La Renouée du Japon
UNE ESPECE SPECTACULAIRE, VENUE D’AILLEURS
La renouée du Japon (Fallopia
japonica nommée aussi reynoutria japonica ou ploygonum
cuspitadum) est une plante spectaculaire, tant par sa taille (jusqu’à
3m) que par la rapidité de son développement (un peuplement peut
progresser de plusieurs mètres par an) et sa croissance (plusieurs
centimètres par jour !).
Originaire de l’est de l’Asie
(Chine, Taiwan, Japon) où elle est une des premières plantes à
coloniser les sols volcaniques après éruption, elle s’est acclimatée
à toutes sortes d’habitats grâce à ses formidables facultés d’adaptation
et sa résistance à l’air et aux sols pollués. Introduite aux
alentours de 1850 en Grande-Bretagne dans le célèbre jardin botanique de
Kew, près de Londres, elle s’est rapidement
" échappée " et naturalisée dans toutes les îles
britanniques en partie par introduction volontaire. En effet, son allure
exotique et spectaculaire l’a rapidement rendue populaire chez certains
jardiniers.
Elle fut introduite aux Pays-Bas en
1825 comme plante ornementale dans les jardins d'où elle s'est
échappée. On la cultiva aussi parfois dans les champs comme nourriture
pour le bétail ou dans les gagnages pour le gibier(en réalité peu
appréciée par les animaux). On la testa aussi comme plante fixatrice des
dunes et comme plante mellifère. Introduite en France seulement en 1939
pour ses qualités ornementales et avec une volonté de valorisation
alimentaire, elle a d’abord envahi les bassins du Rhin et de la Meuse
avant de s’étendre dans le pays entier.
Elle est largement naturalisée en
Belgique sur des sols pauvres en calcaire, sur les berges des rivières,
dans les terrains vagues et en lisières forestières. En certains
endroits (dont à Bruxelles), elle peut supplanter complètement la
végétation indigène.
La plante possède de vigoureux
rhizomes, sortes de tiges souterraines qui lui permettent de s’étendre
rapidement jusqu’à plusieurs mètres de profondeur et atteindre une
longueur de 20 mètres !
Un morceau de rhizome de quelques
centimètres, abandonné sur le sol ou après transport et dépôt de
terres contaminées, suffit au développement rapide d’une nouvelle
colonie de plusieurs m2 après quelques années. La renouée du
Japon s’est très rapidement propagée dans toute l’Europe, le long
des axes routiers, des voies ferrées, des canaux et des rivières, dans
les terrains vagues, les terrains industriels, etc. De là, elle a
progressivement colonisé les forêts, talus, marais et autres biotopes
naturels.
COMMENT
RECONNAITRE LA RENOUEE DU JAPON ?
C’est une plante vivace mais dont
les parties aériennes meurent chaque année dès les premières gelées.
Les parties souterraines de la plante (rhizome et racines) passent l’hiver
au repos.
De nouveaux bourgeons se
développent dès le printemps.
Les tiges segmentées, qui peuvent
atteindre 3 mètres de hauteur dès le mois de juin et 2 cm d’épaisseur,
sont creuses et cassantes. Elles sont de couleur verte piquetées de
petites taches rougeâtres. Les feuilles vertes, disposées le long de la
tige de manière alternée, ont une forme ovale à triangulaire avec un
rétrécissement brusque à leur base. Leur forme évoque très vaguement
celle d’un cœur. Leur taille est d’environ 15 cm (jusqu’à 20 cm).
La renouée du japon se présente sous forme de fourrés denses et
impénétrables.
POURQUOI
CETTE PLANTE EST-ELLE NUISIBLE ?
Une fois installé, un peuplement
de renouées du Japon élimine rapidement toutes les autres espèces,
même les plus courantes, contribuant ainsi à appauvrir et banaliser la
flore naturelle ou introduite (celle des parcs et jardins). La situation
est d’autant plus préoccupante que les biotopes colonisés recèlent
des espèces rares ou caractéristiques de flore naturelle.
La plante n’est pratiquement d’aucune
utilité pour les oiseaux qui n’y accrochent que rarement leurs nids.
Seuls certains insectes butineurs y
trouvent quelque nourriture durant la floraison (août – septembre).
Sa croissance rapide pose de
nombreux problèmes aux gestionnaires d’espaces publics qui n’arrivent
pas à la maîtriser.
LA SITUATION
A BRUXELLES
La comparaison des relevés par
quadrillage mis en place par l’Institut Floristique Belgo-Luxembourgeois
montre l’augmentation alarmante de la présence de la renouée en
région de Bruxelles-Capitale. En 50 ans environ, sa fréquence a
augmenté de 65%
COMMENT
LUTTER CONTRE CETTE ESPECE ?
La renouée est un adversaire
coriace. Deux solutions efficaces existent à ce jour, l’une et l’autre
permettant d’arrêter l’invasion et même de faire disparaître l’espèce
à long terme (de plusieurs années jusqu’à 10 ans, variant selon le
milieu et la vitalité initiale des peuplements).
La première expérimentée par l’Institut
Bruxellois pour la Gestion de l'Environnement dans les réserves
naturelles, consiste à arracher manuellement les plantes deux fois par
an : une première fois vers la mi-juin, peu avant le pic de
végétation, et une deuxième fois, début octobre après la repousse.
Les plantes arrachées doivent être soigneusement laissées sur le lieu
de l’arrachage en tas compacts pour éviter tout risque de dispersion.
Cette méthode a permis de
stabiliser les peuplements existants et, pour la première fois en trois
ans, quelques peuplements à faible vitalité (notamment en sous-bois) ont
totalement disparu.
Cette gestion est intéressante
lorsque l’on doit faire face à des populations importantes. Il faut la
répéter chaque année jusqu’à disparition complète de la plante.
On peut également procéder à un
arrachage à fréquence plus élevée, par exemple, une fois par mois,
également en veillant à laisser les plantes extirpées sur place. L’épuisement
de la plante sera plus rapide.
Cette méthode est parfaitement
réalisable sur de petites surfaces, par exemple dans les jardins et les
parcs et sera d’autant plus efficace que le peuplement est au départ
peu développé. Elle doit être répétée d’année en année jusqu’à
disparition complète de la plante.