Avifaune
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AVIFAUNE

Sommaire cliquable de cette (longue) page

Les oiseaux au cours des saison

Caractéristiques de l’avifaune

Statuts des espèces les plus fréquentes ou typiques du site
le détail des oiseaux observés

Évolution de l'avifaune en fonction de celle du site

Perspectives pour l’avifaune du Kauwberg

Propositions de gestion

Intérêt de l'avifaune du Kauwberg

Les oiseaux au cours des saisons

Suivant les saisons, différentes espèces fréquentent le Kauwberg et peuvent y être observées.

L'hiver, il n'abrite que relativement peu d'oiseaux. Ce sont principalement des sédentaires, qui pour la plupart peuvent être rencontrés tant dans les jardins des environs que dans la banlieue de Bruxelles. Les plus habituels sont le rouge-gorge, l'accenteur mouchet, le troglodyte, le merle noir, l'étourneau sansonnet, la mésange bleue, la mésange charbonnière, la mésange boréale, la mésange nonnette, la pie et la corneille.
Parfois le roitelet huppé et plus rarement le roitelet triple bandeau circulent dans les arbrisseaux. Le verdier se tient dans les cimes, tandis que les appels du bouvreuil hantent plutôt les taillis. Le gros bec survole souvent le plateau. C'est un habitué des parcs arborés de la commune. En fin d'après-midi, quelques petits groupes de perruches à collier venant de Linkebeek se dirigent vers leur dortoir en poussant des cris stridents. Assez régulièrement, tarins et sizerins fréquentent les bouleaux dont ils se nourrissent des graines. Quelquefois des chardonnerets s'y sustentent aussi. On observe régulièrement l'épervier qui alterne des périodes de vols planés et battus. Lorsqu'il est en chasse, il passe furtivement à basse altitude ou longe les massifs arborés. D'autres fois, c'est le faucon crécerelle qui se montre et fait son vol sur place (on dit qu'il fait le Saint-Esprit) pour surveiller les campagnols qu'il capture.  La nuit, le hibou moyen-duc chasse silencieusement, surtout dans les endroits découverts (prairies, potagers, . . .). Il trouve ici une nourriture variée, principalement constituée de diverses espèces de campagnols, de mulots et de moineaux. Chaque hiver, un dortoir de hiboux, venus du nord, est établi près du plateau. Les premiers arrivent dans le courant du mois de septembre et les derniers nous quittent habituellement au mois de mars.

Au printemps, on assiste au retour progressif des nicheurs qui étaient partis hiverner au sud et au passage des migrateurs qui poursuivent leur route vers le nord.

Courant mars, les chants du troglodyte, du rouge-gorge et de l'accenteur mouchet animent les lieux. Les cris et les tambourinements du pic vert et du pic épeiche signalent leur présence. A la fin du mois, le pouillot véloce nous revient et ses tchif-tchaf sonores retentissent.

En avril réapparaissent la fauvette à tête noire et le pouillot fitis. La fauvette des jardins est nettement plus tardive que les précédents. Vers la moitié du mois, ce sont les appels du coucou qui résonnent. Un merle à plastron est quelquefois observé dans les prairies.

Mai correspond au retour des derniers migrateurs. Au début du mois, les premiers martinets survolent le plateau. Le rossignol s'établit parfois dans les fourrés denses, tandis que la fauvette grisette préfère les broussailles basses sans trop d'arbres. Ce n'est qu'à la fin du mois qu'on a le plus de chances de rencontrer la fauvette babillarde et la rousserolle verderolle. Le traquet motteux et le traquet tarier peuvent s'arrêter quelques jours dans les endroits découverts, avant de continuer leur périple vers les sites de nidification nordiques.

En juin et début juillet, les jeunes oiseaux se manifestent. On assiste à de nombreux nourrissages.

A partir de la mi-juillet, c'est la dispersion des jeunes et des adultes de nombreuses espèces. Commence alors le départ progressif de ceux qui sont migrateurs, les derniers arrivés partant souvent les premiers: le martinet noir, la fauvette grisette, la fauvette babillarde, . . .

Depuis le mois d'août, on observe le traquet pâtre, le traquet motteux, le traquet tarier et le rouge-gorge à front blanc en halte de migration.

En septembre, de nombreuses grives musiciennes et quelques rouge-queue noirs, en route vers le sud, s'arrêtent sur le plateau.

Octobre est caractérisé par le flux migratoire des granivores et des autres passereaux. Il se termine à la fin du mois et au début de novembre par le survol des grandes bandes de corbeaux freux. Pendant cette période, les oiseaux passent au dessus du plateau, mais peu s'y arrêtent hormis le merle noir et la grive mauvis qui s'y nourrissent des baies d'aubépine.

Puis, c'est à nouveau l'hiver. . .

Statuts des espèces les plus fréquentes ou typiques du site

Sont reprises dans cette liste, la plupart des espèces qui nichent sur le plateau, de celles qui s'y nourrissent même au vol (hirondelles) ou qui s'y arrêtent. Ne sont donc pas considérées, celles qui ne font que le survoler sans intérêt (par exemple la mouette rieuse).

Nous qualifierons de « commune » une espèce que l'on peut trouver un peu partout, sans préjuger de sa densité, donc de son abondance. Le gros bec est nicheur commun dans les parties arborées d'Uccle, ce qui veut dire qu'on peut l'y observer partout en milieu boisé. Cela n'empêche pas sa densité d'être faible puisqu'elle ne dépasse habituellement pas trois couples par kilomètre carre.

Les espèces présentes toute l'année peuvent comprendre à la fois des individus nicheurs qui sont sédentaires ou migrateurs, des individus de passage lors de la migration, et d'autres qui viennent hiverner chez nous. Ces espèces sont présentes toute l'année, mais ce ne sont pas nécessairement toujours les mêmes individus que l'on observe. Par opposition aux migrateurs, les sédentaires sont ceux qui habituellement n'effectuent que de faibles déplacements.

Pour les oiseaux nicheurs, nous avons tenu compte des résultats obtenus dans le cadre de l'enquête « Atlas des Oiseaux nicheurs de Bruxelles » organisée par la Société d'Etudes ornithologiques AVES.

Accenteur mouchet (Prunella modularis) : Nicheur commun et abondant. Présent toute l'année.

Bergeronnette grise (Motacilla alba) : Nicheur en très petit nombre aux environs et habituellement migrateur . Elle est aussi observée en migration.

Bouvreuil pivoine (Pyrrhula pyrrhula) : Nicheur commun, mais peu nombreux à Uccle et occasionnel sur le plateau. Il est présent toute l'année.

Bruant jaune (Emberiza citrinella) : Il a niché pour la dernière fois dans les années 60 et a disparu depuis.

Canard colvert (Anas platyrhynchos) : Nicheur irrégulier. Migrateur partiel. Circule toute l'année d'un point d'eau à l'autre. En 1990, deux couples ont niché, l'un à l'étang du parc de la Sauvagère, l'autre à la mare le long de l'avenue Dolez. Un troisième était cantonné à l'étang Spelmans.

Chardonneret (Carduelis carduelis) : Nicheur sporadique à Uccle. Il est observé surtout en migration et en hivernage.

Chouette chevêche (Athene noctua) : Autrefois nicheuse, cette espèce a maintenant disparu.

Chouette hulotte (Strix aluco) : Plusieurs couples nichent dans le sud d'Uccle. Parfois, elle s'établit près du Kauwberg.

Corneille noire (Corvus corone) : Nicheur régulier et sédentaire.

Coucou gris (Cuculus canorus) : Nicheur plus ou moins régulier et migrateur .

Epervier d'Europe (Accipiter nisus) : Nicheur aux environs. Il est présent toute l'année et est observé en migration.

Etourneau sansonnet (Sturnus vulgaris) : Nicheur commun et abondant aux environs. Il est présent toute l'année et est observé en migration.

Faisan de Colchide (Phasianus colchicus) : Une petite population existe dans le domaine de l'Institut Pasteur. I1s pourraient se déplacer sur le plateau. Sédentaire.

Faucon crécerelle (Falco tinnunculus) : Nicheur occasionnel aux alentours du plateau. Il peut être observé toute l'année, y compris en migration.

Fauvette à tête noire (Sylvia atricapilla) : Nicheur dans les parties arborées. Cette espèce est commune et augmente suite au boisement du plateau. Migrateur

Fauvette babillarde (silvia curruca) : Nicheur dans les broussailles surmontées de quelques arbres. Elle est en forte régression suite au boisement du plateau. En 1990, il ne restait plus qu'un seul couple. Migrateur.

Fauvette des jardins (Sylvia borin) : abondant dans les taillis épais, broussailles. Migrateur .

Fauvette grisette (Sylvia communis) : Nicheur dans les broussailles impénétrables et découvertes. Suite au boisement du plateau, en 1990, il ne restait plus qu'un seul couple. Migrateur .

Geai des chênes (Garrulus glandarius) : Nicheur habituel aux environs, il est présent toute l'année.

Gobemouche gris (Muscicapa striata) : Nicheur commun dans les lieux arborés d'Uccle. Migrateur. Quelques couples nichent sur et autour du plateau.

Gobemouche noir (Ficedula hypoleuca) : Observé en halte de migration.

Grimpereau des jardins (Certhia brachydactyla) : Nicheur dans le parc de la Sauvagère et dans les environs de la propriété Spelmans. Sédentaire.

Grive draine (Turdus viscivorus) : Observée lors de la migration, elle se nourrit dans les prairies.

Grive mauvis (Turdus iliacus) : Observée en grand nombre lors de la migration, elle fait souvent halte sur le plateau. Parfois, elle y est vue en hiver .

Grive musicienne (Turdus philomelos) : Nicheur habituel. Cet oiseau est migrateur mais parfois aussi hivernant. Elle est observée en nombre en migration.

Gros-bec (Coccothraustes coccothraustes) : Nicheur commun et régulier mais peu abondant dans les lieux arborés d'Uccle. Il est présent toute l'année.

Hibou moyen-duc (Asio otus) : Il hiverne en petit nombre près du plateau.

Hirondelle de fenêtre (Delichon urbica) : Nicheur sur quelques façades de la vallée de Saint- Job. Elle chasse sur le plateau. Migrateur.

Hirondelle de cheminée (Hirundo rustica) : Nicheur en très petit nombre dans certains bâtiments des environs. Elle chasse sur le plateau. Migrateur.

Hirondelle de rivage (Riparia riparia) : Elle nichait dans les falaises des carrières de sable. Les falaises n'étant plus entretenues depuis qu'il n'y a plus d'exploitation, elle a disparu depuis la fin la fin des années 70. Migrateur.

Hypolaïs ictérine (Hippolais icterina) : Nicheur devenu irrégulier. Absent en 1990. Migrateur.

Linotte mélodieuse (Carduelis cannabina) : Nicheur presque disparu (deux couples en 1990), caractéristique d'un paysage qui était autrefois plus campagnard. C'est un migrateur qui hiverne rarement ici. Elle est observée en nombre lors de la migration.

Loriot (Oriolus oriolus) : Nicheur sporadique aux environs du plateau. Migrateur.

Martinet noir (Apus apus) : Nicheur commun dans les bâtiments des environs. Il chasse au dessus du plateau. Migrateur.

Merle à plastron (Turdus torquatus) : Il est observé quelque fois en halte de migration.

Merle noir (Turdus merula) : Nicheur commun. Présent toute l'année.

Mésange à longue queue (Aegithalos caudatus) : Nicheur commun. Sédentaire.

Mésange bleue (Parus caeruleus) : Nicheur commun. La plus abondante des mésanges. Sédentaire.

Mésange boréale (Parus montanus) : Nicheur en très petit nombre. Sédentaire.

Mésange charbonnière (Parus major) : Nicheur commun. Sédentaire. Présence de migrateurs et d'hivernants nordiques.

Mésange huppée (Parus critatus) : Nicheur peu répandu aux environs. Elle ne fréquente le Kauwberg qu'en hiver.

Mésange noire (Parus ater) : Nicheur peu répandu aux environs. Présence de migrateurs et d'hivernants venus du nord.

Mésange nonnette (Parus palustris) : Nicheur en petit nombre aux environs. Sédentaire.

Moineau domestique (Passer domesticus) : Nicheur commun aux environs. Sédentaire.

Moineau friquet (Passer montanus) : Nicheur presque disparu (un couple en 1989, absent en 1990). Il est présent toute l'année et est observé en nombre lors de la migration.

Perruche à collier (Psitacula krameri) : Nicheur probable dans le secteur du Kinsendael en 1990. Elle survole souvent le plateau. Sédentaire.

Pic épeiche (Dendrocopos major) : Nicheur régulier (plusieurs couples) . Sédentaire.

Pic épeichette (Dendrocopos minor) : Nicheur régulier aux environs et parfois sur le plateau. Sédentaire.

Pic vert (Picus viridis) : Nicheur régulier aux environs. Sédentaire.

Pie bavarde (Pica pica) : Nicheur régulier. Sédentaire.

Pigeon colombin (Columba oenas) : Nicheur habituel aux environs, mais pas sur le plateau, qu'il se contente de survoler régulièrement. Le plus souvent migrateur.

Pigeon ramier (Columba palumbus) : Nicheur commun et abondant. Il est présent toute l'année et observé en nombre lors de la migration.

Pinson des arbres (Fringilla coelebs) : Nicheur commun dans les lieux environnés de grands arbres, dans le parc de la Sauvagère et le long de la Chaussée de Saint-Job. Il est présent toute l'année et est un des migrateurs les plus abondants en automne.

Pinson du nord (Fringilla montifringilla) : Il est observé en migration et parfois en hivernage.

Pipit des prés (Anthus pratensis) : Nicheur disparu suite au boisement du plateau. Il est observé en migration.

Pipit des arbres (Anthus trivialis) : On l'observe lors de ses haltes de migration.

Pouillot fitis (Phylloscopus trochilus) : Nicheur très abondant dans les taillis. Il a une préférence pour les bouleaux. Migrateur .

Pouillot siffleur (Phylloscopus sibilatrix) : Observé en halte de migration dans le parc de la Sauvagère. Peut-être y niche-t-il parfois.

Pouillot véloce (Phylloscopus collybita) : Nicheur dans les endroits arborés. Migrateur.

Poule d'eau (Gallinula chloropus) : Niche à l'étang du Papenkasteel ( 1990) , et autrefois à l'étang, maintenant à sec, chemin du Puits et à celui de la propriété Spelmans. Présente toute l'année.

Râle d'eau (Rallus aquaticus) : Un cas isolé de nidification réussie, en 1977, dans le marécage le long de l'avenus Dolez.

Roitelet huppé (Regulus regulus) : Nicheur commun dans les conifères des environs. Présent toute l'année.

Roitelet triple-bandeau (Regulus ignicapillus) Nicheur commun, mais moins abondant que le precedent. En 1990, un couple était établi dans le parc de la Sauvagère. Surtout migrateur , il est parfois hivernant.

Rossignol philomène (Luscinia megarhynchos) : Nicheur irrégulier. Migrateur .

Rouge-gorge (Erithacus rubecula) : Nicheur commun et abondant. Présent toute l'année.

Rouge-queue à front blanc (Phoenicurus phoenicurus) : Nicheur irrégulier. Absent en 1990, il est devenu rare dans la région. Migrateur.

Rouge-queue noir (Phoenicurus ochruros) : Niche en petit nombre dans les bâtiments des environs. Migrateur.

Rousserolle verderolle (Acrocephalus palustris) : Nicheur en forte régression suite au boisement du plateau. Deux couples en 1990, plus un dans la friche en bordure du cimetière. Elle fréquente les vastes massifs d'orties. Migrateur.

Serin cini (Serinus serinus) : Nicheur disparu. Il pourrait réapparaître en bordure du plateau. Habituellement, il estmigrateur.

Sitelle torchepot (Sita europaea) : Nicheur dans le Parc de la Sauvagère. Sédentaire.

Sizerin flammé (Carduelis flammea) : Il est observé en migration et en hivernage. On voit parfois des bandes importantes dans les bouleaux.

Tarin des aulnes (Carduelis spinus) : Il est observé en migration et en hivernage souvent en bandes, ou en petits groupes.

Tourterelle des bois (Streptopelia turtur) : Peut-être nicheur irrégulier. Présente en 1989, elle était absente en 1990. En forte régression, elle a presque complètement disparu à Bruxelles. Migrateur.

Tourterelle turque (Streptopelia de caocto) : Nicheur commun et abondant aux environs. Elle est présente toute l'année.

Traquet motteux (Oenanthe oenanthe) : Il est observé en halte de migration en très petit nombre.

Traquet pâtre (Saxicola torquata) : Nicheur disparu. Il a niché pour la dernière fois dans les années 70. On l'observe encore en très petit nombre lors de ses haltes de migration.

Traquet tarier (Saxicola rubetra) : Il est observé en halte de migration en très petit nombre.

Troglodyte mignon (Troglodytes troglodytes) : Nicheur commun et abondant. Il est présent toute l'année.

Verdier (Carduelis chloris) : Nicheur commun et abondant, tant aux environs que sur le plateau. Il est présent toute l'année et est observé en migration.

Caractéristiques de l’avifaune

La caractéristique la plus importante de l'avifaune du Kauwberg est la présence d'espèces propres aux milieux ouverts. Il s'agit principalement de la linotte mélodieuse, du moineau friquet, de la fauvette grise, de la fauvette babillarde, de la rousserole verderolle et de la tourterelle des bois. Cependant, à cause du boisement rapide du plateau, plus aucune d'entre elles n'est encore représentée par plus d'un ou deux couples. Leur présence a parfois un caractère relictuel. Elle nous rappelle le paysage champêtre qui était celui d'Uccle autrefois.

Du fait que l'urbanisation de la région bruxelloise est quasi complète, que la plupart des surfaces non bâties d'Uccle sont arborées et présentent un milieu différent du plateau, il résulte que plusieurs espèces nicheuses du Kauwberg sont peu fréquentes sur le plan régional. Ceci concerne particulièrement la fauvette grisette, la fauvette babillarde et la tourterelle des bois mais aussi le loriot, l'hypolaïs ictérine et le rossignol. Nous pouvons également citer la rousserolle verderolle. Bien que cette espèce soit encore relativement commune sur le pourtour de Bruxelles. A Uccle, on ne la trouve plus que dans le Keyenbempt (sept ou huit couples), au Kauwberg (deux couples en 1990, plus un dans le cimetière) et à la frontière de Linkebeek (un couple). D'autre part, même s'ils ont maintenant disparu, il faut signaler la nidification encore relativement récente du traquet pâtre dans les friches ouvertes et du serin cini sur le pourtour du plateau. Ces deux espèces sont actuellement devenues des nicheurs rares à Bruxelles. Le serin cini pourrait cependant se réinstaller car le milieu lui est encore favorable. En 1990, il a été observé plusieurs fois sur le plateau Avijl.

Enfin, une deuxième caractéristique est le fait que les nichées de toutes les espèces qui ne sont pas cavernicoles connaissent un taux de réussite important qui contraste avec ce qui se passe dans les zones de parcs et de jardins. Ceci provient du fait que la végétation spontanée du Kauwberg comprend des massifs de broussailles impénétrables, dans lesquels les nichées sont à l'abri des prédateurs tels que les chats et corvidés. Les jeunes oiseaux, volant encore mal, peuvent également s'y réfugier. Par opposition, les parcs et jardins offrent un milieu trop entretenu dans lesquels ils ne trouvent guère d'endroits inviolables pour établir leur nid. Les jeunes oiseaux qui arrivent quand même à l'envol y sont plus facilement capturés par les prédateurs. En mai et juin, il est fréquent d'observer sur le plateau de nombreux adultes qui transportent de la nourriture ainsi que leurs jeunes, alors que leur nombre est restreint dans les parcs et jardins.

Évolution de l'avifaune en fonction de celle du site

Ainsi que nous l'avons dit dans l'introduction, parler de l'avifaune du Kauwberg implique de parler de son évolution en même temps que de celle du milieu. En effet, chaque espèce est inféodée à un milieu particulier. Lorsque celui-ci se modifie, beaucoup d'espèces qui l'habitaient ont tendance à le quitter et sont remplacées par des nouvelles.

Dans les années 50, le boisement du plateau était très faible, notamment suite au prélèvement régulier de bois de chauffage.
Etaient présentes les espèces propres aux cultures, aux broussailles et aux milieux ouverts en général. On y trouvait comme nicheurs le pipit des prés, l'alouette des champs, le traquet pâtre. Les granivores étaient représentés en autres par le moineau friquet, le verdier, la linotte mélodieuse et le bruant jaune. La rousserolle verderolle, la fauvette grisette et la fauvette babillarde peuplaient les zones de genêts mélangés de ronces et les broussailles. A part le verdier, toutes ces espèces sont maintenant devenues peu fréquentes sur le plan régional suite à la disparition des paysages champêtres. L'abandon des champs qui étaient cultivés, tant près de la briqueterie que sur les plateaux Engeland et Avijl, a entraîné la disparition du pipit des prés et de l'alouette des champs. Le traquet pâtre a connu le début de son déclin dans les années 60, probablement suite à des problèmes dans ses quartiers d'hivernage africains. Mais le boisement progressif du site a également réduit de façon très importante les zones dont l'habitat lui était favorable.

Il est probable que le Kauwberg ait possédé l'avifaune la plus intéressante vers la fin des années 60 et la première partie des années 70. A cette époque, une grande partie du plateau était une friche envahie de broussailles, de genêts et de ronciers et montrait les premiers stades d'un boisement spontané. Le milieu était alors optimal pour la rousserolle verderolle, la fauvette grisette et la fauvette babillarde. La linotte mélodieuse était encore abondante mais, plus farouche, le bruant jaune a progressivement déserté les
lieux. Les champs envahis de graminées attiraient de nombreux granivores. On y voyait, par exemple, régulièrement en été, des groupes d'une cinquantaine de verdiers.

C'est au début des années 70 qu'on a observé les plus grandes concentrations de granivores, lorsque les carrières de sable de la Vieille rue du Moulin, puis surtout celle de l'avenue Dolez, ont été remblayées. Les terres rapportées se sont en quelques années couvertes de graminées qui, principalement en automne, attiraient ces oiseaux en halte de migration. On y voyait des rassemblements de plus d'une vingtaine de serins cini et, parfois plusieurs centaines de verdiers, pinsons des arbres, pinsons du nord et linottes mélodieuses. Moineaux friquets et chardonnerets s'y nourrissaient aussi. Maintenant les graminées ont disparu et fait place à un boisement comme sur la plus grande part des friches du plateau. C'est pourquoi les oiseaux granivores ne s'arrêtent plus guère aujourd'hui.

Dans les années 70, les jeunes arbres ont de plus en plus recouvert les broussailles. Les oiseaux qui les peuplaient ont diminué et laissé la place tout d'abord à la fauvette des jardins et au pouillot fitis, ce dernier étant fort lié aux bouleaux. Là où les arbres ont commencé à s'élever, la fauvette à tête noire, puis le pouillot véloce se sont installés.
Plus récemment, on a vu arriver les premières espèces inféodées aux troncs: le pic vert, le pic épeiche et le grimpereau.

Actuellement, la nidification de la mésange bleue, de la mésange charbonnière et de la mésange boréale nous indique aussi que certaines parties du plateau arrivent au stade de la forêt.

Perspectives pour l’avifaune du Kauwberg

Sans intervention humaine, les zones en friche continueront d'évoluer vers la forêt. Ceci concerne la plus grande part du plateau. Dans ce cas, à plus long terme, on aura une avifaune forestière. Elle peut être relativement variée et abondante, grâce au caractère naturel et non entretenu du site. On y trouvera des espèces telles que diverses mésanges, des pics, la fauvette à tête noire, le pouillot véloce, le rouge-gorge, le merle noir, le pigeon ramier, ...

Ce sont malheureusement toutes des espèces très communes et abondantes dans nos régions.

Actuellement, les prairies à l'abandon autour de l'ancienne briqueterie s'embroussaillent et offrent un habitat de plus en plus favorable aux espèces propres aux fourrés. C'est là que l'on rencontre la plupart des derniers couples de la fauvette grisette, de la fauvette babillarde et de la rousserolle verderolle. Pourtant, si l'évolution continue, ces prairies deviendront aussi forêt.

Cependant, en lisière des zones en cours de boisement, quelques ronces et broussailles subsisteront sans doute. Elles seraient susceptibles d'attirer encore des espèces peu fréquentes. Il peut en être de même pour les fourrés disséminés dans les prairies.

Propositions de gestion

De toute façon, quoi qu'il arrive, il y aura toujours des oiseaux sur le plateau du Kauwberg. Cependant, certaines perspectives sont plus attrayantes que d'autres. Certes, si on transforme le plateau en golf ou qu'on le lotit, même en laissant subsister un parc plus ou moins aménagé, on y trouvera encore quelques espèces à caractère anthropophile, telles que le merle, le moineau domestique, l'accenteur mouchet et la tourterelle turque. Mais on aura une avifaune pauvre, très banale.

Si le Kauwberg est protégé, laissé à l'état sauvage et non géré, nous avons vu qu'on obtiendra dans les étendues en friche une forêt avec une avifaune forestière. Les oiseaux peuvent y être abondants, mais la plupart appartiendront à des espèces très communes dans le sud de Bruxelles.

Il serait pourtant possible d'y maintenir des espèces d'oiseaux qui deviennent de plus en plus rares sur le plan régional. Pour cela, il faudrait gérer le site en luttant contre le boisement. Il est préférable de maintenir des parcelles suffisamment étendues envahies de broussailles, de ronciers, de genêts mélangés de ronces et connaissant les premiers stades du reboisement. Ce dernier peut prendre l'aspect d'un jeune taillis épars surmonté de quelques grands arbres, éventuellement en bouquets. Les plus intéressants pour les oiseaux sont ceux qui leur procurent une nourriture abondante: les merisiers pour l'été et les bouleaux pour l'hiver.

La proximité d'endroits découverts, prairies et cultures, est de nature à favoriser la présence de plusieurs oiseaux dignes d'intérêt telles que les trois espèces de traquets, le hibou moyen-duc et le merle à plastron.

Dès lors, c'est la diversité du site qui est à favoriser, avec sa mosaïque de prairies, de potagers et de friches. Comme partout, il faut conserver les arbres morts qui attirent certains oiseaux mais aussi des chauves-souris et des insectes.

La restauration des mares peut créer des relais pour les oiseaux d'eau des environs qui circulent de point d'eau en point d'eau. Rappelons au passage qu'en 1977, le râle d'eau, nicheur exceptionnel à Bruxelles, a niché avec succès dans le marécage alors envahi de jeunes saules et de joncs le long de la chaussée de Saint-Job.

Si seule une partie du plateau était préservée, les zones périphériques étant bâties, sa superficie en serait réduite ce qui impliquerait la disparition des espèces qui ont besoin d'un grand territoire et de celles qui, plus farouches, s'adaptent mal à une pression accrue du public.

Intérêt de l'avifaune du Kauwberg

Certes, l'avifaune du Kauwberg n'est pas exceptionnelle, en ce sens qu'on y trouve pas d'espèces nicheuses rares ou spectaculaires. Elle a cependant un intérêt indéniable du fait que sa composition tranche avec celle, à caractère plus forestier et souvent plus anthropophile, des parcs et des jardins avoisinants.

De plus, nous avons vu que quelques espèces, bien que peu abondamment représentées, sont les reliques du paysage champêtre de jadis (fauvette grisette, fauvette babillarde, . . .) .

Soulignons aussi que certaines espèces, quoique communes ailleurs, y ont actuellement des effectifs fournis, non négligeables au niveau de la région bruxelloise. Notamment la fauvette des jardins et le pouillot fitis.

N'oublions pas non plus que, par comparaison aux parcs et jardins, il y a un plus fort taux de réussite des nichées, grâce à la présence de fourrés impénétrables. Ceci joue également un rôle pour la dynamique des populations.

Enfin, le Kauwberg se prête particulièrement à l'observation des oiseaux. Non seulement on y trouve une avifaune variée, mais on peut regarder et écouter dans le calme et le silence. Ceci n'est pas possible si on se promène dans les rues d'Uccle, en raison du bruit incessant et perturbant des véhicules. On peut également y observer en automne les oiseaux en migration qui survolent les lieux. En se plaçant près du parc de la Sauvagère, on voit arriver de loin les oiseaux venant du nord-est, car la vue est très étendue vers Saint-Job. De nouveau, grâce au silence ambiant, on peut en identifier beaucoup à leurs cris. C'est un des bons observatoires de Bruxelles. Autrefois, on pouvait aussi se poster sur le sommet du plateau, en face du cimetière, mais à présent les arbres y réduisent trop la vue.