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Le Kauwberg, espace semi-naturel, héritage de l'activité humaine .La carrière de Saint-Job et les sablonnières uccloises. Le paysage du Kauwberg a été façonné par le temps et les activités humaines qui s'y sont déroulées. On peut ainsi découvrir le passé du Kauwberg au travers de ses pentes, à la lecture de son relief. Ce relief est profondément entaillé par l'exploitation du sable et le creusement de la carrière de Saint-Job. Le sol des contreforts de la vallée de la Senne, les collines de la
région bruxelloise et d'Uccle en particulier, est composé d'une couche de limon argileux
et d'argiles à briques sur les sommets. Entre les niveaux lédiens et bruxelliens une couche de galets roulés.
Le schéma ci-dessous facilite la lecture de ces différentes strates géologiques. Les sables extraits des sablières ou sablonnières avaient de nombreuses destinations: jaune pour lassise des voiries avant pavage ou placement des rails de tramway ou de trains, jaune ou blanc pour la construction, blanc pour lépandage quotidien sur les sols des dalles rouges dont étaient pavées les maisons modestes. Kauwberg ou carrière de Saint-Job ? Vue depuis les potagers vers Saint-Job Dans les années quatre-vingt, beaucoup d'ucclois n'avaient jamais entendu parler du Kauwberg, mais presque tous connaissaient, au moins de nom, la carrière de Saint-Job. Il faut dire que depuis l'après guerre les mouvements de jeunesse ont trouvé en cette sablonnière un fabuleux terrain de (grands) jeux. Quel plaisir de s'ébattre sur les pentes sableuses, de jouer au foulard (en guise de queue dans le dos à attraper) en veillant à tenir la position basse pour accrocher plus facilement le foulard adverse. Aujourdhui encore vont-ils au Kauwberg ou à la carrière de Saint-Job ?
La sablonnière de Saint-Job peu après la fin de son exploitation
Les scientifiques en herbe et les apprentis archéologues collectionneurs de fossiles fréquentaient la carrière pour y rechercher des dents de requins, disaient-ils. Il s'agissait en réalité de dents de squales qui se trouvaient parmi les galets.
De l'autre côté de l'avenue Dolez se trouvait une vaste et profonde sablonnière qui est resté exploitée jusque dans les années soixante. Un panneau annonçait la sablonnière Chevalier, du nom de son propriétaire. Le trou ne pouvait plus s'étendre, les fonds des jardins de l'avenue Bonaparte voisinaient le gouffre d'une trentaine de mètres de profondeurs. Vers 1975 On y extrayait bien encore un peu de sable début des années septante alors que le remblaiement était déjà largement avancé. Elle fut comblée avec des matériaux provenant de la démolitions de bâtiments du centre ville. A ce titre, et malgré lui, le Kauwberg a participé à la bruxellisation. A une époque où le terme déchetterie n'avait pas encore été inventé, les ucclois connaissaient bien cet endroit où ils pouvaient venir se débarrasser de leurs gravats et autres débris inertes. Ces deux carrières de sables du Kauwberg, la carrière de saint-Job et la carrière Chevalier ont été parmi les dernières à être exploitées à Uccle. Elles furent nombreuses à Uccle, dans le fond des vallées, à flanc de coteau ou plus éloignées. La majorité d'entre-elles ont été comblées par du remblais et les traces des anciennes exploitations ont disparu. Certains quartiers d'Uccle sont ainsi bâtis sur d'anciennes carrières et sablonnières réhabilitées. Aujourd'hui il reste trois témoins de cette importante activité extractive: la carrière de saint-Job, la petite carrière le long de la vieille rue du moulin en bordure du plateau Avijl que la commune dUccle a déjà en partie remblayé, et une autre petite carrière située rue Engeland, le long du Kriekenput, face au Kinsendael. Cette dernière servait de dépôt au marchand de matériaux Hibert de l'av. d'Hougoumont. La RTB y tourna même une scène dun téléfilm policier dans les années septante. Le fond aplani accueillit aussi de grands tas de feuilles mortes provenant des jardins, et est actuellement quasiment à l'abandon.
Les lieux en 2000 et en 1986 La flore des terrains secs et pauvres en profite pour coloniser le fond des lieux. Une étude botanique pourrait surprendre par la richesse en différentes espèces peu communes en ville qui s'y sont développées. Un peu plus loin que le Kauwberg, dans la même vallée du Geleytsbeek, le long de la ligne 26, une carrière peu profonde a laissé la place au Lycée français. Les enfants du quartiers venaient y jouer et on y déplora un accident en 1965, lorsqu'un tunnel creusé dans le sable s'effondra sur les enfants qui l'avaient creusé. Cette sablonnière avait surtout été utilisée lors des travaux de construction du chemin de fer qu'elle jouxtait.
Les dernières sablonnières uccloises à être exploitées furent certainement celles de Verrewinkel, adossées au bois du même nom, le long de la rue de Percke, à côté du terrain de football. Il y en avait deux, côte à côte, face au Verrewinkelbeek. On y extrayait encore du sable dans les années soixante. Elles ont été rapidement comblées dans les années septante, et loties depuis lors.
Fin du siècle passé et début de ce siècle de vastes sablonnières étaient exploitées en plein cur d'Uccle qui n'était encore qu'un gros village de campagne. Ainsi, derrière la maison communale d'Uccle de vastes carrières furent exploitées par la Société des Tramway bruxellois qui usaient de grande quantités de sable pour établir ses voies ferrées. Une ligne spéciale de tramway reliait la chaussée d'Alsemberg aux carrières et autres dépôts de matériaux et pavés de pierre de Quenast. Ces carrières, situées face au parc Allard, s'étendaient jusqu'à la rue Gatti de Gammond et la rue Asselbergs, et nont été comblées que fin des années cinquante pour laisser place aux immeubles de la société Etrimo autour de l'avenue de l'Aulne. Imagine-t-on de même l'importante superficie qu'occupa la sablonnière entre l'avenue Messidor et l'avenue Floréal (av. des fleurs jusqu'en 1916) qui ne cessa ses activités qu'à l'approche de la guerre 40-45 ?
Dans une propriété av. de Messidor, lunique vestige de la carrière Floréal Les sablonnières étaient nombreuses dans le quartier du Chat fin du siècle passé, avant qu'on urbanise ce quartier lors de la construction du Palais de Justice de Bruxelles. Le sable était aussi exploité dans des carrières ressemblant plus à des mines où des galeries étaient creusées autour d'un puits central. L'exploitant avait l'obligation de remblayer puits et galeries lorsqu'il cessait l'activité extractrice. Ce travail était généralement sommaire et les éboulements dus à l'effondrement des galeries abandonnées ont émaillés l'histoire locale. On relate ainsi l'accident survenu avenue Brugmann lorsque le tram tomba dans un profond fossé, entraînant la mort du cheval d'attelage. Outre le sable, les sablonnières produisaient aussi des moellons ou pierres de sables. Ces blocs de calcaire sableux ou de grès calcaires permettaient de façonner de petits moellons équarris (Église de la Sainte Famille à Wolluwé-St-Lambert) ou simplement aux formes rustiques pour constituer des bordures. Mais ceci est une autre histoire ... En guise de conclusion : Savez-vous que le sablon (grand ou petit) témoigne de lhistoire de lextraction du sable à Bruxelles ? Zand, sand, zavel sont des termes flamands en rapport avec le sable. Sources de documentation et dillustrations Pour approfondir le sujet : Lorigine du relief et du sable de nos sols Dans les textes que voici vous trouverez les réponses à des questions « naïves » telles que : Etant donné que le sol du Kauwberg et ucclois en général est sablonneux, comment se fait-il quil y ai daussi profondes vallées et non un sol plat comme en campine ? Pourquoi aussi peu de petits ruisseaux à Uccle et autour du Kauwberg ? Le Kauwberg élément du plateau brabançon Le plateau brabançon s'inscrit dans la vaste zone des bas plateaux de Moyenne Belgique
qui couvre, douest en est, le Hainaut et le Brabant (dont les limites ne sont pas à
confondre avec celles des provinces) ainsi que la Hesbaye- Le Brabant se distingue des
deux régions voisines par la nature sableuse de son sous-sol qui a donné naissance à
des paysages plus contrastés. Le sable Le sable est une roche sédimentaire constituée de fragments minéraux de petite
taille (entre 0,02 et 2 millimètres) appelés simplement grains. Ils ne sont pas
cimentés entre eux la roche est dite meuble. Les sablières du plateau brabançon Les anciennes sablières, généralement ouvertes à flanc de coteau, étaient
exploitées manuellement. La technique d'abattage du sable consistait à attaquer le pied
des parois à l'aide de longues pelles de manière à provoquer leur éboulement. Elle
était parfois rendue moins dangereuse en travaillant par palier ce qui permettait en
outre de sélectionner les diverses qualités de sable. Les sables bruxelliens Connus en Belgique sous le nom de Bruxellien (c'est sur cette roche meuble que
Bruxelles est partiellement bâtie), les sables du plateau brabançon se sont déposés à
l'époque éocène, il y a 50 millions d'années, dans la zone littorale d'une mer
tropicale, peut-être un delta. Ce texte est composé dextraits de « itinéraires du sable », avec laimable autorisation de la Société Royale Belge de Géographie, Campus de la Plaine U.L.B., C.P. 246, Bd du triomphe à 1050 Bruxelles |