Mammifères
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LES MAMMIFERES

Vu son étendue et son caractère sauvage, le Kauwberg abrite encore bon nombre d'espèces de mammifères.

J'ai effectué leur inventaire d'une part par l'observation directe, mais aussi et surtout par l'analyse des pelotes de réjection des rapaces nocturnes qui sont établis aux environs. Ils régurgitent régulièrement les parties non digérées de leurs proies (poils, os) au pied des arbres où ils se reposent. L'examen de ces restes permet de connaître les différentes espèces de petits mammifères qui peuplent leur terrain de chasse. De cette façon ont été identifiés 44 petits mammifères capturés par la chouette hulotte en 1967 et 229 par le hibou moyen-duc de 1988 à 1991. Le terrain de chasse de ces rapaces nocturnes comprend le Kauwberg et sans doute aussi les environs de l'institut Pasteur. L'interprétation des résultats permet de se faire une idée précise du statut de ces petits animaux. Signalons que le hibou moyen-duc ne capture pas de musaraignes, d'où leur absence dans les résultats de 1988 à 1991.

Hérisson d'Europe (Erinaceus europaeus) : On l'observe de temps en temps, surtout dans les parcs et grands jardins des environs. Sa population est de plus en plus limitée à cause des
clôtures de grillage qui restreignent ses déplacements.

Taupe (Talpa europaea) : Elle est présente tant dans les prairies que les friches. Elle est facile à repérer, grâce aux taupinières. Cette espèce devient rare dans le sud d'Uccle, étant le plus souvent éliminée dans les jardins.

Musaraigne carrelet/couronnée (Sorex araneus/coronatus) : Un seul exemplaire a été trouvé, contre 35 de l'espèce suivante (relevé de 1967) . La musaraigne carrelet est plus typique des endroits boisés et frais. Il est dès lors probable qu'elle se soit multipliée depuis le boisement du plateau.

Musaraigne musette (Crocidura russula) : Elle était très abondante en 1967. Cette espèce est caractéristique des sols secs et découverts. Elle a probablement diminué, depuis remplacée par
l'espèce précédente.

Pipistrelle (Pipistrellus pipistrellus) : Elle est présente aux alentours. Plusieurs individus habitent le parc de « La Sauvagère ».

Lapin (Oryctolagus cuniculus) : Il habite le plateau surtout en bordure des prairies. On l'observe aussi dans le cimetière et sur les talus du chemin de fer. Ses effectifs ne sont pas très étoffés.

Campagnol roussâtre (Cletrionomys glareolus) : Ce campagnol est principalement inféodé aux lieux boisés. Il n'avait pas été trouvé en 1967. Son apparition récente correspond au boisement
du site et des environs.

Campagnol agreste (Microtus agrestis) : Cette espèce se plaît particulièrement dans les friches envahies de broussailles. C'est de loin le campagnol le plus abondant au Kauwberg.

Campagnol souterrain (Pitymys subterraneus) : Moins adaptable que le précédent, il ne semble plus en exister qu'une petite population relictuelle sur le plateau.

Rat musqué (Ondatra zibethicus) : Parfois, il remonte encore la vallée de Saint-Job, mais il n'y a plus d'habitat favorable à son installation.

Rat surmulot (Rattus norvegicus) : Ses restes sont fréquents dans les pelotes de réjection, mais ce ne sont que les jeunes qui sont capturés par les rapaces nocturnes. Il est probablement plus
abondant dans les endroits humides des vallées.

Mulot (Apodemus sylvaticus) : C'est l'espèce la plus abondante après le campagnol agreste. Il est surtout adapté aux paysages boisés.

Rat des moissons (Micromys minutus) : Il existe une petite population de cet animal minuscule. Elle est, sans doute, localisée dans les hautes herbes des prairies. Son habitat est très restreint.

Souris grise (Mus domesticus) : Elle est régulièrement capturée par le hibou moyen-duc. Cela paraît étonnant parce que la souris est réputée ne guère quitter les habitations. Soit elle circule dans les jardins, soit elle fréquente aussi les friches. Sa présence est le reflet du caractère très bâti des environs.

Renard (Vulpes vulpes) : Il fait de temps en temps des incursions sur le plateau, venant de Linkebeek. Il aurait élevé ici une nichée il y a quelques années. Il ne semble cependant pas faire d'installations durables, sans doute parce que ses proies préférées, les lapins, ne sont pas assez nombreuses. En 1990, j'ai trouvé un terrier avec des jeunes non loin du plateau. La femelle, peu farouche, se promenait parfois en plein jour . En 1991 il était encore occupé.

Belette (Mustella nivalis) : Disparue du plateau dans les années 50, elle y a encore été vue depuis, mais de façon sporadique. Il s'agit sans doute d'exemplaires venus de Linkebeek, par exemple en longeant le talus du chemin de fer.

Putois (Mustella putorius) : Ce carnivore fréquente encore le bas de la vallée de Saint-Job et du Linkebeek. Il est probable qu'il fait parfois des incursions sur le plateau.

 Remarques concernant les mammifères

D'autres chauves-souris que la pipistrelle existent sûrement aux alentours, dans les bâtiments et les trous d'arbres. Mais il n'est guère aisé d'en réaliser un recensement.

Nous pouvons aussi remarquer l'absence de quelques espèces. Par exemple celle de la musaraigne pygmée (Sorex minutus), semblable, mais beaucoup plus petite que la musaraigne carrelet. Ses effectifs ne dépassent habituellement nulle part 20% de ceux de la seconde. Ceci explique que, même si elle est présente, elle n'a pu être repérée. Le campagnol des champs (Microtus arvalis) habite toutes les plaines agricoles au sud de Bruxelles. Peut-être
a-t-il existé sur le plateau lorsque celui-ci était davantage cultivé. Quand au grand campagnol terrestre (Arvicola terrestris), répandu dans les campagnes et forêts, il n'a pas été trouvé ici. Aucun témoignage de la présence ancienne de l'hermine (Mustella herminea) ne m'est non plus parvenu. Le régime alimentaire du moyen-duc fait apparaître une proportion constante de plus de 40% de passereaux. Ceci est très élevé et indique que les petits mammifères disponibles sont peu nombreux. Leur densité sur le plateau et aux environs est donc relativement faible, toutes espèces confondues.
D'autre part, vu l'accroissement des surfaces bâties aux alentours, le Kauwberg tend à devenir de plus en plus isolé. Grâce à son étendue, il recèle encore une faune de mammifères variée. Mais du fait de leur isolement, la présence de certaines espèces devient précaire et a un caractère de plus en plus relictuel. Le campagnol souterrain et le rat des moissons, qui n'existent qu'en très petit nombre, sont les plus fragiles.

Pour que la plupart des espèces de mammifères puissent se maintenir, il est indispensable que la taille de la population de chacune d'elles soit suffisante. Si seule une partie du plateau est
maintenue à l'état sauvage, le reste étant loti, plusieurs espèces disparaîtront.