucune relation directe entre l'intérêt scientifique et l'affectation du terrain concerné.

J'espère ainsi avoir pu vous rassurer quant à l'avenir de ce site et suis heureux de pouvoir contribuer de cette manière à la préservation à long terme de ce biotope exceptionnel.

Willem DRAPS

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MINISTERE DE LA REGION DE BRUXELLES-CAPITALE

ARRETE DU GOUVERNEMENT DE LA REGION DE BRUXELLES-CAPITALE ENTAMANT LA PROCEDURE DE CLASSEMENT COMME SITE DU KAUWBERG, DELIMITE PAR LA LIGNE DE CHEMIN DE FER DE BRUXELLES A HAL. LA CHAUSSEE DE SAINT-JOB. L'AVENUE DOLEZ. L'AVENUE DE LA CHENAIE ET L'AVENUE J. PASTUR A UCCLE.

Le Gouvernement de la Région de BruxellesCapitale.

Vu l'ordonnance du 4 mars 1993 relative à la conservation du patrimoine immobilier. notamment l'article 18;

Sur la proposition du Ministre-Président du Gouvernement de la Région de BruxellesCapitale et du Secrétaire d'Etat ayant les Monuments et Sites dans ses attributions,

ARRETE:

Article 1er - Est entamée la procédure de classement comme site du Kauwberg. délimité par la ligne de chemin de fer de Bruxelles à Hal, la chassée de Saint-Job. l'avenue Dolez, l'avenue de la Chênaie et l'avenue J. Pastur à Uccle, connu au cadastre d'Uccle.
2ème division. section D. 5ème feuille, parcelle 164d,
4ème division, section E, 3ème feuille. parcelles n° 306. 376 a2, 376 b2. 375b.
4ème division, section E. 4ème feuille, parcelles n° 26 (Kauwberg). 351a, 357b. 358 a2. 358r. 358s, 358t. 358z. 359d. 360k, 369m, 370. 371f, 371k, 372b. 373a, 373b, 374a. 374b, 374c, 377d, 377e, 377f, 377g, 377h, 377k, 378. 379f,
4ème division, section H. ème feuille. parcelles n° 56L9. 56n9. 56m9, 57a4, 57n3. 57p3. 57y3. 57z3, 58f4
4ème division. section H. 12ème feuille. parcelles n° 490f23. 490z22, 56L7. 56s3, 56s7, 56t7;
en raison de son intérêt historique, esthétique et scientifique, précisé dans l'annexe I du présent arrêté.
La délimitation du site est reprise sur le plan figurant à l'annexe Il du présent arrêté.

Art. 2 - La zone de protection relative au site décrit dans "article 1er comprend l'ensemble des parcelles et des voiries ainsi que les parties de parcelles et de voiries reprises dans le périmètre délimité sur le plan figurant à "annexe Il du présent arrêté.

Art. 3 - Les conditions particulières de conservation sont les suivantes :

1) tout travail de terrassement, construction; fouilles, ouverture de carrière ou travaux quelconques d'exploitation. sondages, creusements de puits, en général, de nature à modifier l'aspect du terrain ou de la végétation sont interdits;

2) il est interdit de modifier l'écoulement des eaux;

3) de déverser dans les cours d'eau ou dans le sous-sol par puits perdu ou autre artifice, toute substance de nature à altérer et influencer l'environnement et son site;

4) 1( est interdit de poursuivre, chasser, capturer ou troubler de façon quelconque toute espèce d'animaux sauvages;

5) il est interdit de prendre ou détruire les nids ou les œufs;

6) il est interdit de faire la cueillette des fruits sauvages et des fleurs dans un but commercial;

7) de modifier le relief, le revêtement, les talus et leur végétation, l'alignement de la voirie;

8) de planter des poteaux ou des pylônes destinés au transport de l'énergie électrique ou à tout autre usage;

9) l'allumage de feux est interdit sous les arbres.

10) le dépôt et le stockage de matériaux débris, détritus et déchets de toute nature, sont prohibés.

11) de mettre en stationnement ou de parquer tout véhicule, même sur les voies carrossables, sauf dans les endroits réservés à cette fin ;

12) la pose de panneaux publicitaires est interdite.

13) d'ériger des nouvelles construction;

14) l'entretien normal des arbres (enlèvement des branches mortes, cassées, soins aux plaies) est obligatoire;

15) l’utilisation, l'entreposage, ou la fabrication de substances nocives au développement et à la croissance des plantations, de la faune et de la flore ou nuisibles à la qualité des eaux sont prohibés.

Art. 4 - Le ministre qui a les monuments et sites dans ses attributions est chargé de L'exécution du présent arrêté.

Bruxelles, le 1 8 -07- 2002

Par le Gouvernement de la. Région de Bruxelles-Capitale,

Le Ministre-Président du Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale chargé des Pouvoirs locaux, de l'Aménagement du Territoire, des Monuments et Sites, de la Rénovation Urbaine et de la Recherche Scientifique,

François-Xavier de DONNEA

Le Secrétaire d'Etat à la Région de Bruxelles-Capitale chargé de l'Aménagement du Territoire, des Monuments et Sites et du Transport rémunéré des personnes

Willem DRAPS

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ANNEXE 1 A L'ARRETE DU GOUVERNEMENT DE LA REGION DE BRUXELLES-CAPITALE ENTAMANT LA PROCEDURE DE CLASSEMENT COMME SITE DU KAUWBERG, DELIMITE PAR LA LIGNE DE CHEMIN DE FER DE BRUXELLES A HAL, LA CHAUSSEE DE SAINT-JOB, L'AVENUE DOLEZ, L'AVENUE DE LA CHENAIE ET L'AVENUE J. PASTUR A UCCLE. .

Réf. cadastrale: 2ème division, section D, 5ème feuille, parcelle 164d ; 4ème division, section E, 3ème feuille, parcelles n° 306, 376 a2, 376 b2, 375b; 4ème division, section E, 4ème feuille, parcelles n° 26 (Kauwberg), 351 a, 357b, 358 a2, 358r, 358s, 358t, 358z, 359d, 360k, 369m, 370, 371f, 371k, 372b, 373a, 373b, 374a, 374b, 374c, 377d, 3778, 377f, 377g, 377h, 377k, 378, 379f; 4ème division, section H, 7ème feuille, parcelles n° 56L9, 56n9, 56m9, 57a4, 57n3, 57p3, 57y3, 57z3, 58f4; 4ème division, section H, 12ème feuille, parcelles n° 490f23, 490z22, 56L7, 56s3, 56s7, 56t7.

Description sommaire:

Situé au Sud d'Uccle, ce vaste plateau participe au paysage ancestral bruxellois. Il faisait partie de l'ancienne forêt charbonnière. Dès l'époque de Charles Quint, on entreprit l'abornement de la forêt domaniale pour prévenir les empiétements toujours possibles des propriétaires riverains et surtout des nombreuses communautés religieuses établies dans la forêt. Une de ces bornes, extrêmement rares, se retrouve au Kauwberg, près de l'avenue de la Chênaie.

Défriché et exploité de manière intensive dès la. première moitié du XIXe siècle, le site du Kauwberg occupe une colline de 100 mètres d'altitude qui descend progressivement vers le Geleytsbeek, petit affluent de la Senne. Cette colline de sable fut exploitée comme carrière de 1920 à 1960 laissant une profonde excavation, colonisée localement par une intéressante végétation pionnière. Livré aux cultures et au pâturage, ce site fut peu à peu abandonné et évolua vers un milieu semi-naturel constitué de fourrés, de friches à hautes herbes, de prairies fauchées ou pâturées, de prairies humides, de prairies pauvres, de landes à genêts et de jardins potagers. Sa faune et sa flore sont largement composées d'espèces indigènes parfois fort rares. De nombreux mammifères peu communs, tels le rat des moissons, le campagnol souterrain ou le renard qui réinvestit progressivement la ville, trouvent ici un site particulièrement propice. Le site abrite également une importante population d'oiseaux qui y trouvent tantôt une halte migratoire tantôt un lieu de reproduction et de nourrissage.

Le Kauwberg mérite le classement comme site suivant un périmètre qui englobe non seulement le pentagone compris entre la ligne de chemin de fer n026, la chaussée de Saint-Job, l'avenue Dolez et l'avenue de la Chênaie, mais aussi le triangle situé à l'est de l'avenue Dolez et limité par les avenues du Directoire, Bonaparte et Pastur. L'ensemble forme un quadrilatère couvrant une surface d'environ 50 ha.

Intérêt présenté par le bien selon les critères définis à l'article 2, 1°de l'ordonnance du 4 mars 1993 relative à la conservation du patrimoine immobilier

Bref historique du Kauwberg et statut écologique actuel

Comme en témoignent les cartes topographiques du XVIIIe siècle et les toponymes de « Coudenberge Bosch» «< Bois de Froidmont») et « Heyde » (lande ou bruyère) qu'elles mentionnent, le Kauwberg était un espace boisé entrecoupé de landes. Il faisait partie de la zone de forêt secondaire précédant la forêt domaniale de Soignes. Contrairement toutefois à cette dernière, constituée de hautes futaies (hêtraie mélangée), il s'agissait d'un peuplement ligneux bas et clair, selon toute vraisemblance un taillis de chêne-bouleau soumis aux usages de la population rurale environnante.

Peu après 1830, le plateau du Kauwberg est défriché et livré à la culture qui persistera jusqu'au lendemain de la seconde guerre mondiale.

La végétation de friche postculturale ainsi que les terrains déblayés et remaniés par l'industrie d'extraction du sable et de l'argile à briques évolueront soit vers la prairie sous l'influence d'un pâturage plus ou moins intensif, soit vers les fourrés et bosquets feuillus en l'absence d'intervention humaine.

Mis en attente d'une utilisation différée par son statut de « zone de réserve» au plan de secteur, le Kauwberg a évolué spontanément vers un paysage végétal à nouveau plus sauvage par abandon ou desserrement de l'intervention humaine

Si l'on se réfère à la classification proposée par WESTHOFF (1972)11 des degrés d'artificialisation (ou, au contraire, de naturalité) du paysage végétal, celui du Kauwberg peut être qualifié de semi-naturel dans la mesure où sa structure a été fortement modifiée par rapport à la végétation forestière originelle, mais sa flore est composée en grande partie d'espèces sauvages, indigènes, de même ailleurs que la faune qui y est subordonnée.

Par ailleurs, le Kauwberg est un espace rural relictuel englobé dans le tissu urbain puisqu'il a conservé en partie sa structure paysagère et son utilisation du sol anciennes, étrangères à celles de la ville proprement dite.

Les fonctions écologiques du Kauwberg

Les caractéristiques définies ci-dessus font que le Kauwberg , comme d'autres « restes de campagne» dans la ville, exerce un nombre particulièrement élevé de fonctions essentiellement écologiques.

Quelles sont- elles dans le cas d'un espace vert en partie rural et semi-naturel en milieu urbain et en quoi diffèrent-elles de celles d'un parc ou d'un jardin publics?

Dans une vision anthropocentrique de notre monde, les fonctions de l'environnement naturel sont les diverses manières suivant lesquelles celui-ci satisfait aux besoins

individuels et collectifs de la société humaine. VAN DER MAAREL, & DAUVELLIER (1978) en dressent un inventaire détaillé bien que non exhaustif et montrent qu'elles se rapportent finalement à quatre types fondamentaux: production, support, régulation et information.

L'utilisation de l'environnement naturel à la réception de l'habitat, de l'industrie, des voies de communication et aires de stationnement, spécifique du milieu urbain, de même que l'extraction de matériaux dans des carrières à ciel ouvert, représentent des aspects « durs» et destructeurs des fonctions de support et de production abiotique. Le premier ne concerne encore qu'une faible surface au Kauwberg ; quant au second, il appartient au passé du site et ses traces, aujourd'hui partiellement cicatrisées, font partie de la mémoire du site, au même titre d'ailleurs que les fosses ayant abrité les unités de défense antiaérienne de l'armée britannique en 1945.

Par contre, la production biotique, l'information, la régulation et même le support à la récréation peuvent être qualifiés d'écologiques, puisque directement en rapport avec l'exploitation des ressources naturelles renouvelables, propres au site.

Dans son état actuel, îlot de campagne dans la ville, espace vert non organisé, le site du Kauwberg assume simultanément et sans interférence majeure, l'ensemble des fonctions écologiques.

(1. Cette classification qui utilise les critères qualitatifs de structure et de composition floristique de la végétation, comporte trois degrés principaux: est considérée comme naturelle, une végétation qui n'a pas été perturbée par l'homme; une végétation artificielle est caractérisée par une structure différente de celle de la végétation naturelle et par une flore exotique maintenue uniquement grâce à la culture intensive; et on qualifie de seminaturelle, une végétation dont la structure a été modifiée. mais dont la flore, bien que différente de "originelle, est composée d'espèces indigènes favorisées par les modalités de l’agriculture extensive)

Fonction de production biotique:

. Horticulture de loisir: localisée en périphérie du site, elle répond actuellement aux besoins de la population uccloise locale, mais pourrait intervenir au niveau de la fonction éducative sous forme de « jardins scolaires» permettant aux enfants de s'initier à l'environnement naturel par la pratique du jardinage, suivant les modèles du «Delftse Hout» et de « Haagse Kindertuinen » aux Pays-Bas.

. Elevage de loisir: si l'élevage économique n'a pas sa place dans l'environnement urbain, le maintien d'une certaine production herbagère sous forme de prairies pâturées

et fauchées, peut très bien se justifier par le désir d'une partie de la population citadine. d'entretenir des chevaux d'équitation, poneys, moutons et chèvres; ici aussi, à défaut d'une « ferme pédagogique », le lien avec la fonction éducative est évident au travers des contacts entre les enfants et les animaux domestiques.

. Production sylvicole et de biomasse : pour interrompre par endroits la recolonisation

forestière spontanée et assurer le maintien de la structure bocagère du site conditionnant la richesse et l'abondance de son avifaune, il est indispensable de couper périodiquement les fourrés et taillis ce qui, par la même occasion, peut conduire à la production de bois de feu et de compost de broussailles.

. Production fruitière: le Kauwberg produit quantité de fruits sauvages, mûres, framboises, noisettes, etc., mais l'arboriculture fruitière pourrait y être développée par la création de vergers de variétés anciennes y compris le cerisier de Schaerbeek qui existe déjà dans le site.

. Production de plantes médicinales: sur les quelque deux cents plantes sauvages recensées, beaucoup ont des propriétés médicinales et sont gratuitement à la disposition de ceux qui sont capables de les reconnaître et de les utiliser.

Fonction de support à la récréation:

Le Kauwberg assure cette fonction lorsqu'il sert uniquement de cadre paysager et de substrat pour les activités récréatives des citadins, soit, dans un ordre d'incidence

Comme le Scheutbos et d'autres espaces ruraux relictuels, le Kauwberg acquiert d'ailleurs une importance particulière à cet égard dans l'optique du développement durable. En effet, ils permettent de décharger d'une partie de leur fréquentation, des espaces verts classés plus sensibles comme les parcs historiques et la forêt de Soignes.

Fonction de régulation:

Au Kauwberg, elle est liée d'une part à l'importance de la surface occupée par la végétation et à la biomasse de celle-ci, d'autre part à la composition du sol largement sablo-limoneux et filtrant; elle s'exerce de diverses manières, notamment

. purification de l'atmosphère urbaine, non seulement grâce à la filtration des poussières et polluants par la végétation, mais aussi grâce à la production d'oxygène par la photosynthèse;

. stabilisation: le couvert végétal du Kauwberg protège évidemment le sol contre l'érosion, mais il joue aussi un rôle de tampon climatique grâce à la production de vapeur d'eau, la régulation de la température et le ralentissement du vent.

. infiltration de l'eau: grâce à son couvert végétal continu et ses sols perméables, le site du Kauwberg permet l'infiltration d'un quart à un tiers des précipitations (R. ROSSEELS, 1988)2.Ce la sorte, il contribue non seulement à la limitation du ruissellement, mais aussi à la conservation des ressources aquifères de la région.

Fonction d'information:

. Education: concernant tous les niveaux de formation, de la vulgarisation grand public à l'enseignement supérieur, la fonction éducative du Kauwberg a trait non seulement à ses ressources naturelles spécifiques et différentes de celles des espaces verts urbains classiques (parcs et jardins publics), à savoir ses flore, végétation et faune sauvages, ses écotopes semi-naturels variés, ses sols et son sous-sol, mais elle se rapporte aussi à l'histoire de son utilisation par l'homme et la genèse du paysage brabançon dont l'évolution est jalonnée par des témoins matériels sur le terrain (anciens chemins et bornes, chapelles, vieilles fermes, etc.) et des documents écrits comme les cartes topographiques de diverses époques (par exemple: FERRARIS, 1775 ; WAUTIER, 1801 ; LC.M., 1880).

Mieux que les réserves naturelles, refuges fragiles de flores et faunes rares dont la sauvegarde est indispensable, mais que l'on ne peut ouvrir sans risque de dommages irréparables à un public non averti, l'écosystème du Kauwberg, plus ou moins fortement influencé par l'homme, répond aux besoins d'une pédagogie active qui n'est efficace que si elle permet de toucher, récolter et analyser. C'est à ce titre aussi, c'est-à-dire pour l'enseignement des sciences naturelles, en particulier la biologie et l'écologie, que le Kauwberg constitue véritablement un espace vert utilitaire.

Enfin, comme laboratoire de plein air, le Kauwberg bénéficie d'un avantage essentiel par sa situation dans l'agglomération urbaine même où la densité des utilisateurs, c'est-à-dire les institutions d'enseignement, est la plus forte; elle apporte une solution économique et pratique au problème de l'organisation de déplacements en groupe.

. Recherche scientifique: outre l'intérêt qu'il revêt dans le cadre des programmes de

recensement cartographique permanent de la flore, de la fonge et de la faune sauvages comme ceux de l'Amicale Européenne de Floristique (A.E.F.) et de la Fédération des Banques de Données (FBDB), de même que comme objet de la recherche en écologie (communautés végétales, succession dynamique, relations plantes-sols, etc.), le Kauwberg représente aussi un ensemble de populations locales de plantes sauvages dont l'originalité génétique pourrait être d'autant plus marquée qu'elles sont isolées géographiquement (cas notamment des espèces les plus rares comme Polygala vulgaris, Trifolium medium, Pimpinella saxifraga, Valeriana repens, etc.) ,. dans l'optique de la recherche en génétique fondamentale (spéciation) ou appliquée (amélioration de plantes médicinales), le Kauwberg assure donc la fonction de réservoir génétique.

. Orientation: le paysage végétal du Kauwberg offre au citadin le moyen de se repérer

dans le temps, en particulier dans le déroulement des saisons, grâce à la succession immuable des divers événements déterminant ce que les écologues appellent les phénophases ; par exemple, pour des espèces dominant le paysage, la séquence des floraisons des prunellier, merisier, aubépine, genêt, sureau noir, épilobe en épi; mais le simple spectacle de la campagne et des activités agricoles et pastorales qui s'y exercent encore et pourraient y être redeveloppées peuvent aider aussi l'habitant de la ville à retrouver ses racines.

. Source d'inspiration à l'expression artistique: au Kauwberg, elle découle non seulement de ses richesses naturelles, flore, faune, mais aussi du pittoresque de ses perspectives paysagères, lié au mouvement du relief, à la structure diversifiée de sa végétation et peut-être par-dessus tout à l'altitude et à l'étendue du site qui protègent son paysage visuel des constructions en hauteur indiscrètes et conservent son ambiance campagnarde.

(2Plus précisément la pluviométrie efficace équivalent à la pluviométrie totale moins l'évapotranspiration)

INTERET DU SITE

L'examen qui précède des différentes fonctions passées et présentes du site du Kauwberg permet de mettre en évidence les divers éléments de sa valeur patrimoniale. Logiquement, ils relèvent tous de la fonction d'information.

Intérêt esthétique (paysager):

En première approche, il s'agit du paysage rural bocager dont l'intérêt scénique est lié non seulement au mouvement du relief et à la structure du couvert végétal, alternance de prairies ouvertes, haies, bosquets et chemins creux, mais aussi certainement à l'altitude. (100 hl à hauteur du cimetière d'Uccle) et l'étendue qui protègent les perspectives visuelles des constructions en hauteur et conservent l'ambiance campagnarde.

En outre, à quelques km à peine du centre urbain densément bâti et dans un contexte d'urbanisation soutenue, le paysage rural relictuel que constitue le Kauwberg acquiert une valeur ajoutée d'espace rare et précieux, au même titre d'ailleurs que les sites classés du Scheutbos (Molenbeek), Zavelenberg (Berchem-Sainte-Agathe), Hof-terMusschen (WoluweSaint-Lambert), Val du Bois des Béguines ( Neder-Over-Heembeek).

Intérêt scientifique (biologique et écologique) :

En deuxième analyse, la flore, la végétation et la faune qui est inféodée à celles-ci constituent un autre élément patrimonial du site.

Flore

Suivant un inventaire non exhaustif de la fin des années 1980 (TANGHE,1986), les plantes vasculaires, c'est-à-dire les plantes à fleurs (phanérogames) et les cryptogames vasculaires (fougères et prêles) totalisent 170 espèces. Compte tenu des parties non investiguées du site, des espèces nouvelles recensées entre 1986 et 2002, mais aussi de la perte temporaire de certaines espèces en l'absence de gestion conservatoire, on peut évaluer la flore totale des plantes vasculaires à environ 200 espèces. Une trentaine d'entre-elles, soit environ 15%, peuvent être considérées comme rares à assez rares pour la Région de Bruxelles-Capitale.

D'après la « liste rouge» en projet (SAINTENOY-SIMON, 2002), une quinzaine d'espèces qui ne comptent que de 1 à 10 localités dans la Région faisaient partie de l'inventaire de 1986 complété des données de 2002 ; il s'agit de Carex disticha, Cerastium arvense*, Cerastium semidecandrum*, Festuca filiformis*, Gnaphalium sylvaticum, Jasione montana*, Ornithopus perpusillus*, Polygala vulgaris, Ranunculus bulbosus*, Solidago virgaurea*, Salix atrocinerea*, Trisetum flavescens*, Trifolium medium, Juncus subnodulosus*, Myosotis ramisissima*, auxquelles il faut ajouter Pimpinella saxifraga et Scleranthus annuus. Les espèces marquées d'un astérisque sont toujours présentes suivant un recensement partiel du printemps 2002, soit 10 sur 15 ; tandis que celles non observées et apparemment disparues du site sont, au moins en partie, récupérables grâce à des mesures de gestion appropriées (débroussaillage, fauche fréquente, étrépage superficiel, etc.), susceptibles de remettre en évidence le potentiel grainier du sol.

Quant aux autres groupes systématiques de plantes chlorophylliennes, seuls les bryophytes ont fait l'objet d'un survey général sur le territoire de la Région de Bruxelles-Capitale (VANDERPOORTEN, 1997). Au lieu d'être fournis par site individuel, les résultats de l'inventaire sont donnés sous forme de cartes en réseau à mailles kilométriques. Sous réserve de l'incertitude liée au mode cartographique, le nombre d'espèces de mouses et hépatiques qu'abrite le Kauwberg avoisinerait les 80, soit 3 5 % du nombre total d'espèces rencontrées sur les 55% du territoire de la Région.

Végétation

D'une part, les sols de texture variée, tantôt sableux, tantôt argilo-limoneux, associés à l'existence de sources et criques de suintement, d'autre part, les modalités et l'intensité variables de l’intervention humaine, engendrent une grande variété de stations écologiques auxquelles correspondent autant de groupements végétaux. Suivant la typologie non exhaustive. dégagée d'une cinquantaine de relevés phytosociologiques complets effectués entre 1973 et 1996, plus de 20 associations végétales ont été identifiées dont les plus remarquables et caractéristiques, parmi les formations herbacées, sont lès suivantes, selon un gradient croissant d'humidité du milieu

  1. pelouse maigre, arénicole, xérophile et acidophile à Festuca filiformis, Agrostis capillaris, Rumex acetosella et Jasione montana;
  2. prairie fauchée-pâturée assez maigre, limonicole, mésohygrophile et acidophile à Agrostis capillaris, Anthoxanthum odoratum, Festuca rubra et Luzula campestris;
  3. prairie pâturée assez grasse, limonicole, mésohygrophile et neutrocline à Lolium perenne, Trifolium repens, Trifolium pratense, Anthoxanthum odoratum et Ranunculus bulbosus ;
  4. prairie fauchée-pâturée assez grasse, limonicole, hygrocline et acidocline à Holcus lanatus, Lolium perenne, Trifolium repens et Ranunculus acris;
  5. magnocariçaie ou prairie marécageuse, humicole et neutrocline à Carex acutiformis, Cirsium oleraceum, Equisetum palustre, Juncus effusus et Lychnis flos-cuculi;
  6. jonçaie humicole, rhéohygrophile et neutrocline à Juncus subnodulosus, Carex acutiformis et Equisetum telmateia.
  7. groupements rhéohygrophile d'eau claire courante à Glyceria notata, Veronica beccabunga et Nasturtium officinale; et d'eau courante eutrophisée à Glyceria maxima;
  8. éléments de roselière marécageuse à Typha latifolia ;
  9. groupement hydrophytique à Lemna minor et Lemna trisulca ;
  10. Saulaie marécageuse et rhéohygrophile à Salix alba, et Equisetum telmateia

Les deux premiers groupements ont ceci de remarquable, non seulement dans le contexte de la Région, mais aussi celui de la Belgique, c'est qu'ils sont soustraits à l'eutrophisation généralisée de l'environnement et que, comme herbages peu productifs, caractéristiques des sols assez maigres ou méso-oligotrophes, ils sont les témoins du paysage écologique passé, soumis à l'exploitation extensive. Ce type de prairie est en voie de régression généralisée, à telle enseigne qu'il est repris dans la liste des habitats naturels visés à l'annexe 1 de la Directive européenne 92143/CEE, sous la dénomination «38.2. Prairies maigres de fauche de basse altitude».

En l'absence d'entretien, c'est-à-dire d'interventions interrompant l'embroussaillement, l'enfrichement ou l'extension de plantes envahissantes et compétitives, tant indigènes (laîche des marais, épilobe hérissé, prunellier, etc.) qu'exotiques (cerisier tardif), certains de ces groupements ont évolué vers des stades dynamiques floristiquement appauvris et moins caractéristiques. C'est le cas surtout des associations 1, 2 et 5. Les groupements 1 et 5 occupant des surfaces bien localisées, peuvent certainement être restaurés et retrouver leur composition caractéristique grâce à la mise en oeuvre d'interventions

Quant au groupement 2, s'il a disparu des localités d'où proviennent ses observations remontant à 10 ou 20 ans, il est toujours bien représenté en d'autres endroits, tant dans la partie extrême sud (avenue de la Chênaie) pâturée par les chevaux, que dans la vaste zone herbeuse pâturée par les bovins au nord-ouest où il occupe systématiquement les bombements, crêtes et ressauts soumis à la dessiccation estivale et soustraits à l'eutrophisation.

Faune

La littérature déjà abondante consacrée au site du Kauwberg renferme bien entendu des données sur les différents groupes systématiques d'animaux présents dans le site, comme les mammifères, les oiseaux et les invertébrés [araignées, myriapodes, diptères, hyménoptères, hémiptères, coléoptères, orthoptères, lépidoptères ou papillons]. Mais seule l'avifaune, sans doute la plus perceptible, a fait l'objet d'une étude suivie dans le temps et suffisamment approfondie. Selon de WAVRIN (1991), qui prend en compte les oiseaux qui nichent dans le site, ceux qui s'y nourrissent même en vol et ceux qui s'y arrêtent, le Kauwberg compte pas moins de 73 espèces. Cette richesse remarquable est liée non seulement à l'étendue de l'espace vert et à sa relative tranquillité, mais aussi à la diversité structurale de son couvert végétal, mosaïque de jardins potagers, prairies, friches, ronciers, fourrés épineux et bosquets offrant à la fois nourriture, lieu de repos et abri pour les nichées.

Le Kauwberg, zone centrale du réseau écologique

Les points précédents relatifs au paysage visuel et aux ressources biologiques et écologiques du Kauwberg ont trait à la valeur intrinsèque de celui-ci. Mais le site revêt aussi une valeur extrinsèque qu'il doit à son intégration à une structure spatiale atteignant et dépassant le niveau régional, à savoir le réseau vert écologique.

La volonté exprimée dans les textes du PRO de la Région de Bruxelles-Capitale dès 1994 (Avis de la CRD relatif au projet de PRO - 29-10-1994) de promouvoir le réseau vert à fonction écologique et sociale fut traduite dans une carte indicative accompagnant le PRAS, version 2002. Dans les principes, le réseau écologique conçu comme un « réseau interconnecté d'écotopes» (TANGHE ,1993) est constitué d'un ensemble de zones centrales ou zones noyaux reliées entre elles par des éléments de liaison plus ou moins linéaires s'appuyant éventuellement sur des éléments relais ou des zones de développement.

Il apparaît que le Kauwberg, à l'instar des autres espaces verts semi-natures, de quelque étendue comme le Kinsendael, le Vogelzang, le Zavelenberg, le Scheutbos, le Val du Bois de Béguines, le Hof-ter-Musschen, le plateau de la Foresterie, etc., exerce la fonction capitale de zone noyau du réseau écologique régional. Son intérêt écologique s'en trouve donc amplifié.

Intérêt historique:

Si le Kauwberg ne peut se prévaloir d'aucun élément construit ancien de quelque importance et digne d'intérêt, il recèle cependant un certain nombre de restes et d'artefacts, témoins de l'utilisation du sol passée et d'événements historiques.

L'élément le plus remarquable est sans doute la borne de pierre marquée de la croix de Bourgogne, reste rarissime de l'abornement de la forêt domaniale de Soignes ordonné par Charles Quint dès 1520. Elle marque encore la limite de la forêt avant qu'elle ne fut lotie et défrichée à partir de 1831 (PIERRARD, 1991). Parmi les anciens sentiers qui traversent le site et qui semblent converger vers l'a chapelle Hauwaert construite en 1760, le long de l'avenue Dolez, l'un d'eux orienté nord-sud s'enfonce profondément en un chemin creux ombragé par une double haie de charme. Son origine est très

ancienne, puisqu'il est déjà mentionné sur une carte topographique levée en 1650 à la demande du baron de Carloo (BARTIER-DRAPIER et aL, 1958).

Enfin, hormis les traces de l'industrie extractive, c'est-à-dire la sablière et les excavations de la briqueterie, on ne peut négliger les vestiges de la guerre de 1940-45 qui parsèment les Kauwberg sous la forme de petits cratères entourés de buttes circulaires. Il s'agit des trous, au nombre d'une douzaine, ayant abrité les batteries de défense anti-aérienne de, l'armée britannique, dirigée contre les bombes volantes VI et V2 de l'offensive allemande, de fin 1944 à début 1945 (DE BROUWER 2002).

CONCLUSION

Le site du Kauwberg est un espace vert semi-naturel et comme tel, nécessite une intervention humaine soutenue (fauche, pâturage extensif, contrôle du boisement spontané), seule capable de garantir la conservation non seulement de ses ressources en vie sauvage, mais aussi de l'intérêt qu'il revêt comme paysage rural de type bocager.

Malgré la dérive de certaines parties du site soustraites au pâturage et livrées à la colonisation débridée de plantes herbacées ou ligneuses envahissantes, à cause de l'opposition des propriétaires à la mise en oeuvre du plan de gestion (COUVREUR, 1994), le site a conservé sa valeur patrimoniale. Celle-ci s'exprime principalement en termes historiques (évolution de l'utilisation du sol, témoins du passé,...), esthétiques (scénographie paysagère), biologiques (diversité de la flore et de la faune sauvages) et écologiques (valeur intrinsèque par la diversité des écosystèmes; valeur extrinsèque comme zone centrale du réseau écologique régional). En ce qui concerne les éléments momentanément perdus du patrimoine biologique, en particulier certaines espèces et communautés végétales rares pour la Région, l'expérience a prouvé qu'ils sont récupérables grâce à des interventions de gestion restauratoire et l'expression du potentiel semencier du sol.

Vu pour être annexé à l'arrêté du 18 -07- 2002

Le Ministre-Président du Gouvernement la Région de Bruxelles-Capitale chargé des Pouvoirs locaux, de l'Aménagement du Territoire, des Monuments et Sites, de la Rénovation Urbaine et de la Recherche Scientifique,

François-Xavier de DONNEA

Le Secrétaire d'Etat à la Région de Bruxelles-Capitale chargé de l'Aménagement du Territoire, des Monuments et Sites et du Transport rémunéré des personnes

Willem DRAPS 

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